Pédophilie : comment Soral a soutenu Matzneff

Dans un article de sept pages daté du 16 janvier 2020, puis dans une émission d’une heure diffusée le 18 janvier 2020, opportunément dénommée “Pourquoi tant de haine ?” (comprendre ici : contre le pauvre Matzneff), Alain Bonnet dit Soral, feignant hypocritement de rester objectif, a volé au secours de l’ordure pédophile Gabriel Matzneff, que l’une de ses innocentes victimes, Vanessa Springora, venait de dénoncer dans un livre. Soral a utilisé pour cela tous les procédés de la mauvaise foi : diversion, minimisation, justification, victimisation.

Voir :

https://www.egaliteetreconciliation.fr/Pourquoi-tant-de-haine-16-Affaire-Matzneff-Alain-Soral-remet-les-pendules-a-l-heure-57817.html

Dans une vidéo de 2011, Soral avait déclaré :

Je défends Gabriel Matzneff. Je dis : je connais Gabriel Matzneff. Ce n’est pas une ordure. Voilà. Je le connais.

Voir :

Comme on le lui avait reproché à juste titre, il a prétendu le contraire en janvier 2020 : “Je ne connais pas Matzneff.” “Je ne soutiens pas Matzneff.” Mauvaise foi patente. Non seulement il est évident qu’il le connaît, puisqu’il l’avait avoué en 2011, mais il s’emploie en réalité à le soutenir par tous les moyens d’une rhétorique captieuse.

1. Diversion

Soral tente de “noyer le poisson”, comme on dit familièrement. Alors qu’il est censé parler du cas de Matzneff, et de lui seulement, il évoque beaucoup d’autres affaires, cite beaucoup d’autres noms, ce qui est hors sujet, mais lui permet au passage de relativiser les méfaits de Matzneff. Citons Soral :

Affaires Polanski, Woody Allen, Epstein… qui réveillent les vieilles affaires Cohn-Bendit, Polac… Les rumeurs sur Jack Lang, les aveux de Frédéric Mitterrand, de feu Me Thierry Lévy et autres sorties de Luc Ferry sur… Douste-Blazy ? (Pas beaucoup d’orthodoxes russes dans tout ça !) Sans oublier notre président dégénéré, dévoyé par sa vieille prof de femme !

Soral prétend que, si l’on attaque le pauvre Matzneff, c’est parce que, lui, il n’est pas juif… On ne voit pas en quoi cela pourrait changer quoi que ce soit à la culpabilité de Matzneff, d’autant que ce n’est même pas vrai : juste avant l’affaire Matzneff, qui faisait suite au livre de Vanessa Springora, “Le consentement”, publié en janvier 2020 et dont les “bonnes feuilles” l’avaient été en décembre 2019, on avait parlé abondamment de Roman Polanski, de Woody Allen ou encore de Jeffrey Epstein, tous trois israélites.

Soral se vante aussi d’avoir dénoncé les réseaux pédophiles, ce qu’il n’est pas le seul à avoir fait, d’autant qu’il n’a apporté pour sa part aucune preuve ni aucun élément nouveau, et qu’il s’est contenté de relayer les délires de ceux qui prétendent que le monde est dirigé en secret par un secte satano-pédophile… Ne pas confondre ragot et dénonciation. Encore une fois, il s’agit d’une diversion, qui ne diminue en rien l’ignominie du soutien apporté par Soral au pédophile Matzneff.

2. Minimisation

On sait que l’essentiel de l’activité pédophile de l’infâme Matzneff visait des petits garçons âgés de huit à douze ans, petits garçons français qu’il a sodomisés en France. Mais Soral n’évoque que le “tourisme sexuel” de Matzneff, qui s’est vanté d’être allé aux Philippines pour assouvir son vice. “Tourisme sexuel”, expression euphémistique pour désigner ces abominations pédophiles, et Soral ne le mentionne que négligemment, en deux lignes, en expliquant que Matzneff n’est qu’un parmi beaucoup d’autres :

Là, il a indubitablement un pied dans la pédocriminalité, mais un pied, là où beaucoup d’autres en ont deux, et qui l’attaquent aujourd’hui pour se défausser, sans jamais, eux, être inquiétés.

Ici, la mauvaise foi est palpable et l’inversion accusatoire, minable. D’abord, évidemment, si quelqu’un a « deux pieds dans la pédocriminalité« , c’est bien l’abominable Matzneff. De plus, en réalité, les pédophiles et les suspects de pédophilie ont accouru en rangs serrés pour soutenir Matzneff, et on ne peut pas citer un seul de ceux qui l’ont dénoncé à juste titre que l’on pourrait accuser de pédophilie.

Ayant ainsi évacué l’essentiel, qu’il ne pouvait ignorer en janvier 2020, à savoir les dizaines de petits garçons français souillés par Matzneff, Soral ne parle plus que de Vanessa Springora, laquelle avait quatorze ans quand Matzneff l’a séduite. Et, pour minimiser ce qui est moralement un crime, Soral feint de croire que ce n’était même pas interdit à l’époque. Bien sûr que si ! Le délit d’atteinte sexuelle sur mineur de quinze ans (entendez : de quinze ans ou moins) a toujours existé. Il était puni de cinq ans de prison, il l’est aujourd’hui de sept ans de prison (article 227-25 du code pénal). Les faits sont prescrits dans le cas de Vanessa, mais Matzneff n’a jamais cessé de continuer à commettre ses crimes et de s’en vanter, y compris dans le livre de 2013 qui a eu le prix Renaudot, “Séraphin, c’est la fin”.

Ensuite, Soral joue sur les mots, comme le font souvent les avocats de la pédophilie. A partir de douze ans, ce ne serait plus selon lui de la pédophilie, mais de “l’éphébophilie” (terme au demeurant incongru pour une petite jeune fille de quatorze ans, puisqu’un éphèbe est un jeune garçon)… On peut évidemment soutenir, ce qui n’est pas prouvé, que le traumatisme subi par l’enfant est plus grave quand il a huit ans que douze ou quinze ans, ou quand il n’est pas formé que quand il est pubère, mais on n’a pas le droit de minimiser la faute en la relativisant. C’est comme si on disait : “C’est moins grave, donc ce n’est pas grave”. Sophisme. Un crime est un crime, un délit est un délit.

Au fond, Matzneff n’aurait rien fait de très mal, d’après Soral. Tourisme sexuel ? Ce n’est pas un sujet. Quant à Vanessa, puisqu’elle avait quatorze ans, qu’elle était consentante, ce n’est pas une affaire. Donc, si l’on accable le pauvre Matzneff, ce serait à cause du féminisme et du “puritanisme anglo-saxon” dont il serait victime. Citons Soral à nouveau :

Soit, pour conclure : la double logique puritaine anglo-saxonne de la morale et du profit, portée par les idiotes utiles du féminisme, pour finir de liquider ce qui ressort aussi, sur le terrain gratuit du désir, de l’exception française…

La pédophilie, exception française, dit Soral ! Il faut le faire. Comme si les Français avaient jamais accepté la pédophilie ! Le scandale, c’est au contraire l’impunité dont Matzneff et ses pareils ont bénéficié après 1968 et jusqu’en fin 2019.

3. Justification

A qui la faute, demande Soral ? Evidemment, à Vanessa. A quatorze ans, elle voulait découvrir l’amour. Et elle a eu la chance de tomber sur Matzneff. De quoi se plaint-elle ?

Il vaut peut-être mieux à quatorze ans, quand on veut découvrir l’amour, être initiée par un écrivain raffiné” (sic).

Justification aussi, parce que c’était une belle histoire d’amour, nous dit Soral. Il a lu les superbes lettres d’amour que Matzneff avait adressées à une pauvre fille de quinze ans, une autre peut-être, que Soral a souillée à son tour (elle avait vingt ans quand il l’a connue, prétend-il, et il ne souvient même plus de son nom… on n’est pas forcé de le croire). Magnifique ! La pédophilie est un art.

D’ailleurs, on ne peut pas en vouloir à Matzneff. Plus un homme avance en âge, plus il est attiré par les femmes jeunes. Nous sommes obligés de citer les propos obscènes de Soral :

Pour qu’il y ait amour consommé, c’est-à-dire physique, puisque ça finit toujours par ça, l’homme doit bander. Pour ça, sauf déviance pathologique (gérontophilie, nécrophilie), la femme doit être excitante, donc plutôt jeune : visage sans rides, seins hauts, fesses fermes. Et, autre vérité concomitante : comme plus l’homme vieillit, plus il a du mal à bander, plus il vieillit, plus sa compagne doit être excitante, donc jeune.”

Et encore :

Et Greta Thunberg ? Si elle peut, à 16 ans, en remontrer sur la façon de gérer la planète aux leaders politiques adultes, elle peut aussi sucer des bites ?” (sic : ce type est à vomir).

D’ailleurs, de quoi se plaignent les femmes en général, et Vanessa Springora en particulier ?

Forcément traumatisant, l’homme, puisque se faire pénétrer, que ce soit par la bouche, le sexe ou le cul (en général avec les filles on procède dans cet ordre) recèle intrinsèquement une dimension de violence. Mais être pénétrées est le destin des femmes et leur plaisir passe aussi par là !

Mais le mieux est à venir :

De ce que je me suis laissé dire, ce petit monsieur délicat et précieux en a une petite (comme souvent ceux qui sodomisent facilement). Il n’est bien que dans du 14 ans, plus vieille, il ne touche plus les bords.

Plus sordide que Soral, on meurt !

4. Victimisation

Ne parlant ou presque, à propos de Matzneff, que de Vanessa Springora, Soral inverse la culpabilité. Vanessa aurait dû être reconnaissante, d’ailleurs elle était amoureuse. Toutes ces histoires d’emprise d’un homme de cinquante ans sur une fille de quatorze ans ne sont que des bobards psychanalytiques.

Qu’on se le dise ! Gabriel Matzneff est une victime. Il est vieux (quatre-vingt-trois ans en 2020), pauvre, passé de mode. Il est victime d’un “tribunal populaire” et d’un “lynchage”. On le pousse au suicide. Il est “envoyé au sacrifice”.

A aucun moment, Alain Soral n’a le moindre mot de compassion pour les nombreuses victimes du pédophile Matzneff. C’est ce dernier, et lui seul, qu’il présente comme une victime. L’inversion des valeurs est totale.

Pour être hypocrite et déguisé, le soutien qu’Alain Soral apporte au pédophile Gabriel Matzneff et à la pédophilie en général est incontestable. Cela doit suffire à le disqualifier auprès des honnêtes gens, au même titre que Matzneff lui-même.

De surcroît, on peut soupçonner les soutiens des pédophiles d’être eux-mêmes pédophiles et de faire un plaidoyer pro domo. Dans une conférence de février 2020 à Paris intitulée modestement “Sociologie profonde”, Alain Soral a déclaré publiquement : “Je m’identifie à Matzneff.” Merci de cet aveu, M. Soral. Vous êtes aussi abjects l’un que l’autre.

Henry de Lesquen

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