Réponse aux calomnies de Pierre Joly

J’ai mis fin à la discussion que nous avions eue avec Pierre Joly du 12 au 15 décembre 2025 sur notre canal de Telegram au sujet de la prétendue omniscience de Jésus parce que mon interlocuteur ne faisait plus que radoter, mais je dois réagir à un article calomnieux de celui-ci, intitulé « Pour en finir avec le lesquenisme » et publié le 24 septembre 2025 sur un site sédévacantiste. Il serait oiseux de répondre en détail à ses élucubrations, mais je tiens à rétablir la vérité pour réfuter ses calomnies.

1. Non, je n’ai jamais excommunié les sédévacantistes ! Tout au contraire, je rends hommage à l’ardeur de leur foi et je les félicite de dénoncer les hérésies de certains papes récents, sans en conclure pour ma part qu’un pape hérétique ne puisse pas être vraiment pape. Cela dit, il est de fait qu’ils sont objectivement schismatiques puisqu’ils ne reconnaissent pas le pape. Ils ont à cet égard les plus grandes circonstances atténuantes, tant l’hérésie qui se déploie sur le trône de saint Pierre est scandaleuse. Donc, en dépit de ce schisme apparent, on peut considérer qu’ils demeurent spirituellement fidèles à l’Église.

Si je suis persuadé que les sédévacantistes sont en général tout à fait orthodoxes en matière de foi et de morale, et qu’ils sont même à cet égard un modèle pour tous les catholiques, force est d’admettre qu’il y a des exceptions : comme je l’ai démontré, Pierre Joly lui-même est un monophysite qui s’ignore, donc un hérétique. Il était le dernier à pouvoir me faire la leçon.

2. Non, je ne suis pas marcionite ! Il est impossible de rejeter l’Ancien Testament puisqu’il y a des centaines de références à celui-ci dans le Nouveau Testament. Pour autant, je rappelle les paroles de l’apôtre saint Paul dans la seconde épître aux Corinthiens, au chapitre III, qui qualifie l’Ancienne Alliance ou l’Ancien Testament, les deux mots étant ici équivalents, de « ministère de la lettre », de « ministère de la mort » et de « ministère de la condamnation ». La Nouvelle Alliance a remplacé l’Ancienne. Il est de fait que l’Ancien Testament est truffé d’horreurs. Il est donc fortement conseillé de ne pas en faire une lecture littérale.

3. Non, je ne crois pas que toutes les religions se valent ! Je proclame au contraire que seule la sainte Église catholique, apostolique et romaine détient toute la vérité en matière de foi et de morale, et je réprouve le relativisme qui a suivi le concile Vatican II (1965), sous le nom d’œcuménisme et de dialogue des religions, erreurs qui relèvent de cet « indifférentisme » dénoncé par Grégoire XVI. Pour autant, il peut y avoir dans les trois autres grandes religions de l’humanité, à savoir l’hindouisme, le bouddhisme et l’islamisme, une part de vérité. Elles sont susceptibles d’aider leurs adeptes à obtenir le salut s’ils n’ont pas eu connaissance du Christ et qu’ils ne l’ont pas rejeté.

4. Non, je ne suis pas partisan de l’esclavage ! Étant ardemment attaché à la liberté individuelle, je suis évidemment opposé à l’esclavage. Cependant, j’ai une qualité qui manque cruellement à mon contradicteur : l’objectivité. Je suis donc bien obligé de constater que l’abolition de l’esclavage a représenté un coût économique et qu’elle n’a été envisageable qu’à un degré avancé de développement. Il est de fait que le Christ n’a pas eu un mot pour dénoncer l’esclavage ni pour demander son abolition. Quant à lui, l’apôtre saint Paul a prescrit aux esclaves d’obéir à leurs maîtres. « Esclaves, obéissez à vos maîtres selon la chair avec crainte et tremblement, dans la simplicité de votre cœur, comme au Christ… » (Ephésiens, VI 5). « Esclaves, obéissez en toutes choses à vos maîtres selon la chair… » (Colossiens, III 22). Voir aussi I Timothée, VI 1-2 et Tite, II 9-10.

L’Église ne s’est pas opposée à la traite des nègres et n’a pas condamné l’esclavage avant le XIXe siècle. Lorsque Léon XIII a invoqué de lointains prédécesseurs pour prononcer une condamnation intemporelle de cette institution, le moins que l’on puisse dire, pour rester poli, est qu’il a pris des arrangements avec la vérité historique, car ceux-ci ont tout au plus demandé que l’on traitât les esclaves avec humanité, et c’est comme si ce pape avait fait la leçon à saint Paul et au Christ lui-même…

Pierre Joly ne raisonne pas, il cite, il multiplie les citations à tort et à travers sans toujours bien les comprendre. Ainsi, pour soutenir que saint Paul était contre l’esclavage, il croit intelligent de reproduire ce verset : « Maîtres, rendez à vos serviteurs ce qui est juste et équitable, sachant que vous aussi vous avez un maître dans le ciel. » (Colossiens, IV 1). Joly ignore apparemment qu’un « maître » n’est pas un employeur et surtout que la traduction du grec ou de l’hébreu qui donne « serviteur » est, ici comme ailleurs, un euphémisme pour « esclave », « doulos » en grec. La bonne traduction est donc : « Maîtres, rendez à vos esclaves [doulois] ce qui est juste et équitable, sachant que vous aussi vous avez un Maître dans le ciel. » Pierre Joly nous fait découvrir le degré zéro de l’exégèse, ne sachant même pas qu’il vaut mieux se reporter au texte original quand on veut faire la leçon…

Pierre Joly est comme un joueur de balle au pied qui marque contre son camp. Pour soutenir que l’Église aurait toujours condamné l’esclavage, thèse absurde comme nous venons de le voir, il reproduit un long passage de saint Augustin qui a justement pour objet de justifier cette institution…

5. Non, je ne soutiens pas un droit inconditionnel au blasphème ! Dans une société idéale, qui serait purement catholique, l’hérésie n’aurait pas sa place puisqu’elle conduit les âmes à la perdition et le blasphème devrait être puni. Il va de soi que le blasphème qui offense la religion catholique est un péché grave. Mais on ne doit pas confondre la morale et le droit. En politique, il y a lieu d’appliquer le principe du moindre mal. Par conséquent, dans la société actuelle, qui n’a plus d’unité religieuse, il faut admettre la liberté d’opinion et le droit pour un individu de critiquer notre religion, aussi détestable que cela soit. En fait, le blasphème ne peut pas être une catégorie juridique dans une société laïque. Il peut seulement être poursuivi en justice au titre de l’outrage aux bonnes mœurs.

6. Non, je ne soutiens pas l’hérésie calviniste ! Le Français Jean Calvin était un abominable hérésiarque. Je n’ai évidemment jamais dit le contraire. Il n’empêche que c’était aussi un grand homme. Remarquable écrivain, il a été l’un des fondateurs de notre langue classique. Puissant penseur, il a exercé une immense influence dans le monde. Cela n’excuse en rien son hérésie, mais ce sont des faits qu’il faut avoir l’honnêteté de reconnaître.

La comparaison que fait Pierre Joly in fine entre moi, qu’il accable, et Soral, qu’il épargne, est aussi absurde que ridicule, sachant que ce dernier est à la fois marxiste et islamo-servile. Il faut être le dernier des imbéciles pour diriger ses flèches contre quelqu’un que l’on devrait tenir pour un ami, en dépit des différences, plutôt que contre un ennemi avéré de la civilisation chrétienne.

Henry de Lesquen

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