Introduction
Le régime instauré en 1815 après Waterloo ne méritait pas le nom de Restauration puisqu’il n’était pas question de revenir à l’Ancien Régime, comme si l’épisode révolutionnaire, de 1789 à 1815, n’avait été qu’une parenthèse que l’on pouvait effacer. Le roi Louis XVIII l’avait compris, mais il a commis l’erreur cruciale de croire qu’il fallait composer avec les idées et le personnel de la révolution. La révolution est intrinsèquement perverse puisqu’elle veut faire table rase du passé. On ne pactise pas avec le Diable.
Louis XVIII a, de surcroît, en adoptant le suffrage censitaire, fait dépendre le sort de la monarchie du bon vouloir d’une bourgeoisie voltairienne au lieu de s’appuyer sur le peuple. Son régime, qui n’a duré que quinze ans (1815-1830), était donc condamné d’avance. Voici, en dix points, ce que Louis XVIII aurait pu faire pour réussir la contre-révolution.
1. La chambre des députés aurait été élue au suffrage universel authentique, le chef de famille ayant autant de voix que de membres de la famille, épouse et enfants mineurs.
Le roi aurait pu consulter le peuple par voie de référendum.
2. Napoléon, que les Anglais étaient prêts à livrer à la justice française, et les autres criminels de la révolution, comme Fouché ou Turreau, auraient été jugés, condamnés à mort et exécutés.
La Révolution avait décapité Louis XVI. La Contre-Révolution devait décapiter Napoléon.
Les individus les plus compromis dans la collaboration avec les institutions révolutionnaires entre 1792 et 1815 auraient été déclarés inéligibles et privés des droits civiques, sauf si le roi avait levé ces sanctions.
3. La Franc-Maçonnerie aurait été interdite, à l’instar des autres sociétés secrètes telles que la Charbonnerie.
4. Le catholicisme aurait été bien entendu la religion officielle, mais le protestantisme aurait été intégré à la nation : le calvinisme et le luthéranisme auraient été reconnus par l’Etat et représentés à la chambre des pairs.
Les autres cultes, au demeurant très minoritaires, auraient été cantonnés dans la sphère privée. En conséquence, le consistoire israélite créé par Napoléon aurait été dissous.
La liberté religieuse aurait été totale. Pour autant, elle n’aurait pas autorisé les rites primitifs et barbares du judaïsme. En conséquence, la circoncision des garçons, qui est une mutilation, et l’égorgement rituel des bêtes, qui est un acte de cruauté, auraient été interdits.
5. Nul n’aurait pu immigrer en France s’il n’était de race blanche et de religion chrétienne.
6. Le code civil aurait été réformé, d’une part pour instituer la liberté de tester au lieu du partage égalitaire des héritages et pour légaliser la substitution héréditaire, d’autre part pour que les femmes cessassent d’être “d’éternelles mineures” et recouvrassent les droits qu’elles avaient sous l’Ancien Régime, notamment celui de disposer de leurs biens propres.
7. Réforme administrative : les départements auraient été supprimés et la France divisée en vingt-six provinces (voir carte ci-joint). La Corse aurait été une colonie jouissant d’une large autonomie.
8. Les Français revenus d’émigration n’auraient pas été indemnisés par l’Etat, mais ils auraient pu revendiquer en justice les biens dont ils avaient été spoliés sous la Révolution. La gauche n’aurait pas pu dénoncer “le milliard des émigrés”.
9. La liberté d’expression aurait été garantie. Elle n’aurait eu d’autres limites que l’injure, la diffamation, la provocation à un crime ou un délit, l’outrage aux bonnes mœurs, le blasphème contre la religion chrétienne, l’outrage au roi ou à la nation, la subversion des institutions. Il n’y aurait pas eu de délit d’opinion.
10. En cas d’émeutes parisiennes, si la situation était devenue critique, le roi aurait commandé à l’armée d’écraser la populace, comme le feront Eugène Cavaignac en juin 1848 et Adolphe Thiers en mai 1871. Le roi aurait ensuite fait appel au peuple par voie de référendum pour que celui-ci renouvelât sa confiance dans la constitution du royaume.
Conclusion
Ainsi, la réaction nationale aurait triomphé de la révolution en épargnant à la France et aux Français bien des épreuves et des changements de régime. Elle lui aurait maintenu une sage constitution qui aurait pu durer jusqu’aujourd’hui. Nous serions quand même en république, le régime étant au service du bien commun, de l’intérêt général, res publica en latin, et cette république aurait un roi. Le régime serait mixte, comme le voulait Aristote, monarchique, donc, mais aussi démocratique de par l’élection des députés et le vote au référendum, et aristocratique de par la composition de la chambre des pairs et la sélection des élites par la voie du concours.
Je souscris entièrement votre analyse, même si je préfère le Roi de France, au Roi des Français. mais nous n’allons pas commettre l’erreur du choix du Drapeau.Je viens de découvrir que ma résidence principale, au 45 boulevard de la Reine à Versailles, a caché pendant la période des 100 jours, la Princesse Louise Adélaïde de Bourbon Condé tante du duc d’Enghien. Avez vous des informations sur ce sujet. Je me permets de vous signaler la sortie d’une biographie, aux Editions VA à Versailles: IL PORTAIT L’ANCRE D’OR.
Où avez-vous vu que j’ai parlé de « roi des Français » ? Cette expression démagogique inventée par Louis-Philippe ne me convient pas.
Bonsoir Henry,Merci de m’avoir envoyé vos 2 articles.Ravie d’avoir pu les lire .Toujours aussi argumentés ,bien construits, rigoureux,intéressants,et présentés mathématiquement comme un devoir de Polytechnique 1,2,3,4,5…..On ne se refait pas!Bravo et bien d’accord avec vous!Je vous embrasse. Joëlle. Envoyé depuis mon smartphone Samsung Galaxy.
Je suis vous émissions avec grand intérêt, même si je suis souvent en désaccord avec vous, car vous me faites penser aux amis de mes parents…même si vous l’âge de mon frère aîné! Votre texte est intéressant, je ferai deux réserves. D’abord vous ne voyez pas que les protestants représentent la première anti-France. Puis la chambre des députés aurait été pervertie par son origine démocratique. Le mieux aurait été de tourner le dos au régime parlementaire. La coutume, source de droit sous l’ancien régime, aurait dû servir de modèle d’élaboration des normes.