Que cache le changement de nom de l’UMP ?


Le 30 mai dernier, la désormais ex-UMP, s’est officiellement renommée « Les Républicains ». S’il est évident que ce parti change son nom dans le but de se racheter une virginité et de faire oublier les affaires et le bilan désastreux associé au nom UMP, certains ont voulu voir dans ce choix pour les « les Républicains » un signe de l’américanisation du parti, ceci est une erreur. Ce choix s’explique bien par l’environnement politique franco-français. En effet, à la vue du contexte actuel, les cadres UMP prennent le pari que le PS va s’effondrer durablement après 2017 et sera condamné à n’être plus que la troisième force politique française. Dans cette configuration, le principal rival de l’UMP/Républicains sera le FN qui a de plus récupéré certains déçus du Sarkozysme. Dans l’hypothèse forte probable d’un duel face à Marine Le Pen en 2017, l’UMP souhaite donc jouer la carte de la diabolisation implicite du FN et incarner à lui seul le fameux « Front Républicain » si cher aux partis du Système. Cette posture sera également adoptée dans la période post-2017, qui verra le FN devenir la principale force d’opposition, du moins en terme de voix, face au futur pouvoir UMP/Républicain. Les opposants principaux à ce parti deviendront de fait « anti-républicains », ce qui s’apparente à un blasphème innommable dans le monde politique français.

 

Le terme « républicain » a rarement été aussi présent qu’en ce moment dans les discours du monde politico-médiatique –au point qu’aucun membre du gouvernement n’est plus capable de faire une phrase sans y placer le mot République– alors qu’au contraire la mystique républicaine n’a jamais autant désintéressé les Français (un récent sondage d’Atlantico révélait d’ailleurs que 65% d’entre eux étaient indifférents aux termes « République » et « valeurs républicaines »*) et soyons certains que les prochaines affaires judiciaires qui toucheront « les Républicains » participeront à désacraliser encore plus tous ces termes. Ceci est un signe du décalage entre les responsables UMP, ne vivant qu’au contact de la petite caste politico-médiatique parisienne et le peuple français.

 

L’UMP devenue « Les Républicains » ne se positionne plus comme un parti de droite mais comme le parti de défense du régime en place. Il a réchauffé dès son premier tract une mystique républicaine digne du XIXème siècle et totalement périmée, soyons sûrs que les Français la recracheront dès lors que l’on tentera de la leur faire avaler.
Ce nouveau parti, ne cherche plus à défendre des idées (si tant est que l’UMP l’ait fait un jour) mais vise à devenir un sordide fourre-tout rassemblant le plus de monde possible afin de s’accaparer le pouvoir en 2017 et de le conserver face à un Front National de plus en plus solide. A cours d’idées neuves, sa seule chance est donc de se positionner comme la seule alternative face à un FN qui « inquiète » encore une majorité de français.

 

Ce parti a déjà commencé à envoyer tous les signaux nécessaires pour s’assurer le report de voix le plus large possible en provenance de l’électorat de gauche ; les cadres UMP sont pour la plupart devenus des défenseurs du mariage homosexuel (y compris certains de ceux ayant manifesté contre) et de toutes les dérives sociétales actuelles, d’autre part les grandes figures de ce parti donnent des gages de cosmopolitisme -Juppé et Sarkozy en tête- quand ils ne se soumettent pas franchement à l’islamisation galopante (pensons au maire de Tourcoing interdisant un spectacle dont le nom pourrait offenser les musulmans ou au député Grosdidier qui souhaite financer les mosquées avec de l’argent public). Ce parti s’assurera donc un report de voix important venant des principales composantes du vote de gauche à savoir la bourgeoisie cosmopolite des grands centres urbains et l’électorat islamo-immigré. Et il sera d’autant plus simple aux cadres PS de cacher leur collusion avec l’ex-UMP, qu’ils présenteront comme l’alliance des républicains face à la « menace » Front National. Ce parti rassemblera grâce à son positionnement l’essentiel du spectre politique allant de la droite molle au centre gauche, une sorte de super-centre, actuellement majoritaire en France . Ceci lui permettant de rivaliser voire dépasser le Front National au plan national dès le premier tour. Les gages « progressistes » et cosmopolites donnés par l’ex-UMP, lui assureront un large report de voix de gauche, ce qui lui sera nécessaire dans les seconds tours qui l’opposeront au plan national et surtout localement au FN.

 

Certains cadres de l’ex-UMP tenteront à coups sûr quelques opérations de séduction à destination de l’électorat ancré très à droite. Mais le positionnement général sera clairement centriste, progressiste, favorable à l’UE de Bruxelles et cosmopolite. Dans cette optique, une frange de l’électorat traditionnel de ce parti –et certains élus- seront tentés de s’en éloigner. Hélas, la ligne actuelle du Front National (imprimée par Florian Philippot) est excessivement centrée sur la question européenne, peu convaincante sur les sujets économiques et discrète sur les questions sociétales et identitaires, empêchant en l’état des ralliements massifs parmi les futurs déçus des « Républicains ». Avec le recentrage annoncé de l’ex-UMP, il devient clair que le FN devra chasser à droite, sur les thèmes identitaires, sécuritaires tout en étant convaincant économiquement, la ligne Philippot est donc plus que jamais obsolète.

 

Nous voyons à terme se dessiner le clivage politique de demain, non plus tant entre droite et gauche mais entre ceux souhaitant renverser le système actuel et ceux qui souhaitent le conserver (avec au second plan un autre clivage entre défenseurs de la nation et partisans du cosmopolitisme). L’opposition au régime en place rassemble les classes moyennes et populaires blanches, qui sont les grandes perdantes du système politique actuel et se manifestent en votant de plus en plus Front National. Les premières sont pressées fiscalement pour entretenir la clientèle électorale de la gauche et ce système à bout de souffle, les classes populaires quant à elles sont placées en première ligne face à l’insécurité et l’immigration massive.

 

 

* http://www.atlantico.fr/decryptage/sondage-65-francais-ne-sont-plus-sensibles-aux-termes-republique-et-valeurs-republicaines-jerome-fourquet-vincent-tournier-2134825.html

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