DE LA LUTTE DES CLASSES À LA LUTTE DES RACES
(Extrait du « prix Lyssenko 2014 » du Carrefour de l’Horloge décerné à Pierre-André Taguieff pour son analyse approfondie du racisme sous toutes ses formes)
La lutte des races n’est pas plus contestable que la lutte des classes. Cette dernière théorie n’est nullement propre à Marx, qui l’a empruntée aux historiens de son époque. Le grand économiste libéral Vifredo Pareto considérait que la lutte des classes était un fait indubitable. Il aurait pu en dire de même de la lutte des races.
On ne peut pas dire que les Anglais n’aient pas été prévenus. Dans son fameux discours de Birmingham du 20 avril 1968, Enoch Powell, ce grand homme d’Etat, avait annoncé ce qui allait survenir si l’immigration massive des noirs venus d’Afrique ou des Antilles devait continuer. Pour lui, la seule solution, c’était la « réémigration » des noirs. Il fallait inverser les flux migratoires et faire repartir les immigrés. Quarante-trois ans après le discours de Birmingham, les émeutes qui ont ravagé l’Angleterre en 2011 ont commencé à réaliser sur la Tamise les « fleuves de sang » qu’il avait évoqués en citant l’Énéide. Il est pourtant toujours politiquement incorrect de se référer aux analyses d’Enoch Powell. Les media, en France comme en Angleterre, ont persisté à nier l’évidence, c’est-à-dire la dimension raciale des émeutes (à de rares exceptions près, comme Radio Courtoisie). Or, la quasi-totalité des émeutiers et des pillards étaient de race noire. C’était incontestablement la conscience de race qui unissait leurs bandes et c’était la haine de race qui les poussait à s’en prendre à des blancs.
Les media ont préféré expliquer que c’était une révolte de pauvres qui s’attaquaient aux riches. Un épisode de la lutte des classes, en quelque sorte, bien que l’expression ne soit plus trop à la mode depuis que le marxisme est discrédité. Nous ne sommes pas de ceux qui nient toute espèce de réalité à la lutte des classes. L’erreur de Marx, c’est d’avoir exagéré l’importance du phénomène et surtout d’avoir voulu l’attiser. Quand on aime sa patrie et ses compatriotes, on veut apaiser et dépasser les manifestations de la lutte des classes au nom de l’unité nationale. Mais, en l’espèce, les émeutes anglaises sont le symptôme d’un mal encore plus grand et qui, lui, malheureusement, ne connaît pas de remède : la lutte des races. Cette dernière est inévitable dans une société multiraciale. C’est bien pour cela, parce qu’il faut conjurer la lutte des races et le déferlement d’animosité et de haine qu’elle implique, qu’il faut refuser la société divisée en communautés raciales et entreprendre de rétablir l’homogénéité du peuple compromise par l’immigration.
Les émeutiers d’Angleterre étaient pour la plupart originaires des Antilles, en général de la Jamaïque : ils étaient donc chrétiens et non musulmans. Ce qui prouve que la mélanisation de l’Europe est un danger au moins aussi important que son islamisation ; par « mélanisation », il faut entendre la croissance de la population de race noire dans une société qui était blanche à l’origine, ce qui crée les conditions de la lutte des races. C’est alors que la lutte des classes passe au second plan ou disparaît tout à fait. Paul Krugman explique par le racisme des blancs, pour le déplorer, le fait que le mouvement socialiste n’ait jamais pu se développer aux Etats-Unis : les travailleurs de race blanche étaient hostiles à la redistribution des revenus parce qu’elle aurait profité d’abord et avant tout aux noirs [15].
Qu’il s’agisse de races ou de classes, la théorie ne devient réfutable que si l’on fait de leurs luttes le moteur de l’histoire, le phénomène qui détermine essentiellement l’évolution des sociétés. Il faudrait réserver le nom de racisme à cette théorie plus précise, selon laquelle la lutte des races est ce qui compte avant tout : la théorie marxiste en est le pendant pour la lutte des classes. C’est un Juif polonais, Ludwig Gumplowicz, qui a énoncé le premier cette théorie dans un essai de 1883 intitulé La lutte des races.
Du reste, il faut s’entendre sur ce qu’est une race. Avant la création du mot « ethnie » en 1896 [16], il régnait une grande confusion à ce sujet. Aujourd’hui, on distingue la race, qui est une notion biologique, subdivision d’une espèce zoologique, et l’ethnie, notion culturelle, groupe humain doté d’un minimum de conscience commune et caractérisé en général par la langue maternelle, parfois par la religion ou le mode de vie.
Laissons de côté les émules de Lyssenko qui prétendent qu’il n’y a pas de races humaines. Bien que cette stupidité fasse florès, il n’y a pas lieu de s’y appesantir, car elle est tout aussi contraire à la science qu’à l’observation élémentaire. Nous renvoyons à cet égard au rapport du prix Lyssenko pour notre « lauréat » de 1990, feu Albert Jacquard, et pour celui de 1996, André Langaney [17], ainsi qu’à notre livre de 1979, La Politique du vivant [18]. Théodose Dobzhansky, généticien fort réputé et très “progressiste”, déclarait à ce sujet :
« Certaines “personnes compétentes” (…) proclament que les races humaines n’existent pas et que le terme “race” lui-même devrait être banni du vocabulaire. Cette proposition est souvent motivée par un désir louable de contrecarrer la propagande raciste. Mais faut-il pour cela nier l’existence des races ? Ou bien une telle dénégation aura-telle pour seul effet de réduire le crédit des hommes de science qui la soutiennent ? » [19]
Faut-il rappeler que, dans la taxinomie linnéenne, l’homme appartient à l’espèce homo sapiens, au genre homo, à la famille des hominidés, à l’ordre des primates, à la classe des mammifères, à l’embranchement des vertébrés, au règne animal, au monde vivant ?… Il est fatal que, comme beaucoup d’autres espèces animales, la nôtre soit divisée en races. Voyez par exemple le « Que sais-je ? » sur les races humaines du grand anthropologue français Henri Vallois (cité par Taguieff pour sa participation à un colloque de l’UNESCO consacré à la dénonciation du racisme). Les races blanche, jaune, noire, désignés sous leur nom courant ou sous d’autres plus techniques (caucasoïdes, mongoloïdes, congoïdes, dans la terminologie du grand anthropologue américain Carleton Coon), existent bel et bien, ainsi que d’autres plus marginales, à distinguer de la race noire, les races hottentote (ou capoïde) et australienne (australoïde). Ces « grandes races » se subdivisent à leur tour en variétés raciales ou races de second rang, par exemple, pour les blancs, les races nordique, méditerranéenne, alpine, etc. Il va de soi que le métissage est très important et que les frontières interraciales ne peuvent donc pas être nettes.
Cependant, la théorie de la lutte des races de Gumplowicz et autres, dans sa généralité, implique une notion plus lâche de la race. Les tensions entre noirs et blancs, ou entre deux entités taxinomiques correctement entendues, n’en sont qu’un cas particulier. Ces auteurs parlent de race à propos de tout groupe humain qui jouit d’une certaine homogénéité biologique. Il peut donc, en fait, s’agir plutôt d’une ethnie.
En effet, bien que les ethnies soient définies par des traits purement culturels tels que la langue, la religion, le mode de vie…, elles ont nécessairement un fonds génétique propre en raison de leur relative endogamie. On devrait alors parler avec plus de rigueur de lutte des ethnies.
Mais l’antiracisme ne s’en prend évidemment pas à une théorie, controuvée ou non. S’il a le moindre fondement, c’est quand il combat une doctrine politique, parce que celle-ci veut établir des différences juridiques et politiques entre les individus selon leur appartenance raciale ou ethnique, voire, à la limite, réduire en esclavage ou exterminer les membres d’une race ou d’une ethnie. C’est l’expression élaborée de la haine raciale qui naît spontanément entre les groupes sociaux. Un véritable antiraciste ne cherche pas à tout mélanger, comme le fait Taguieff, il distingue. Il accepte l’énoncé des théories, qui est de l’ordre de la science, et il appelle à la discussion objective. Mais il condamne sur le plan moral les appels à la haine et s’emploie à éviter de créer les conditions qui encouragent la haine raciale. A cet égard, il est clair que l’antiracisme égalitaire que l’on a imposé à la société française est le premier responsable des manifestations de haine raciale que l’on peut observer, parce qu’elles sont le résultat d’un excès d’immigration.
Source : Carrefour de l’Horloge
[15] Paul Krugman, L’Amérique que nous voulons, Flammarion, 2009, p. 296.
[16] Par Georges Vacher de Lapouge, horresco referens.
[17] Rapports disponibles sur le site Internet du Club de l’Horloge, www.clubdelhorloge.fr.
[18] Henry de Lesquen et le Club de l’Horloge, La politique du vivant, Albin Michel, 1979.
[19] Voir Théodose Dobzhansky, Genetic Diversity and Human Equality ; trad. fr. : Le Droit à l’intelligence. Génétique et égalité, Complexe, 1978, p. 22.
[…] De la lutte des classes à la lutte des races […]
[…] ne voulons pas de la haine raciale qui ferait éclater la nation et conduirait à la guerre des races. Cette sinistre perspective deviendrait inéluctable si la politique de l’immigration et de […]
Le mot « race » a été disqualifié aussi bien par le racisme que par l’antiracisme. Il a acquis une connotation péjorative, qui le rend politiquement inutilisable et contreproductif. Il provenait de l’erreur selon laquelle l’homme appartenait entièrement au règne animal, sans faire un cas particulier de la pensée humaine. Le racisme, dans son objectivité scientifique exagérée, a réduit l’homme au biologique et au zoologique. Mais le racisme conduisait en outre les hommes à se traiter come des animaux.
Vous manifestez l’intention louable de dénoncer une erreur commune au marxisme et au racisme, qui seraient de mettre la lutte des classes et la lutte des races au premier plan de toutes les luttes sociales ou nationales. Mais n’avez-vous pas sauté à pieds joints dans l’obsession raciste ? Vous ne parlez plus guère que de cela.
Vous dissociez la conscience de race de la haine raciale. Cette distinction pourrait s’avérer séduisante si l’homme, être pensant, pouvait assigner des frontières intellectuellement étanches entre conscience et sentiment. Vous allez jusqu’à concéder que la haine raciale est le développement le plus spontané du racisme. Mais dans votre rage provocatrice de candidat semi fantaisiste, vous dites que, si vous étiez élu, vous autoriseriez la police à tirer sur les « migrants envahisseurs. »
Vous ignorez volontairement qu’un nationalisme raciste était le projet hitlérien. Donc, racialiser le nationalisme comme vous le faites donne à votre nationalisme une coloration hitlérienne, bien que votre rhétorique soit plus proche des WASP du « tea party » ou des républicains américains. Votre nationalisme racialiste ou raciste est peu conforme au génie français. À peine est-il barrésien. Il est assez peu maurrassien. Mais il est tout à fait éloigné de Renan et de son « plébiscite de tous les jours », bien que, comme vous, renan ait décrit les peuples qui composèrent la mozaïque française à travers l’histoire. Votre nationalisme racialiste est germanique ou anglo-saxon, ce qui revient au même.
Mais par-dessus tout, non seulement vous éludez la question de la compatibilité entre catholicisme et racisme, mais vous étendez la nuisance de la société multiraciale aux caractères culturels, voire ethniques d’une appartenance à la même confession , puisque vous condamnez avec la même vigueur l’islamisation de la france et sa mélanisation, même lorsqu’elle est homogène du point de vue confessionnel.