Ni dhimmitude, ni prosélytude

La prosélytude est au judaïsme ce que la dhimmitude est à l’islam.

(extrait du prix Lyssenko 2014 du cdh.fr, par Henry de Lesquen)

Capture d’écran 2015-11-07 à 20.11.25

L’expression « dhimmitude » a été créée en 1983 par l’homme politique libanais Béchir Gemayel, peu avant son assassinat. Elle a été popularisée en anglais par l’essayiste juive américaine Bat Ye’or [58]. Le dhimmi, mot arabe traduit par protégé, c’est selon la charia, la loi coranique, un membre de l’une des religions du livre (christianisme, judaïsme talmudique, zoroastrisme), qui est toléré au sein de la cité islamique pourvu qu’il se résigne à un statut d’infériorité et de soumission. La « dhimmitude », selon Gemayel et Bat Ye’or, c’est l’attitude de ceux qui, aujourd’hui, en Occident, sans être musulmans eux-mêmes, font preuve d’une complaisance illimitée à l’égard de l’islam. Sont de parfaites expressions de la dhimmitude des « lauréats » précédents du prix Lyssenko, en 2013, Olivier Roy, islamologue, et Raphaël Liogier, politologue, distingués « pour leur œuvre de dénonciation du mythe de l’islamisation », ou, plus anciennement, en 2007, Alain de Libera, médiéviste, historien de la philosophie, « pour avoir mis en lumière les racines musulmanes de l’Europe chrétienne », et, en 2001, Gilles Kepel et Bruno Etienne, orientalistes, « pour leur analyse du déclin de l’islamisme ».

Quel fut l’équivalent du dhimmi dans le monde juif ? A strictement parler, il n’y en eut pas. Mais on peut trouver une analogie au dhimmi dans le prosélyte, en hébreu ger. En bon français, aujourd’hui, le prosélyte n’est pas celui qui fait de la propagande pour une foi, du prosélytisme, c’est celui qui s’est converti, qui a été convaincu par cette propagande. Mais le sens premier du mot prosélyte, qui vient du grec proselytos, c’est le païen, le non-Juif, le Goy, converti au judaïsme, mais qui n’est pas pour autant devenu juif, puisque le judaïsme ancien, comme le judaïsme talmudique, considère que l’on ne peut être juif que par le sang. Ernest Renan disait à leur sujet : « Ces convertis (« prosélytes ») étaient peu considérés et traités avec dédain. » [59] Par analogie avec la « dhimmitude », nous proposons de parler de « prosélytude » pour définir l’attitude de ceux qui, sans être juifs, font preuve d’une complaisance infinie à l’égard des principes du judaïsme talmudique ou attribuent sans restriction toutes sortes de mérites ou de supériorités aux Juifs en général. Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, une attitude si répandue dans la société française contemporaine n’avait jamais été dénommée. Il était temps de réparer cette omission.

 

[58] Bat Ye’or; Les chrétiens d’Orient entre jihad et dhimmitude, VIIe-XXe siècle, Les éditions du Cerf, 1991.

[59] Cité dans Le Petit Robert, op. cit., article « prosélyte ».

(10 commentaires)

  1. Le mot Goy veut dire Nation en hebreu.
    Les juifs sont aussi Goy.
    « Nation Unique pour un Dieu Unique »(extrait d’un verset de prières).
    Son sens a été détourné.

  2. On peut très bien être juif sans l’être par le sang ; un juif converti est pleinement juif ; le comte Potocki par exemple est une des figures les plus vénérées des Juifs religieux : https://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham_ben_Abraham ; que son histoire soit vraie ou non, ce qui compte c’est qu’elle prouve qu’il n’y a aucun dédain des juifs d’origine non juive. Renan a dit tant de bêtises, sur Jésus ou d’autres sujets. D’ailleurs il y a des juifs noirs, asiatiques et autres, il faut être nuancé et subtil sur un tel sujet.

    Un chrétien œuvrera à la conversion des Juifs et non à la diffusion d’une culture du mépris à leur égard car on ne convertit personne en critiquant ou méprisant… Même si évidemment le mépris existe de tous les côtés. Le salut vient des Juifs, les dons de Dieu à l’égard du peuple au sein duquel Il a jugé digne de S’incarner sont « sans repentance », à la fin tout Israël sera sauvé et comme dit Léon Bloy l’antisémitisme est un crachat sur le visage de la Mère de Dieu… Que tel ou tel personnage médiatique ou dîner soit agaçant et soit utilisé comme repoussoir, ne change rien à cela. Il y a dans toutes les communautés des gens exaspérants et néfastes.

    Le chrétien est un juif de synthèse qui fait ses siens les concepts et idées les plus importantes du judaïsme (monothéisme, monogénisme, vision linéaire et messianique de l’histoire, primat de la justice sur l’unanimité holiste) mais le christianisme rejette ce qu’il y a de trop formaliste, ritualiste, et traditionnaliste dans cette religion, ce qui caractérise l’esprit pharisien, mais qu’on retrouve dans d’autres religions… Le Pape Pie XI glorifiait les chrétiens d’être des « sémites spirituels » et l’Eglise est un Israël selon l’esprit. Par l’Eglise, l’Europe a été israélisée et la chrétienté se voulait d’ailleurs un « nouvel Israël », « Israël selon l’esprit » mais qui ne rejette pas l’ancien Israël, « selon la chair » car comme dit saint Paul, « juifs et grecs sont uns en Jésus-Christ ». Et de toute façon, le relativisme qui met sur un même plan le sort concret des chrétiens et juifs d’Orient à un mépris supposé est intrinsèquement faux. La vérité est faite de distinctions subtiles et non de confusion amalgamante.

    1. Comme vous y allez ! « Le salut vient des Juifs (…)  »

      En tous cas on l’attend toujours !

      mais par ailleurs, je note que Monsieur Henry de Lesquen semble bien paradoxal, voire un brin superficiel, dans la mesure où il place Calvin en haute admiration. Petit rappel quant à ce réformateur célèbre qui ne fait aucune différence entre l’alliance de Dieu avec Israël et la nouvelle Alliance :

      « tous les enfants de la renaissance promise de Dieu, qui ont obéi aux commandements de la foi, ont appartenu à la nouvelle Alliance depuis le début des temps ».

      Il était un partisan de la théologie de la substitution et avançait que les juifs sont un peuple rejeté qui doit embrasser Jésus pour rentrer dans l’Alliance. »

      Et pourtant, moult déclarations de Calvin sur les juifs de son époque ne sont guère judeophiles :

      « j’ai eu de nombreuses conversations avec les juifs : je n’ai jamais vu une once de piété ou un grain de vérité ou d’inventivité, non, je n’ai jamais rencontré de sens commun chez aucun juif».

      Calvin avança que les juifs interprétaient mal leurs propres écritures car ils ont manqué l’unité de l’Ancien et du Nouveau Testament.

      Il écrivit également que leur « obstination éperdue et indomptable mérite qu’ils soient oppressés sans mesure ni fin et qu’ils meurent dans leur misère sans la pitié de personne».

  3. @ MJS,
    L’on ne peut pas dire que votre point de vue étrange soit piqué des hannetons ! : « Le chrétien est un juif de synthèse »

    De nulle manière, un Chrétien ne peut sacrifier ni aux rites du judaïsme ancien ni aux dogmes talmudiques, mais peut-être vouliez laisser entendre que les chrétiens eussent mieux fait de porter la flamme suprématiste du « Dieu jaloux » courroucé plutôt que de se laisser entrainer dans le danger mortel de ce qui est devenu un humanisme auto-suicidaire, irénique et émollient ?…

  4. Il n’y a aucune différence entre le jacobinisme de la révolution dite française et l’islam.
    Ils coupent des têtes et ne prient tous qu’un seul « ETRE SUPREME » car Robespierre ( Rubinstein ) et Mohammed sont en fait respectivement des juifs dissidents violemment anti-Chrétiens du mouvement sabatéen frankiste du XVIIIe siècle pour l’un et du mouvement neo-nazaréen du XIe siècle pour l’autre.
    Du reste, les dirigeants musulmans d’Afrique du Nord ont prêté du blé à la république durant la révolution dite française. De ce seul point de vue, et sans même regarder les génocides guerres et atrocités qui ont découlé du régime républicain corrompu, on ne peut pas être républicain si l’on souhaite le bien de la chose commune.

  5. Mon cher Henry vous vous fourvoyez, il existe bien un statut inférieur pour les non-juifs. Certes pas encore très connu puisque non appliqué formellement, mais il est dans les cartons pour le futur que nous réservent nos aimables juifs. Il s’agit du « noachide » équivalent du « dhimmi ». Le néologisme qu’on pourrait traduire comme une attitude pleine de complaisance et de soumission à l’égard d’Israël-le-peuple-élu se nommerait alors « noachitude ».

    Citation du Rav Oury Cherki spécialiste du noachisme : « Il y a pour cela ce que l’on appelle un statut particulier, le statut du non juif qui est intéressé à accomplir son existence, à parachever sa moralité à la lumière de l’enseignement d’Israël. Ce statut est celui que l’on appelle « noachide ». »
    http://noahideworldcenter.org/wp_fr/articles/concepts-de-base-2/quest-ce-que-le-noachisme-2/

    Ne me remerciez pas, c’est cadeau !

  6. Mon cher Henry vous vous fourvoyez, il existe bien un statut inférieur pour les non-juifs. Certes pas encore très connu puisque non appliqué formellement, mais il est dans les cartons pour le futur que nous réservent nos aimables juifs. Il s’agit du « noachide » équivalent du « dhimmi ». Le néologisme qu’on pourrait traduire comme une attitude pleine de complaisance et de soumission à l’égard d’Israël-le-peuple-élu se nommerait alors « noachitude ».

    Citation du Rav Oury Cherki spécialiste du noachisme : « Il y a pour cela ce que l’on appelle un statut particulier, le statut du non juif qui est intéressé à accomplir son existence, à parachever sa moralité à la lumière de l’enseignement d’Israël. Ce statut est celui que l’on appelle « noachide ». »
    http://noahideworldcenter.org/wp_fr/articles/concepts-de-base-2/quest-ce-que-le-noachisme-2/

    Ne me remerciez pas, c’est cadeau !

  7. Je pense que la grande homologie entre prosélytude et dhimmitude n’est pas sans lien avec les origines historiques de l’Islam. Les thèses de Père Edouard-Marie Gallez sur l’origine de l’Islam, forment une approche impeccable à la remise en question du modèle actuelle sur le rattachement systématique de l’occident chrétien à des racines juives ou musulmanes. Il est temps de comprendre le problème musulmanojuif dans son ensemble.

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