Procès en communautarisme : Zemmour est un Français de papier

Éric Zemmour, qui se qualifie lui-même de « petit juif berbère », est un immigré juif algérien qui n’a pas une goutte de sang français. Son nom signifie « olive » – et non « olivier », comme il voudrait le faire croire – en tamazight, langue des Berbères. Pour autant, en dépit d’un physique typé – cheveux frisés, teint bistre, c’est lui-même qui le dit – et d’une voix chuintante, il semble parfaitement assimilé. Ne proclame-t-il pas son amour de la France ? Ne fait-il pas sans cesse référence à la culture et à l’histoire de la France ? Mais une analyse objective du personnage, sans complaisance ni parti pris, démontre qu’il est en réalité archi-communautariste et donc qu’il n’est assimilé qu’en apparence à la communauté nationale française.

1. La farce de l’assimilation selon Zemmour

Zemmour a beau se présenter comme un grand patriote, il montre parfois le bout de l’oreille, si l’on ose dire. « Juif à la maison, Français dans la rue », a-t-il déclaré (Mélancolie française, p. 220). Telle est, selon lui, la définition de l’assimilation pour les Juifs… Autrement dit : « Juif en réalité, Français en apparence ». Français pour la galerie.

On voudrait nous faire accroire que la formule signifierait simplement que les Israélites réserveraient leur religion à l’espace privé. Plaisanterie. Demandez au CRIF ou à la LICRA si la politique ne les concerne pas… En fait, quand on oppose « Juif » à « Français », on refuse l’assimilation, puisque l’on demande au Juif de cesser d’être ou plutôt de cesser de faire semblant d’être Français quand il rentre chez lui. Nul ne s’est jamais prétendu « catholique à la maison, Français dans la rue » ! Donc, Zemmour et ceux qui partagent sa conception captieuse de l’assimilation sont des Juifs français et non des Français juifs, des individus de nationalité française, juridiquement français, qui vivent entre eux, en communauté, et qui ne se considèrent pas comme des Français dans leur for intérieur, quelle que soit l’apparence qu’ils s’appliquent à donner à l’extérieur de leur communauté.

D’ailleurs, si Zemmour a repris à son compte, apparemment pour des raisons électoralistes, la notion d’assimilation, il vaut la peine de souligner que ce sont des intellectuels juifs qui ont lancé le concept équivoque d’« intégration » pour qu’il ne soit justement plus demandé aux Israélites de s’assimiler et donc de dissoudre leur communauté ethnico-religieuse dans la communauté nationale. Ils ont ainsi théorisé et préparé la transformation de la nation en société multiculturelle et multicommunautaire, en s’employant à la livrer à l’immigration de masses qui sont inassimilables en raison de leur race ou de leur religion.

Pour ce qui le concerne en particulier, Zemmour n’a pas craint de préciser : « Éric à l’état civil, Moïse à la synagogue ». On est en droit de penser que pour lui la synagogue compte plus que l’état civil.

Si Zemmour vante l’assimilation, il adopte le mot, mais non la chose. Selon lui, il n’y aurait qu’à changer de prénom pour devenir un bon Français ; il suffirait par exemple que Hapsatou Sy devînt Corinne… En réalité, quand on veut s’assimiler, ou du moins faire semblant, c’est le nom que l’on change plutôt que le prénom. Bornstein est devenu Borne. Olivenstein est devenu Olivennes. Minkowski est devenu Minc. Melenchón est devenu Mélenchon par glissement de l’accent aigu de la dernière à la première syllabe, et Úbeda a fait de même pour devenir Ubéda. On l’a dit, Zemmour veut dire « olive » en tamazight, mais il n’a pas éprouvé le besoin de traduire son nom.

Pourtant, ce nom aurait pu le gêner, quand on pense à la fameuse « bande à Zemmour » qui a écumé les bas-quartiers de Paris : « S’il y a bien une famille qui a régné sur la capitale entre 1965 et 1983, ce sont les Zemmour. Ils sévissaient à l’époque au Faubourg-Montmartre, le quartier des Juifs pieds-noirs. Les cinq frères Zemmour ont eu un destin aussi mouvementé que tragique : arrivés d’Algérie à la fin des années 50, la prostitution était leur fer de lance : bars à prostituées, hôtels de passe et cabarets sont leurs QG. Pas seulement en France d’ailleurs, puisque leur réseau s’étendait à l’Allemagne, la Belgique et Israël. Rien qu’en région parisienne, on a recensé jusqu’à 257 collaborateurs » (Manon Merrien-Joly, « La famille des Zemmour et le proxénétisme », https://www.lebonbon.fr/, 2017).

L’assimilation, c’est le contraire du communautarisme. Pour être assimilé, un immigré, autrement dit un allogène, doit rejeter le communautarisme et se mêler aux Français de sang au lieu de rester à part avec ceux qui ont la même origine que lui. Il faut donc qu’il parle français et qu’il ne pratique pas une religion l’excluant de la communauté nationale telle que le judaïsme ou l’islam : Zemmour respecte bien la première condition, mais non la seconde.

Les Juifs sont des immigrés comme les autres, tout en étant particulièrement rebelles à l’assimilation en raison de leur religion. Expulsés de France en 1394, les Juifs ou Israélites n’étaient que quelques milliers en 1789, lorsqu’ils ont été émancipés (Alsace, Avignon et Comtat Venaissin, Marranes du Sud-Ouest). Ils ont immigré au XIXe et plus encore au XXe siècle, sans parvenir tous à s’assimiler, loin de là, étant, dans ce cas – et seulement dans ce cas –, des Juifs français plutôt que des Français juifs, tenus alors par leur choix personnel et en vertu de leur religion raciste à l’écart de la nation française pour former une communauté séparée, un corps étranger, avec la bénédiction de Napoléon, qui a institué le consistoire israélite. En outre, les Juifs, lorsqu’ils ne sont pas assimilés, font souvent allégeance à un autre pays que la France depuis la fondation de l’État d’Israël en 1948. Si Zemmour ne se dit pas ouvertement sioniste, il porte au pinacle l’État d’Israël en le donnant en exemple à la France.

Le communautarisme est contraire aux principes de la république et incompatible avec l’assimilation.

2. Fidélité aux origines

Zemmour est fidèle à ses origines juives, ce que l’on ne saurait lui reprocher s’il ne voulait pas se faire passer pour ce qu’il n’est pas, un Français juif bien assimilé. Eric Zemmour est le fils de Roger Haïm Zemmour et de Lucette Lévy, le petit-fils de Liaou Léon Zemmour, de Messouka Assoun, de Léon Lévy et d’Ourida Atlan, descendant des familles Aouizerate, Attali, Achour, et Satoun. Tous ses ancêtres étaient juifs.

Zemmour est marié à Mylène Chichportich, juive comme lui, descendante des familles Sellem, Guedj et Nedjar. Importante dynastie à laquelle appartient Serge Nedjar, directeur de la chaîne de télévision CNews où officiait Eric Zemmour. Le critère séfarade est incontournable pour Zemmour puisque, sans avoir divorcé, il est maintenant en couple avec la jeune Sarah Knafo, dont il a fait sa directrice de campagne.

Zemmour est un Israélite de stricte observance, ce qui peut étonner, puisqu’il a déclaré qu’il ne croyait pas en Dieu. Pourtant, il fréquente assidûment la synagogue de la rue Saint-Lazare à Paris, dirigée par des disciples du rabbin extrémiste Meir Kahane. Chez lui, il respecte rigoureusement les prescriptions tatillonnes du judaïsme, et il mange kascher ; il a donc deux frigidaires et deux services de table pour ne pas mélanger le lait et la viande.

Selon Olivier Pardo, son avocat, « Éric est très traditionaliste, il fait le shabbat, ses enfants ont célébré leur bar-mitsva ». Éduqué dans la tradition juive, Éric Zemmour dit cependant au Point, en 2014, ne pas croire en Dieu, bien qu’il suive rigoureusement les rites du judaïsme. Le journaliste Étienne Girard précise qu’il fait la prière du shabbat avec son épouse et ses enfants. Il lit un passage de la Torah, en début de repas et il ne répond pas aux SMS le vendredi à la nuit tombée, car il respecte l’interdit de l’utilisation des appareils électroniques. Enfin, le samedi, tout au moins jusqu’au décès de son père en 2013, Éric le rejoint régulièrement à la synagogue, rue Vauquelin (cf. Étienne Girard, Le radicalisé, enquête sur Éric Zemmour, Seuil, 2021).

Sa pratique religieuse, qui n’a rien à voir avec la foi, est donc uniquement la marque de son appartenance à une communauté, de son communautarisme.

Zemmour ne rejette pas le Talmud, le livre sacré propre aux Juifs actuels, qui tient les non-Juifs pour des bêtes (Talmud, Keritot 6b, Yebamot 61a, « Vous êtes des hommes, tandis que les non-Juifs ne sont pas des hommes. »). Ni la Cabale, qui définit les Juifs comme des étincelles de la Divinité (Chékinah) dispersées au milieu du fumier des « Goyim » (pluriel du mot hébreu « Goy », terme de mépris pour désigner les non-Juifs). Encore moins, évidemment, la théorie raciste du peuple élu, commune à la Bible hébraïque, au Talmud et à la Cabale. Zemmour n’a donc pas élevé la moindre critique contre les affirmations scandaleuses du grand-rabbin d’Israël Ovadia Yosef (1920-2013), pour qui les non-Juifs n’étaient nés que pour servir les Juifs (sic).

Le judaïsme (pharisaïque, talmudique, rabbinique) que pratique Zemmour est une religion orientale, isomorphe de l’islam et qui est incompatible avec l’identité nationale de la France autant qu’avec la civilisation occidentale. L’islam est un judaïsme universaliste, le judaïsme est un islam raciste. S’il est absurde de parler de « judéo-christianisme », il y a en revanche un judéo-islamisme, car l’islam est issu d’une hérésie du judaïsme pharisaïque, religion de Zemmour.

Cependant, il ne fait pas de doute que de nombreux Israélites français sont parfaitement assimilés, non seulement en apparence, mais dans la réalité. Un Français juif est un Français comme les autres, il est assimilé, pourvu qu’il rejette le Talmud, lequel tient les non-Juifs pour des bêtes, qu’il n’appartienne à aucune autre communauté que la communauté nationale française, enfin que la sympathie qu’il a tout à fait le droit d’avoir pour Israël ne l’entraîne pas à faire allégeance à un État étranger et à avoir une double nationalité.

3. Préférence communautaire

Zemmour, qui n’a que des ancêtres juifs, qui est marié à une juive et qui est en couple avec une autre, s’est entouré de Juifs pour sa campagne. Dans un article du Figaro du 1er décembre 2021, intitulé « Les quatre mousquetaires du candidat », on apprend que les quatre principaux collaborateurs de Zemmour sont Sarah Knafo, Julien Madar, Jonathan Nadler et Olivier Ubéda. On mettra à part ce dernier, organisateur des réunions publiques, qui n’est qu’un prestataire, au demeurant de grande qualité, si l’on en juge par le succès de ces réunions. Les trois autres sont juifs comme Zemmour lui-même. Sarah Knafo, on l’a vu, est sa directrice de campagne. Les deux autres, qui sont passés par Rothschild, banque juive, sont chargés, l’un de la levée des fonds, l’autre de la préparation du programme. Les personnalités politiques qui ont rejoint Zemmour ne font pas partie de ce cercle rapproché.

Dans son émission de CNews, Zemmour invitait 50% de Juifs : Jacques Attali, Bernard-Henri Lévy, Daniel Cohn-Bendit, Julien Dray, Alain Finkielkraut, etc. – ils sont venus, ils sont tous là…

Il y a 1% de Juifs dans la population. Or, Zemmour cite d’autres Juifs à tout bout de champ. Dans le livre qu’il a publié en septembre 2021 pour préparer sa candidature à l’élection présidentielle d’avril 2022, La France n’a pas dit son dernier mot, on en compte environ soixante-dix. Aussi fastidieux que cela puisse paraître, il est bon d’en dresser la liste pour les besoins de la démonstration, dans l’ordre où ils apparaissent dans le livre :

Daniel Cohn-Bendit, Jacques Attali, Michel de Montaigne, Maurice Druon, Dominique Strauss-Kahn, Thomas Bauder, Serge Nedjar, Régis Debray, Francis Huster, Marcel Proust, Rothschild (la famille de banquiers), Rosa Luxembourg (sic), Gérard Oury, Michel Polac, Julien Dray, Philippe Séguin (fils naturel d’Albert Hayat), Alain Minc, Michel Slitinsky, Alice Slitinsky, Serge Klarsfeld, Arno Klarsfeld, Joseph Kessel, Michel Debré, Bernard Kouchner, Sylvain Gougenheim, Claude Lévi-Strauss, Albert Cohen, Léon Blum, Laurent Fabius, Raymond Aron, Roger Karoutchi, Jean-Pierre Elkabbach, George Soros, Alain Jacubowicz, Jean-François Copé, Henry Kissinger, Karl Marx, Pierre Bellanger, André Suarès, Roman Polanski, Anne Gravoin, Simone Weil (avec W), Lise Toubon (née Weiler), Leonard Zelig, Michel Drucker, Daniela Lumbroso, Éric Ghebali, Georges Wolinski, Patrick Kron, Charles Denner, Simone Veil (avec V), Emmanuel Todd, Cédric Lewandowski, Bob Dylan, Allan Bloom, Jean Ferrat, Anne Sinclair, Gilles-William Goldnadel, Franz-Olivier Giesbert, Romain Gary, les Marx Brothers (Groucho, Harpo, Chico, Gummo et Zeppo Marx), François Samuelson, Primo Levi, Alfred Dreyfus, Mathieu Kassovitz, sans oublier évidemment Éric Zemmour lui-même, son épouse, née Mylène Chichportich, et leurs trois enfants.

Certains de ses congénères sont cités plusieurs fois et certains sont couverts de dithyrambes. Le cinéaste Gérard Oury a droit à cinq pages élogieuses (pp. 37 à 41). Il est pourtant difficile d’être plus antifrançais qu’Oury, de son vrai nom Tannenbaum. Dans Rabbi Jacob, tous les Français sont odieux ou nuls ou grotesques, ou tout cela à la fois, sauf la jeune mariée qui devait épouser une fin de race et qui, en conclusion du film, s’envole avec un Arabe. Tout un symbole. Inutile de préciser que tous les Juifs sont irréprochables, gentils, compatissants, ouverts, sans reproche. On sait que le rire est une arme de subversion. Oury s’en est servi contre la France sous les applaudissements de Zemmour.

Claude Lévi-Strauss était pour Zemmour un « grand anthropologue » (p. 67), et il a droit à cinq pages (pp. 101 à 106). C’est un « géant de la pensée », le « père du structuralisme » et il avait un « prestige immense ».

Sylvain Gougenheim a droit à quatre pages (pp. 79 à 82). C’est un « géant du monde intellectuel », « grand connaisseur des croisades et spécialiste mondial de l’ordre teutonique ».

Maurice Druon est, pour Zemmour, « un des plus grands auteurs français ».

Zemmour est plein d’indulgence pour les vices de ses congénères. On verra ci-dessous avec quelle ardeur il défend Dominique Strauss-Kahn. Quand Zemmour parle de Michel Polac, il se garde de rappeler que celui-ci était un pédophile, regrettant « le mal mortel qui emporterait le glorieux, mais fatigué, Michel Polac » (p. 42). Idem pour Roman Polanski, qui a fui les Etats-Unis pour cause de pédophilie, mais qui pour Zemmour est avant tout un « grand cinéaste » (p. 170). Zemmour décrit complaisamment Pierre Bellanger, avec qui il a déjeuné en 2011, comme un « amateur de jolies jeunes femmes » (p. 143), alors que celui-ci avait été condamné en 2008, en première instance, à quatre ans de prison dont un an ferme, pour corruption de mineure, peine ramenée en 2010 par la cour d’appel à trois ans avec sursis. Bellanger avait « dévoyé » sa victime de dix-sept ans, encore vierge, en l’initiant « à diverses formes de sexualité, notamment de groupe, homosexuelle ou sado-masochiste, y compris avec la participation de sa sœur aînée », selon les termes du tribunal.

S’il se garde le plus souvent de mentionner les origines de ses congénères qu’il a cités, il revient en revanche fréquemment sur sa propre judéité et sur la question juive en général.

4. La femme comme butin

Dans La France n’a pas dit son dernier mot, Zemmour prend fait et cause pour les prédateurs sexuels. Le sujet le préoccupe visiblement, puisqu’il y revient à six reprises, du début de son livre, page 10, jusqu’à la fin, page 329. Or, nous allons le voir, ce n’est pas du tout anecdotique, c’est en réalité une question de civilisation.

« Ce qu’on considérait naguère avec horreur comme d’odieuses habitudes américaines était entré dans la culture française. Le retentissement de l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn avait été un détonateur. On avait alors reproché aux journalistes français d’avoir caché le libertinage de l’ancien ministre des finances. Ce qui était à leur honneur était devenu leur honte » (p. 19).

On remarquera au passage l’amalgame entre le viol et le libertinage.

Et encore, toujours à propos de l’affaire du Sofitel :

« Cette ridicule affaire ancillaire nous ramenait à Karl Marx, qui, lui, avait engrossé la bonne. Autre temps, autres mœurs. J’y vois la confirmation de cette “féminisation de la société” contre laquelle je m’étais élevé dans un de mes livres… Dans une société traditionnelle, l’appétit sexuel des hommes va de pair avec le pouvoir ; les femmes sont le but et le butin de tout homme doué qui aspire à s’élever dans la société (sic). Les femmes le reconnaissent, l’élisent, le chérissent. » (p. 138).

Il n’est pas certain que toutes les femmes soient ravies d’être tenues pour le « butin » du sieur Zemmour, qui se considère apparemment lui-même comme l’archétype de « tout homme doué qui aspire à s’élever dans la société ». Mais il y a mieux, et on le trouve à la page suivante :

« DSK, menottes derrière le dos entre deux cops [flics] new-yorkais, marchant tête baissée, c’est un renversement de mille ans de culture royale et patriarcale française (sic !). C’est une castration de tous les hommes français. Le séducteur est devenu un violeur, le conquérant un coupable » (p. 139).

On n’est plus dans l’anecdote. Zemmour révèle ici sa véritable identité. Car c’est la courtoisie, laquelle a mis la femme sur un piédestal, qui a fait l’identité de la France depuis mille ans.

La place éminente qu’a toujours occupée la femme dans les sociétés occidentales est la marque la plus sûre de la grandeur de notre civilisation. On n’a pas attendu en France la révolution de l’égalitarisme et les revendications du féminisme pour reconnaître au sexe faible bien des titres de supériorité sur l’homme (au sens du latin vir). Et cela conférait à la femme de justes privilèges. La galanterie est déjà un beau mot, en dépit d’une certaine équivoque, mais la courtoisie, dont les codes ont été forgés à l’apogée du moyen âge, a une tout autre portée. Or, la courtoisie ne se conçoit pas sans la femme ; elle n’existe à vrai dire que par et pour la femme, car c’est celle-ci qui l’inspire. C’est grâce à la courtoisie, en raison donc de ces principes que la femme a su imposer à l’homme pour qu’il se civilisât en dominant ses instincts, que nous pouvons espérer échapper à un monde de brutes.

La courtoisie n’a de sens que dans une société dont la femme est reine. Mais, pour Zemmour, immigré algérien qui n’a pas une goutte de sang français, c’est un prédateur sexuel, un satyre, un pervers échangiste, du reste d’origine immigrée comme lui, qui est devenu le symbole de la France française. Zemmour révèle ici malgré lui à quel point il est étranger à la France dans son essence.

Même le prédicateur musulman Tariq Ramadan a droit à la faveur de Zemmour :

« Je demeure convaincu que Tariq Ramadan est tombé dans un piège. Les jeunes femmes qui l’accusent expliquent qu’elles ne peuvent se détacher de lui… C’est cette fameuse notion “d’emprise”, dernière trouvaille des féministes pour criminaliser l’homme bourreau éternel, sans se rendre compte, dans leur hargne vindicative, que leur définition de “l’emprise” et de ses effets pervers ressemble comme une sœur à ce qu’on appelait jadis “les affres de l’amour”. » Et Zemmour de présenter le pauvre Ramadan comme une « victime » du journaliste qui l’interrogeait à sa sortie de prison (p. 148).

Dans un article de Marianne.net du 28 septembre 2021 intitulé « Ces passages extrêmement graves à propos de DSK et de Tarik Ramadan dans le livre d’Éric Zemmour », Malika Sorel-Sutter rapporte qu’en décembre 2018 Le Journal du dimanche « révélait l’existence de chaleureux messages échangés entre Éric Zemmour et Tariq Ramadan », qui se concluaient par des « Amitiés » et des « Embrassades », ajoutant que Zemmour, pour s’en expliquer, avait évoqué une simple « cordialité orientale » (sic).

La vision de la femme oppose nettement l’Orient à l’Occident. Choc des civilisations ! (Ce sont des notions culturelles et non géographiques. La civilisation dite « orientale » s’étend de Kaboul à Casablanca. Elle englobe donc l’Afrique du nord, autrement dit le Maghreb, bien que ce mot signifie « Occident » en arabe.) Le voile islamique et les autres règles vestimentaires imposées aux Juives comme aux musulmanes en sont une manifestation éloquente.

Dans la civilisation orientale, la femme est une proie pour l’homme, un « butin », comme dit Zemmour. Dans l’Occident chrétien, au contraire, la femme est une déesse à laquelle on adresse des poèmes qui ressemblent à des prières. Pour un Occidental de bonne souche, la femme est la merveille de la création et la preuve de l’existence de Dieu. Eric Zemmour, quant à lui, est aux antipodes de cette conception de la femme. Zemmour est oriental de part en part, à l’instar de Strauss-Kahn (Juif achkénaze, donc d’origine turque) ou de Tariq Ramadan (musulman arabe d’origine égyptienne). Ce sont en quelque sorte ses doubles, en toute « solidarité orientale ». Zemmour n’est pas assimilé, il ne fait que semblant de l’être. Le mépris de Zemmour pour la femme, qui n’est pour lui qu’un « butin », prouve qu’il est un corps étranger à la France, nation d’Occident.

5. Rejet de la France

Il y a une immense différence entre le discours électoral de Zemmour et le contenu des livres qu’il a signés. Dans Mélancolie française, il affirme effrontément que notre pauvre pays a toujours tout raté, qu’il voulait être un empire, mais qu’il n’a pu être qu’une misérable nation. On passera sur l’absurdité et la prétention de la thèse pour ne retenir que sa volonté d’abaisser la France et son incapacité à en comprendre la grandeur. Dans Destin français, il estime que la France n’aurait rien de mieux à faire pour sortir de sa prétendue nullité que de tenter de prendre pour modèle un petit État asiatique de création récente – nous avons nommé Israël.

Dans La France n’a pas dit son dernier mot, Zemmour s’est efforcé d’occulter le discours anti-français qu’il avait développé dans trois livres précédents, Mélancolie française, Le suicide français et Destin français, où il étalait le mépris qu’il avait pour la France et les Français. Mais c’était visiblement plus fort que lui. Il n’a pas pu s’empêcher d’en rajouter, par exemple, en mentionnant son collègue :

« Naulleau est très français en ce qu’il privilégie l’émotion sur la raison » (p. 147).

Ou encore :

« Johnny était bien français. Il avait notre ridicule, notre naïveté et nos complexes et symbolisait notre abaissement géostratégique » (p. 231).

Malgré l’adjectif possessif « notre », il est permis de supposer que Zemmour ne croit pas faire partie du lot. On voit la haute opinion que Zemmour se fait des Français. Ils sont ridicules, naïfs, émotifs, incapables de raisonner.

Dans sa lettre ouverte à Zemmour au sujet de Suicide français, Raphaëlle Auclert s’adressait à lui en ces termes : « Non content de faire du peuple [français] l’artisan de son propre malheur, vous suggérez que ce malheur est mérité ; à maintes reprises, au détour d’une phrase rappelant un fait historique, vous ajoutez des jugements de valeur qui ne sont fondés sur rien et tendent systématiquement à dénigrer les Français. Pour ne citer que quelques exemples : de Gaulle “dirigea un peuple qui se voyait comme un ramassis de pleutres et de collabos” (p. 22) ; “l’avilissement des soldats dans la boucherie de la Première Guerre mondiale encouragea les hommes à jeter aux orties le fardeau qu’ils avaient entre les jambes” (p. 32) ; “cet élan vital qui n’existe plus chez [les] hommes en temps de paix” (p. 133) ; “les vieux peuples fatigués d’Europe” (p. 71). » Enfin, dans ce livre où il traîne les Français dans la boue, Zemmour conclut que la France est déjà morte, sans paraître s’en affliger outre mesure.

Dans son livre de septembre 2021, il prétend avoir changé d’avis, d’où le titre : « La France n’a pas dit son dernier mot ». On n’est pas forcé de le croire.

Conclusion : Zemmour est un Français de papier

A tous égards, Zemmour est bel et bien communautariste, et il l’est à la perfection. Il n’est pas assimilé, bien qu’il s’applique, non sans talent, à en donner l’apparence. C’est donc un Français de papier.

Annexes

I – Mélenchon sur le judaïsme de Zemmour

Jean-Luc Mélenchon connaît bien Éric Zemmour. On peut même dire qu’ils sont amis – on sait par exemple que le premier s’est rendu à la réception donnée pour le cinquantième anniversaire du second -, bien qu’ils préfèrent tenir leur vieille amitié sous le boisseau, pour des raisons politiques évidentes. Du reste, pour un observateur attentif, leur connivence était évidente lors de leur débat télévisé du 23 septembre 2021. Ils s’étaient mis d’accord à l’avance. Leurs attaques réciproques étaient calculées pour les mettre en valeur l’un comme l’autre auprès de leurs électorats respectifs, qui étaient parfaitement disjoints. Or, sur le plateau de BFM, le 29 octobre 2021, Jean-Luc Mélenchon a expliqué que, pour lui, « Zemmour reproduit beaucoup de scénarios culturels liés au judaïsme ». Il parlait en connaissance de cause.

II – Dissimulation et non assimilation, excellente analyse de Florent Sandali sur le communautarisme du fourbe Zemmour (9 novembre 2021)

« J’aimerais que les « patriotes » pro-Zemmour m’expliquent sur quoi repose la légitimité de leur candidat. L’un de ses principaux fonds de commerce est l’assimilation, en opposition au communautarisme. Ah oui ? Voyons ça de plus près…
1°) Zemmour a-t-il étudié à l’école républicaine, lui le grand défenseur de la République ?
Non, dans une école privée israélite dont, paraît-il, le niveau de l’enseignement était loin d’être exceptionnel.
2°) Zemmour a-t-il épousé une femme française catholique de souche ?
Non, une Tunisienne, naturalisée de fraîche date et de la même confession religieuse que lui.
3°) Zemmour a-t-il élevé ses enfants dans la culture française ?
Non, dans la plus stricte tradition judaïque (circoncision, bar-mitzvah, etc.), laquelle n’a absolument aucun lien avec la civilisation européenne et chrétienne.
4°) Zemmour est-il appelé par son prénom officiel dans sa vie religieuse, donc dans sa vie privée ?
Non, car selon ses déclarations faites en 2010 dans le journal Le Point, il s’appelle Éric Justin Léon dans la vie civile et Moïse (ou plutôt Moshé) à la synagogue.
5°) Zemmour, dans sa campagne pré-présidentielle, est-il principalement entouré de Français de souche européenne et chrétienne ?
Non, car la quasi-totalité de ses acolytes (financiers, conseillers…) appartiennent au même groupe ethno-racial que lui (Knafo, Bolloré-Goldschmidt, Nedjar, Tapiro, Ubéda [en réalité, Olivier Ubéda est d’origine espagnole], Nadler, Madar…).
Ainsi, dans son cas, il ne s’agit pas d’assimilation, mais de dissimulation de son identité réelle et de ses ambitions politiques.
Je suis le premier à dire que Marine Le Pen ne vaut pas grand-chose. Néanmoins, malgré ses défauts, il est plus prudent de voter pour une fille du pays que pour un imposteur qui, comme son congénère Zelenski en Ukraine depuis sa prise de pouvoir en 2019, ruinera le pays. Je peux comprendre que la médiocrité de la droite française officielle (LR, RN et micro-partis) puisse pousser les patriotes à voter pour un individu qui prétend partager l’ensemble de leurs idées, mais, avec ce que l’on sait à son sujet, je considère que cet entêtement frise la (sottise).
Les zemmourites prétendent que leur idole représente l’espoir de la France, alors que c’est par désespoir qu’ils le soutiennent indéfectiblement. Leur malhonnêteté est insupportable. »

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