Les dix raisons du mythe européen

L’enlèvement d’Europe, Rembrandt (1632)

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L’Europe n’est qu’une expression géographique. Il n’y a ni civilisation européenne ni race européenne ni ethnie européenne ni peuple européen. Il y a une civilisation occidentale, dont ne font partie ni la Russie ni l’Ukraine ni la majorité des pays des Balkans, et qui s’est largement étendue hors d’Europe, en Amérique et en Océanie, à la suite des grandes découvertes ; il y a une race caucasoïde, qui inclut beaucoup de peuples en dehors de l’Europe, dans l’ouest de l’Asie et le nord de l’Afrique ; il y a une ethnie française, un peuple français.
Nous dirons, pour paraphraser Joseph de Maistre : « J’ai déjà rencontré un Français, un Italien, un Russe… mais l’“Européen”, s’il existe, c’est à mon insu. » Pourtant, force est de constater que le mythe européen fait florès, et cela depuis longtemps. Il y a dix mauvaises raisons au succès de ce mythe. Ce sont autant de contresens qui s’accumulent pour égarer les esprits.

1. Illusion géographique

Les anciens Grecs ont appelé « Europe » (Eurôpê) les pays qui bordaient la mer Égée à l’ouest, comme l’Attique, et « Asie » (Asia) ceux qui la bordaient à l’est, comme l’Ionie, peuplés de Grecs les uns comme les autres à l’époque, il n’est pas inutile de le noter. Mais, par la suite, le grand historien grec Hérodote (-484/-425), natif d’Halicarnasse en Asie mineure et considéré comme le « père de l’histoire », a découpé le monde connu de lui en trois parties, la troisième étant la Libye (Libyê), devenue pour nous l’Afrique, et il a étendu les notions d’Europe et d’Asie respectivement vers les extrémités occidentales et orientales de l’Ancien Monde. Sa terminologie a mis cependant fort longtemps à s’imposer puisque, dans le Nouveau Testament, par exemple, on voit que l’Asie désigne simplement une province de l’empire romain située en Anatolie, notamment quand, dans l’Apocalypse, saint Jean s’adresse au nom du Christ aux « sept Églises d’Asie » (Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée), toutes situées à l’ouest de l’actuelle Turquie.
Il faut avouer que la division opérée par Hérodote était fort artificielle, du point de vue de la géographie humaine évidemment, puisque les Grecs occupaient les deux côtés de la mer Égée, mais aussi pour la géographie physique, puisque le grand historien ne pouvait pas ignorer la continuité territoriale entre son « Europe » et son « Asie » au nord de la mer Égée et de la mer Noire, à travers les plaines de la Russie actuelle, alors habitées par les Sarmates. De nos jours, il suffit de regarder une mappemonde pour comprendre que l’Europe et l’Asie ne font qu’une. De plus, l’isthme de Suez a moins de raison de séparer deux continents que l’isthme de Panama puisqu’il est deux fois plus large que celui-ci ; la mer des Caraïbes est bien plus étendue que la Méditerranée ou que la mer Rouge et il y a bien plus de distance entre la Floride et le Vénézuéla qu’entre l’Espagne et le Maroc, séparés par le détroit de Gibraltar, ou qu’entre le Yémen et Djibouti, séparés par le détroit de Bab-El-Mandeb. L’Amérique du nord et du centre se détache bien davantage de l’Amérique du sud que l’Eurasie ne le fait de l’Afrique. Il vaudrait mieux parler d’un seul continent, l’Eurasafrique, au lieu de trois… L’Ancien Monde ne fait qu’un et le continent européen n’existe tout simplement pas.
Les géographes sont coupables d’avoir paresseusement conservé des notions anciennes qui n’avaient pas de fondement scientifique. De surcroît, au XVIIIe siècle, à la demande de l’empereur de Russie Pierre le Grand (qui régna de 1682 à 1725), qui voulait occidentaliser son pays, qu’on mettait avant lui en Asie, un géographe aux ordres, Vassili Tatichtchev (1686-1750), a repoussé jusqu’à l’Oural la frontière de l’Europe bien que les collines qui étaient au centre de cette chaîne de montagnes ne fissent que 500 mètres de haut et qu’on les franchît aisément. Celle-ci ne constituait en aucune façon une frontière naturelle entre deux espaces. De plus, au sud des monts Oural, Tatichtchev a fixé la limite sur le fleuve du même nom, qui se jette dans la mer Caspienne. Son embouchure se situe dans le Kazakhstan actuel, ce qui met un bout de ce pays en Europe… Auparavant, on considérait que l’Europe s’arrêtait au Dniepr, fleuve qui coule à l’est de l’Ukraine actuelle et qui se jette dans la mer Noire, ou bien au Don, qui coule à l’ouest de la Russie et se jette dans la mer d’Azov (laquelle n’est en réalité qu’un golfe de la mer Noire), ce qui, dans un cas comme dans l’autre, reléguait la Russie en Asie…
Il fallait aussi définir les limites de l’Europe au sud et il était à cet égard logique, dès lors que ce pseudo-continent allait jusqu’à l’Oural, qu’elles fussent fixées au Caucase, vaste ensemble montagneux entre la mer Noire et la mer Caspienne, et plus précisément sur la zone axiale du grand Caucase, qui culmine au mont Elbrouz à quelque 5.600 mètres, ce qui laissait la Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie à l’Asie.
Le penchant des hommes à confondre les catégories, à s’imaginer que les mots sont des choses, qu’un mot ne peut pas désigner une chose qui n’existe pas, et à s’abandonner à des vues simplistes, a fait ensuite que l’on a prêté à chacune de ces deux notions conventionnelles, l’Europe et l’Asie, une unité culturelle propre qu’elles n’avaient en rien, ni l’une ni l’autre. Aujourd’hui, un Libanais, chrétien ou non, qui est un Asiatique, est bien plus proche d’un Grec, pourtant qualifié d’Européen, que d’un Chinois.
La géopolitique s’en est mêlée. On se souvient de Charles de Gaulle évoquant une mythique Europe « de l’Atlantique à l’Oural » et qui semblait par là prêter à cette Europe une unité historique, culturelle et politique imaginaire.
Nous devons nous délivrer de l’illusion géographique. L’Europe est mal définie au regard de la géographie physique. Du reste, même si elle l’était, cela ne lui donnerait aucun titre à figurer dans la géographie humaine. Pourquoi cette prétendue Europe aurait-elle plus d’unité culturelle que l’Asie ou l’Afrique, qui n’en ont aucune ?

2. Prestige de la Grèce

Lorsqu’il fut question de l’adhésion de la Grèce à la Communauté économique européenne, future Union européenne, qu’elle rejoignit le 1er janvier 1981, à la fin du mandat de Valéry Giscard d’Estaing, ce qui n’avait rien d’évident, eu égard à la corruption et à la gabegie typiquement orientales qui sévissaient dans le pays, le président français déclara que l’on ne pouvait pas fermer la porte de l’Europe à Platon… C’était une belle ineptie. La Grèce actuelle a beau parler un sabir lointainement dérivé de la langue de Platon, elle a très peu à voir avec la Grèce antique, dont le territoire a connu plusieurs grands remplacements, sous chacun des quatre empires successifs dont elle a fait partie : brassage de populations sous l’empire macédonien fondé par Alexandre et partagé entre ses successeurs ; populicide perpétré par les Romains et repeuplement du pays par des immigrés venus du Proche-Orient ; invasion des Slaves par le nord sous l’empire byzantin ; massacres et déportations massives sous l’empire turc ottoman. Autant dire qu’il ne reste plus grand-chose aujourd’hui dans ce territoire de ce qu’il y avait jadis, à l’origine de la Grèce, à part les ruines des monuments antiques. Rastapopoulos ne ressemble guère à Périclès, ni physiquement ni moralement.
Au XVIIIe siècle, des idéologues ont créé une langue artificielle qu’ils voulaient pure, la katharevousa (de katharos, pur) sur la base du grec ancien, mais celle-ci n’a jamais été adoptée par la population et a fini par être abandonnée au profit du démotique, dêmotikê (de dêmos, peuple ; rien à voir avec le démotique égyptien), la langue vulgaire, mélangée de latin, de slave, d’italien et de turc.
La civilisation grecque s’est noyée de longue date dans la civilisation orientale, dont la Grèce actuelle fait encore partie. Cela remonte à Alexandre de Macédoine, qui a achevé la conquête de l’empire perse en 330 av. J.-C. après avoir défait Darius. Les royaumes hellénistiques des héritiers d’Alexandre, Séleucides en Syrie, Mésopotamie, Iran, Lagides en Égypte, la Grèce actuelle étant échue aux Antigonides, ont repris les principes et adopté la civilisation de l’empire perse achéménide : ils se sont orientalisés. En outre, si l’héritage de la Grèce antique a irradié la civilisation occidentale par l’intermédiaire des Romains, il n’en demeure pas moins que la civilisation romaine était très différente de la nôtre, comme l’était la civilisation grecque, laquelle a disparu en nous laissant un souvenir éclatant.
C’est le prestige de la Grèce antique qui nous a fait accroire que l’Europe existait, comme s’il y avait une essence de l’Europe ; c’est lui qui fait encore adhérer à l’idée frauduleuse d’une unité européenne parce que c’est elle qui a inventé le mythe européen au temps d’Hérodote.
Il est amusant que, dans la mythologie grecque, Eurôpê, notre Europe, fût une princesse de Phénicie, le Liban actuel, et qu’elle fût donc asiatique et sémitique. Le dieu Zeus, transformé en taureau, l’a enlevée avant de prendre une forme humaine pour s’unir à elle et lui donner trois enfants. Ceux-ci auraient fondé des villes qui auraient formé une province, laquelle aurait reçu le nom le leur mère Europe, avant que celui-ci fût étendu par Hérodote aux terres qui étaient au nord et à l’ouest.
Le pays qui a conservé le nom de Grèce, et qui n’a pratiquement que cela en commun avec celle de l’Antiquité, a recueilli bien à tort une part du prestige de cette dernière et il est tenu de ce fait, contre toute vérité, pour un élément indiscutable de notre civilisation.

3. Confusion entre Europe et chrétienté

Il est de fait que la chrétienté, c’est-à-dire l’ensemble des peuples chrétiens, a coïncidé à peu près avec le pseudo-continent européen jusqu’à la colonisation qui a suivi les grandes découvertes à partir du XVIe siècle et qui l’a étendue à toute l’Amérique, ainsi qu’en Afrique noire et en Océanie, sans oublier, en Asie, les Philippines. Il ne s’ensuit pas pour autant que tous les peuples d’Europe ni que tous les peuples chrétiens aient jamais partagé la même civilisation, d’une part parce que la civilisation ne se réduit pas à la religion, quelle que soit l’importance de celle-ci dans la culture, d’autre part parce que le christianisme n’est pas uniforme, mais qu’il a au contraire éclaté en suivant la frontière entre les civilisations.
Le christianisme est né en Palestine, donc en Orient, parmi les Juifs, peuple sémitique et donc oriental, avant de se répandre dans le monde entier suivant le précepte du Christ : « Allez donc et instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit… » (Matthieu, XXVIII 19). Cette religion universaliste, qui s’adresse à tous les hommes, s’est émancipée grâce à Jésus-Christ du fonds sémitique en rejetant la loi mosaïque, en abolissant l’Ancienne Alliance pour en fonder une Nouvelle, et ne saurait être identifiée à une civilisation particulière, pas même à l’Occident, bien que l’Église catholique et apostolique soit aussi romaine et que le pape, évêque de Rome, soit appelé « souverain pontife », ayant repris ce titre au culte païen des anciens Romains.
Jusqu’aux conquêtes arabes qui ont suivi la mort de Mahomet en 632, la chrétienté incluait le Proche-Orient et l’Afrique du nord et elle était autant asiatique et africaine qu’européenne, d’autant qu’une bonne partie de l’Europe était encore païenne. De plus, si l’islam a éradiqué le christianisme en Afrique du nord de la Libye au Maroc, celui-ci est resté vivace en Égypte comme dans tout le Proche-Orient pendant longtemps et il y a survécu jusqu’à nos jours. Dans le sud du Caucase, la Géorgie et l’Arménie sont chrétiennes. La lointaine Éthiopie est aussi demeurée en partie chrétienne, ainsi que sa voisine l’Érythrée, dans les ethnies amhara et tigréenne.
Il n’y a donc eu de coïncidence entre l’Europe et la chrétienté que du VIIe au XVe siècle et celle-ci n’a jamais été parfaite puisqu’il restait des chrétiens en dehors d’Europe et que celle-ci comptait aussi des musulmans et des Juifs. Des Turcs musulmans étaient en effet entrés en Russie par le nord de la mer Caspienne. Ce furent notamment les Tatars, résidu de la Horde d’or, qui forment aujourd’hui une république de la fédération de Russie, capitale Kazan, sur la Volga, à l’ouest de l’Oural. Les Tatars de Crimée avaient constitué un khanat d’abord indépendant avant d’entrer dans l’orbite de l’empire ottoman, puis d’être conquis par les armées de la Grande Catherine, impératrice de Russie, à la fin du XVIIIe siècle.
Les Turcs ottomans, qui ont dominé les Balkans, lesquels portent un nom turc, pendant quatre cents ans, du XVe au XIXe siècle, y ont introduit l’islam en convertissant les Albanais, les Bosniaques et les Pomaques de Bulgarie. Ils ont été aussi nombreux à s’y installer avant d’en être expulsés après la première guerre mondiale et la dislocation de l’empire ottoman, sauf pour ce qui reste de la Turquie en Europe à l’ouest d’Istamboul.
La Russie incorpore actuellement une trentaine de millions de musulmans, le cinquième de la population, qui sont en majorité en « Europe » et qui comprennent, outre les Turcs, les populations non turques du Caucase.
L’essentiel, cependant, n’est pas là. La proximité religieuse de tous ceux qui partagent la foi dans le Christ n’implique aucune forme d’unité culturelle ou politique, ni même religieuse. Il est légitime, il est salutaire, que les chrétiens d’Occident prennent fait et cause pour les chrétiens d’Orient, car ceux-ci sont persécutés par les musulmans, faisant passer au second plan un passé chahuté et les controverses doctrinales qui les ont opposés jadis. Il n’empêche que celles-ci ont depuis longtemps brisé l’unité religieuse.
Les chrétiens du Proche-Orient adhéraient soit au nestorianisme, hérésie condamnée au concile d’Éphèse en 431, soit au monophysisme, hérésie condamnée au concile de Chalcédoine en 451. Pour ce qui est des chrétiens d’Europe orientale, l’œcuménisme mis à la mode par le concile Vatican II (1965) ne doit pas nous faire oublier l’histoire, qui a creusé un fossé entre les deux ou plutôt les trois parties de l’Europe – Occident, Orient, monde russe. La rupture de 1054 était plus qu’un simple schisme puisque le légat du pape, évêque de Rome, a déposé sur l’autel de la basilique Sainte Sophie à Constantinople une bulle d’excommunication. Celle-ci anathématisait le patriarche et l’Église byzantine, dont il était le chef, parce qu’il refusait d’ajouter dans le Credo la précision essentielle du Filioque (expression qui signifie « et du Fils » en latin – kai tou Yiou en grec – : « Je crois au Saint Esprit, qui procède du Père et du Fils »). Dès lors, il est abusif, pour un catholique, de qualifier les chrétiens byzantins d’« orthodoxes », adjectif qui signifie « qui se conforme au dogme », comme si ceux-ci partageaient intégralement la foi des catholiques romains et alors qu’ils sont en réalité hétérodoxes, autrement dit hérétiques.
En fait, la division de l’Europe entre l’Orient et l’Occident remontait plus haut. Elle datait de celle de l’empire romain effectuée en l’an 394 par l’empereur Théodose, qui le partagea entre ses deux fils, attribuant l’Occident, qui parlait latin, à Honorius et l’Orient, qui parlait grec, à Arcadius. D’où la frontière des alphabets : latin à l’ouest, grec et surtout cyrillique, adapté du précédent pour les Slaves de religion byzantine, à l’est. C’est aussi à cette époque, autour de l’an 400, que l’Église romaine a abandonné la Septante, version grecque de l’Ancien Testament, pour adopter la Vulgate de saint Jérôme, traduction en latin à partir de l’hébreu, en sorte que les deux parties de l’Église chrétienne n’ont plus eu la même Bible, Byzance, pour sa part, étant toujours restée fidèle à la Septante.
La chrétienté est une notion religieuse et humaine qui ne définit pas une civilisation. Même pendant les huit cents ans où elle a coïncidé peu ou prou avec l’Europe, elle n’a conféré à celle-ci aucune unité culturelle.

4. Confusion entre Europe et Occident

La France appartient à la civilisation occidentale, mais celle-ci n’englobe pas toute l’Europe et elle s’étend aujourd’hui hors d’Europe, en Amérique et jusqu’aux antipodes, en Australie et Nouvelle-Zélande. Comme nous le rappelle la phrase ressassée de Paul Valéry (« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »), la plupart des civilisations que les hommes ont créées ont aujourd’hui disparu : il en est ainsi notamment des civilisations grecque et romaine, qui ont précédé la nôtre. Il en reste six dans le monde contemporain : l’Occident, l’Orient, le monde russe, le monde indien, le monde chinois et l’Afrique noire. En Europe, l’Occident s’arrête à l’est à la frontière des alphabets, frontière qui est aussi celle des religions : christianisme romain à l’ouest, christianisme byzantin à l’est (étant précisé que le roumain s’écrivait en caractères cyrilliques jusqu’au XIXe siècle, que l’albanais ne s’écrivait pratiquement pas avant le XXe siècle et alors selon les alphabets grec, cyrillique ou arabe, ou encore selon des alphabets particuliers forgés pour cette langue, l’alphabet latin n’étant utilisé que par la minorité catholique). La prétendue réforme de l’Allemand Martin Luther et du Français Jean Calvin au XVIe siècle qui a donné naissance au protestantisme n’a pas brisé l’unité culturelle de l’Occident. Les catholiques s’imaginent souvent que leur foi est plus proche de celle des soi-disant orthodoxes que de celle des protestants. C’est une erreur, notamment parce que catholiques et protestants continuent à professer le même Credo, avec le Filioque, qui n’est pas celui des « orthodoxes ».
Il y a en fait trois Europe et non deux. Bien que les Russes aient adopté le christianisme byzantin, ils ont formé une civilisation propre qui résulte de l’interpénétration des éléments slaves, ouraliens et turcs, avec un forte infusion de sang mongoloïde. Les pays dits orthodoxes des Balkans appartiennent à la civilisation orientale, tout autant que la Géorgie, qui professe la même religion, ou encore que l’Arménie et l’Éthiopie, qui ont adopté pour leur part le christianisme monophysite, et tout autant que les pays musulmans du Proche-Orient et d’Afrique du nord. L’islam n’a pas fait apparaître une nouvelle civilisation, il a confisqué celle qui était née avec Cyrus, fondateur de l’empire perse achéménide en 550 av. J.-C., et qui fut successivement zoroastrienne et chrétienne avant les conquêtes musulmanes.
La civilisation occidentale s’est formée en Europe sur les ruines de la civilisation romaine, mais elle n’a jamais été que celle de l’ouest de l’Europe avant de s’étendre hors d’Europe.
Comme l’a écrit Henri de La Bastide, l’Occident est la « civilisation de la personne », en ce sens qu’elle met la liberté individuelle au cœur de sa conception de l’homme. Les chrétiens d’Occident, s’ils sont appelés à l’obéissance envers Dieu, ne sont pas ses esclaves, à la différence des Orientaux, qui peuvent s’appeler Théodule, ce qui signifie « esclave de Dieu » en grec, ou Abdelmasih, « esclave du Christ » en arabe, s’ils sont chrétiens ; ou Abdallah, « esclave d’Allah », s’ils sont musulmans, avec autant de variantes qu’il y a d’épithètes d’Allah dans le Coran, ce qui donne par exemple Abd-el-Kader ou Abd-el-Krim. L’Occidental s’agenouille devant Dieu comme un sujet devant son seigneur (dominus en latin, kyrios en grec) ou un vassal devant son suzerain, l’Oriental se prosterne, comme un esclave devant son maître.
Avec le principe du libre examen, le protestantisme résulte au fond d’une radicalisation de l’individualisme qui est inhérent à la civilisation de la personne. Le mariage se fait en Occident par l’échange de consentements entre l’homme et la femme. Rien de tel en Orient dans la cérémonie du mariage, où la femme n’a pas son mot à dire.
On peut affirmer aussi bien que l’Occident est la civilisation de l’Incarnation, avec un « I » majuscule, en référence au dogme chrétien de l’Incarnation du Christ, vrai Dieu et vrai homme. Seul le christianisme occidental, catholique ou protestant, l’a vraiment compris. Les grandes hérésies qui sont nées en Orient ont toutes été fondées sur le refus de recevoir le mystère de l’Incarnation dans sa plénitude. Les « ariens », disciples d’Arius, (aucun rapport avec les Aryens ou Indo-Européens) soutenaient que le Christ avait été créé par le Père. Les nestoriens ne voulaient pas que la Vierge Marie fût dite Theotokos, Mère de Dieu, parce qu’ils estimaient que deux Personnes ou Hypostases, l’une divine, l’autre humaine, coexistaient en Jésus. Les monophysites n’acceptaient pas que le Christ eût une nature humaine qui s’ajoutât à sa nature divine, qu’il fût à la fois vrai Dieu et vrai homme. Dans sa version extrême, il a abouti au docétisme, théorie selon laquelle Jésus était un fantôme qui avait pris l’apparence de l’homme, mais qui, en réalité, n’avait pas de corps. Les monothélites, quant à eux, qui défendaient une version adoucie du monophysisme, ne voulaient pas admettre que le Christ eût une volonté humaine ; cette hérésie, qui avait été soutenue par le pape Honorius Ier, a été condamnée en 681 par le troisième concile de Constantinople, sixième concile œcuménique, qui a anathématisé Honorius Ier post mortem (comme quoi un pape peut être hérétique…). Deux Personnes, deux natures ou deux volontés : c’est toujours une manière de refuser l’Incarnation.
Les chrétiens byzantins eux-mêmes, qui se sont dégagés non sans peine de ces quatre hérésies précédentes, ont rejeté le dogme du Filioque selon lequel le Saint-Esprit procède non seulement du Père, mais aussi du Fils. Or, si le Saint-Esprit, qui sauve les hommes en leur donnant la grâce, ne procédait pas du Fils, la mission de celui-ci pour le salut des hommes se serait achevée avec le sacrifice de la Croix ; au contraire, selon la foi catholique, elle se poursuit par le Saint-Esprit jusqu’à la fin des temps. Les fidèles dont l’âme est pénétrée par la grâce sont habités ainsi par la manifestation conjointe des trois Personnes divines. Si l’on nous pardonne cet oxymore, nous dirons que l’infusion de la grâce dans l’âme réalise une « incarnation spirituelle » qui prolonge l’effet salvifique du sacrifice du Christ Rédempteur jusqu’à son retour glorieux à la fin des temps. Le chrétien d’Occident sait qu’il a en lui une part de divin qui lui donne vocation à la liberté.
On peut aussi écrire « civilisation de l’incarnation » avec un « i » minuscule, en prenant le mot dans un sens plus faible par analogie avec celle du Christ. Le fait que Dieu ait choisi de s’incarner en prenant la nature humaine confère à celle-ci, que tout homme partage, la grandeur et la dignité. Telle est la conception de l’homme qui prévaut en Occident et qui n’est ni celle de l’Orient ni celle du monde russe.
L’étymologie n’est pas la théologie, sans doute, mais il faut savoir que le mot « âme » vient du latin anima, qui signifie « souffle » et qui a donné en outre en français « animal » et « animation ». L’âme et l’esprit sont inséparables puisque le mot latin spiritus, qui a donné « esprit », signifie d’abord aussi souffle ou respiration. Même doublet en grec, où pneuma et psychê signifient en premier lieu « souffle » l’un comme l’autre, bien que l’on traduise le premier par « esprit » et le second par « âme ».
Le dictionnaire français définit l’âme comme « un des deux principes composant l’homme, principe de la sensibilité et de la pensée », et aussi comme « le principe spirituel de l’homme, conçu comme séparable du corps, immortel et jugé par Dieu ». Définition exacte, si ce n’est que cette séparation de l’âme et du corps qui se produit à la mort n’est pas définitive pour un chrétien, qui croit à la résurrection des corps à la fin des temps. « Principe spirituel », autrement dit l’âme et l’esprit se confondent. En théologie, l’animation est l’union de l’âme et du corps, ce que nous pourrions appeler aussi « incarnation », sans majuscule, laquelle est réalisée dans chaque être humain, dès la conception.
Le IVe concile de Constantinople (869), huitième concile œcuménique, a condamné Photius, ex-patriarche de ladite ville, qui avait prétendu que l’homme avait deux âmes et qui avait donc défendu la trichotomie corps, âme, esprit. La dichotomie de l’âme et du corps est l’expression de l’incarnation individuelle de l’âme dans le corps, laquelle est un reflet de l’Incarnation du Fils de Dieu. La trichotomie refuse cette incarnation et tend au gnosticisme dans la mesure où elle conçoit un esprit qui habite le corps de l’homme sans s’unir à lui. Il n’est donc pas étonnant que l’Orient et l’Occident se soient opposés sur ce point. L’Église byzantine a fait de Photius un saint et un Père de l’Église, et elle a gardé jusqu’aujourd’hui la doctrine hérétique de la trichotomie héritée de celui-ci.
La conjonction de l’âme, principe spirituel, et du corps, donnée matérielle, est une première forme d’incarnation, mais celle-ci prend toute sa majesté en Occident parce que l’on y croit que le Christ, modèle du chrétien, est à la fois vrai Dieu et vrai homme.

5. Proximité de l’Occident et du monde russe

Pierre le Grand a tout fait pour occidentaliser la Russie, notamment en déplaçant la capitale de Moscou à Saint-Pétersbourg, à l’extrémité occidentale de son immense empire. Le mouvement s’est poursuivi après lui et la Russie a subi une profonde influence de l’Allemagne et de la France, d’autant que de nombreux Allemands s’y sont installés et ont formé une bonne partie de ses élites. C’est une idéologie venue d’Occident, le marxisme, que les communistes ont imposée aux Russes, de la révolution bolchévique de 1917 à l’effondrement de l’URSS en 1991. Si le monde russe est resté une civilisation distincte, il n’en demeure pas moins que celle-ci est la plus proche de la nôtre. C’est pourquoi certains, fermant les yeux sur ses particularités manifestes, voudraient inclure la Russie dans l’Occident. C’est une erreur. Les différences culturelles restent très profondes. Il faudrait priver la Russie de ses traditions et de sa religion pour qu’elle pût s’identifier à l’Occident.
Non, la Russie ne fait pas partie de l’Occident. Ainsi, l’Europe n’est pas une.

6. Confusion entre caucasoïde et « Européen »

Dans le langage courant des Français, lorsqu’il n’est pas cosmopolitiquement correct, on oppose volontiers les « blancs » aux immigrés extra-européens, comme si la race « blanche » était réservée à l’Europe. Cette façon de parler a beau relever d’une salutaire conscience de race et s’inscrire dans une longue tradition, elle est erronée et crée la confusion.
Au moyen âge, avant les grandes découvertes réalisées par les navigateurs portugais au XVe siècle, on ne connaissait pas l’Afrique noire et l’on confondait les Berbères d’Afrique du nord, arabisés ou non, qui étaient plus ou moins métissés de congoïdes et avaient donc souvent la peau foncée, avec ceux-ci. « Maure » ou « Sarrasin » était synonyme de « noir » et c’est de là que l’ingrédient des excellentes galettes bretonnes, qu’on appelle aussi « blé noir », tire son nom. Mais les Nord-Africains ou Maghrébins n’ont pas plus de 10% ou 15% de sang congoïde en moyenne. À la base, ce sont des caucasoïdes.
La race est un fait d’observation élémentaire que la science confirme et précise. Il y a cinq races humaines : caucasoïdes ou « blancs », mongoloïdes ou « jaunes », congoïdes, capoïdes et australoïdes, les trois dernières races étant qualifiées collectivement de « noirs ». Or, la race caucasoïde ne se limite nullement à l’Europe. Elle inclut les Arabes et les Berbères, nettement métissés en Afrique du nord, surtout en Égypte et au Maroc, et aussi les Indo-Européens d’Asie, Arméniens et Indo-Iraniens, ces derniers étant métissés d’australoïdes dans le sous-continent indien, ainsi que les Géorgiens et autres Caucasiens (c’est-à-dire les habitant du Caucase qui parlent une langue caucasienne, ni indo-européenne ni ouralo-altaïque). Un Libanais est tout aussi « blanc » qu’un Grec. Les Turcs eux-mêmes, qui étaient de purs mongoloïdes à l’origine, sont aujourd’hui très métissés de caucasoïdes, à tel point que ceux de la Turquie ottomane, capitale Ankara, ont moins de 20% de sang mongoloïde en moyenne.
Les Italiens du sud sont bien plus proches génétiquement des Tunisiens que des Suédois. Selon un adage plus populaire à Milan qu’à Naples, « al nord del Tevere, tutti Tedeschi ; al sud del Tevere, tutti Arabi » : au nord du Tibre, tous des Allemands ; au sud du Tibre, tous des Arabes… Les Andalous, au sud de l’Espagne, sont bien plus proches des Berbères du Rif, au nord du Maroc, quand ceux-ci ne sont pas métissés de congoïdes, que des Norvégiens. Idem pour une bonne partie des Français du Midi en général et de Narbonne en particulier, que Louis-Ferdinand Céline a dénigrés en les qualifiant méchamment de « narbonnoïdes » dans L’école des cadavres en 1938. Nous trouvons pour notre part que cette épithète est odieuse et surtout antinationale puisque, s’il y a bien une « diversité » que nous avons acceptée et même proclamée, c’est celle des Français de sang, tous de race caucasoïde, certes, mais de types variés. Par exemple, Charles Maurras, éminent et valeureux Français de Provence, dont le nom venait justement de « Maure », ressemblait physiquement à un Nord-Africain ; on comprend que le racisme de Hitler, qui préférait les nordiques aux méditerranéens (bien qu’il eût lui-même les cheveux bruns…) ne l’ait pas enthousiasmé…
De surcroît, l’Europe est loin d’être parfaitement caucasoïde. Les Samoyèdes du nord de la Russie sont le seul peuple d’Europe qui soit encore purement ou essentiellement mongoloïde, mais les populations de langues finno-ougriennes, apparentées au samoyède au sein de la famille ouralienne, sont issues d’une même souche mongoloïde et gardent dans leur fonds génétique une portion de sang mongoloïde, même les Finnois et les Estoniens ; c’est du reste ce mélange qui est apparemment à l’origine de la sous-race est-baltique de la race caucasoïde.
Les Turcs étaient de même à l’origine, nous l’avons dit, de pure race mongoloïde. Partis de Sibérie orientale, ils sont allés vers l’ouest en se métissant de plus en plus au fur et à mesure qu’ils grand-remplaçaient les peuples aryas, lesquels étaient de race caucasoïde, selon une méthode éprouvée : on tue les hommes adultes, on prend les femmes, on garde leurs enfants et on leur en fait d’autres. Des Huns d’Attila, arrêtés en 451 dans la plaine des champs Catalauniques, près de Troyes, aux Ottomans de Kara Mustafa, qui le furent à Vienne en 1683, les Turcs, ainsi que leurs cousins les Mongols, n’ont cessé de déferler sur toute l’Eurasie et jusqu’en Afrique du nord, pendant douze siècles. S’agissant de l’Europe, après les Huns, ce furent les Avars, les Bulgares, les Khazars, les Petchenègues, les Kipchaks, les Kazakhs, les Tatars… Les Bulgares ont fini par donner leur nom à la Bulgarie, en se noyant dans la population slave, qui en a reçu une bonne part de son fonds génétique. Les Khazars se sont convertis au judaïsme et, repoussés vers l’ouest par l’invasion mongole du XIIIe siècle, sont à l’origine des Juifs achkénazes (d’où les pommettes saillantes de Simone Veil ou Gilles-William Goldnadel, par exemple). Les Kazakhs ont donné leur nom aux fameux Cosaques d’Ukraine.
De toutes ces invasions turques, il s’ensuit qu’il y a dans les populations slaves de l’est de l’Europe une forte infusion de sang mongoloïde qui s’est ajoutée à celle qu’elles tenaient du contact avec les populations ouraliennes. Ce que l’on appelle couramment le « type slave » en porte témoignage. (Le président Vladimir Poutine, symbole vivant de la grande Russie, est un parfait exemple de ce métissage, de ce mélange intime de Slaves, d’Ouraliens et de Turcs – avec une composante scandinave apportée par les Varègues qui ont fondé la Russie – qui a formé l’identité du monde russe : petit de taille, brachycéphale, platyrhinien, il a les pommettes saillantes, le visage rond et plat en « face de lune », les yeux légèrement bridés, la peau mate, les cheveux plats et noirs, blanchis et dégarnis par l’âge ; il a visiblement une bonne dose de sang mongoloïde.)
Au total, les Grands-Russes, à distinguer des Russes-blancs ou Biélorusses et des Petits-Russes ou Malorusses, alias Ukrainiens, sont plus fortement métissés de mongoloïdes que les Nord-Africains ne le sont de congoïdes. Si l’on ne veut pas compter les seconds pour des « blancs », il faut alors refuser aussi l’étiquette aux premiers.
Les Turcs eux-mêmes, qui sont dans l’ensemble restés nettement plus mongoloïdes que leurs voisins slaves, sont plus de dix millions en Russie, avec les Tatars, les Tchouvaches et les Bachkirs, principalement, mais aussi, dans le Caucase, les Karatchaïs, les Koumyks et les Nogaïs. (Quoique officiellement russe, Lénine était en réalité tchouvache par son père, donc turc ; et juif achkénaze par sa mère, donc khazar, encore turc.)
Il est probable que les langues ouraliennes, comme le finnois et le hongrois, et les langues altaïques, soit les langues turques, mongoles et mandchoues, doivent être réunies dans une super-famille ouralo-altaïque. Cela veut dire que toutes ces populations, aussi différentes qu’elles soient actuellement, ont une lointaine origine commune dans un peuple qui vivait quelque part en Sibérie et qui était purement mongoloïde. Ses gènes ont été véhiculés par les porteurs de ces langues. Voilà pourquoi la prévalence du sang mongoloïde est importante dans le monde russe et en général à l’est de l’Europe.
Le monde russe se distingue donc aussi de l’Occident par la race ou plus précisément par le métissage.
Certains esprits faux invoquent la continuité génétique des populations d’Europe pour en conclure qu’elles auraient une unité biologique. C’est un pur sophisme. Il est artificiel et contraire à toute méthodologie sérieuse de découper dans l’espace une nappe aux frontières de l’Europe. La continuité génétique en question se poursuit jusqu’en Asie centrale à travers la Sibérie, jusqu’au Proche-Orient et en Afrique du nord à travers la Méditerranée. La sous-race méditerranéenne de la race caucasoïde s’étend dans le sud de l’Europe, le Proche-Orient et l’Afrique du nord. Pour celle-ci, c’est le métissage avec les congoïdes qui a pu créer une différence marquée.
Ajoutons que la taxinomie ne connaît que des races et des sous-races, et qu’il est absurde d’essayer de faire un agglomérat de sous-races pour inventer une prétendue unité génétique des populations européennes. C’est un fantasme pseudo-scientifique inspiré par une idéologie frelatée.
L’« Européen » n’existe pas, pas davantage pour la génétique que pour la sociologie ou la culturologie.
Le langage courant, quand il parle des « blancs » par opposition aux non-Européens, confond la race, catégorie biologique, et l’ethnie, catégorie culturelle. Les ethnies d’Afrique ou d’Asie relèvent certes d’une autre civilisation que la nôtre, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elles soient toutes d’une autre race. En outre, si les Russes (Grands-Russes, Biélorusses, Ukrainiens), les Roumains (y compris les Moldaves), les Bulgares (y compris les Macédoniens), les Serbes (y compris les Monténégrins), les Bosniaques, les Albanais et les Grecs sont des caucasoïdes, sous la réserve que nous avons faite pour les Russes, cela ne signifie pas que leurs ethnies fassent partie de notre civilisation occidentale.
Il vaut donc mieux parler de Français, de Français de sang ou d’Occidentaux que de « blancs » ou d’« Européens ». Quant aux allogènes venus d’Afrique ou d’Asie, on peut les qualifier collectivement de ce nom, ou plus simplement d’« immigrés », en prenant ce mot, comme c’est devenu l’usage, dans une autre acception, comme synonyme d’allogène – on dit aussi allochtone, par opposition à autochtone –, quel que soit le lieu de naissance – et en acceptant d’englober sous ce vocable les immigrés venus de l’est de l’Europe, au delà des limites de l’Occident, et même ceux venus des pays occidentaux : au sens strict, un immigré italien est un allogène. On peut aussi les caractériser par leur religion, comme Juifs, musulmans ou bouddhistes par exemple, ou par leur race, comme congoïdes ou mongoloïdes. Il n’y a pas de terme générique pour désigner les non-Occidentaux et cela n’a pas de sens de parler de non-Européens, comme si les Européens avaient une unité ou une identité propre.

7. Confusion entre nordique et « Européen »

Les races se subdivisent elles-mêmes en sous-races, terme de taxinomie qui n’a rien de péjoratif. Par exemple, les Français sont un mélange intime de trois sous-races de la race caucasoïde : alpine, méditerranéenne et nordique. La première est surtout représentée en France et ne l’est pas en dehors de l’Occident. La deuxième l’est au contraire sur tout le pourtour de la Méditerranée, au Proche-Orient comme en Afrique du nord. La troisième, qu’on appelait naguère « race aryenne » parce qu’elle était caractéristique des Indo-Européens, dénommés aussi Aryas ou Aryens, jouit d’un grand prestige depuis Arthur de Gobineau et son Essai sur l’inégalité des races humaines (1855) ; si elle existe hors d’Europe dans les peuples indo-européens, elle y est très diluée. Comme on sait, c’est le blondisme qui caractérise le type nordique. Plus précisément, les nordiques sont de grande taille, dolichocéphales (crâne allongé, par opposition à brachycéphale, crâne rond), orthognathes (profil rectiligne, par opposition à prognathe, mâchoire saillante) et leptorhyniens (nez mince et allongé, par opposition à platyrhinien, nez large et plat), ils ont les cheveux blonds ou roux, les yeux bleus ou verts, la peau claire.
Un certain courant de pensée, qui semble avoir des accointances inavouées avec l’idéologie hitlérienne, affirme que c’est le sang nordique, celui apporté par les Aryas, qui définirait l’Europe. L’ennui de cette théorie, c’est que la proportion de celui-ci varie considérablement selon les pays et les régions, que la proportion de sang nordique est inférieure, souvent très inférieure, à 50%, dans la majeure partie de l’Europe et surtout que l’on ne peut pas réduire la culture à la race ou à la sous-race. La forte prévalence de la sous-race nordique dans le monde russe, due en partie à la contribution génétique des Scandinaves qui ont fondé la Russie au Xe siècle, est sans doute une des raisons de la proximité de cette civilisation avec la nôtre, mais elle ne suffit pas à les confondre.
Ce courant de pensée néo-hitlérien est principalement représenté en France par la PND, prétendue nouvelle droite (qui n’est en réalité ni nouvelle ni de droite), dont le noyau est formé par le GRECE d’Alain de Benoist et François Bousquet, « Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne », c’est-à-dire pour une civilisation qui n’existe pas. L’Institut Iliade, officine satellite de la PND, dans un article de décembre 2022 sur le sujet de l’Europe et de l’Occident, où figure un festival d’inepties, a produit une variante de la théorie nordique en soutenant que l’unité de l’Europe viendrait de la fusion des trois couches qui ont formé la population de la France et des pays voisins : les chasseurs ouest-européens, qui sont arrivés avant -30000 (av. J.-C.), les paysans anatoliens, arrivés à partir de -6000, enfin les conquérants indo-européens, arrivés au début de l’âge du bronze, à partir de -3000, et qui ont infusé du sang nordique dans les deux couches précédentes en se mêlant avec elles. L’ennui, c’est que les chasseurs ouest-européens, comme leur nom l’indique, ne se trouvaient que dans l’ouest de l’Europe, qu’ils étaient bien distincts des chasseurs est-européens et qu’ils sont justement au contraire un des critères qui distinguent les populations des diverses parties du pseudo-continent européen ; que les paysans anatoliens, comme leur nom l’indique aussi, se trouvaient à l’origine en Anatolie, c’est-à-dire en Asie mineure, que leurs descendants sont dans tout le Proche-Orient, et qu’ils se sont installés effectivement dans les Balkans et dans l’ouest de l’Europe, mais non dans ce qui est devenu le monde russe. Quant aux conquérants indo-européens, ils sont allés autant en Asie qu’en Europe. Ainsi, la fusion des trois couches en question ne saurait caractériser l’Europe, mais seulement l’ouest de celle-ci, donc justement l’Occident dont les européistes de la PND ne veulent pas entendre parler…

8. Confusion entre Indo-Européens et « Européens »

Il est tout aussi absurde de confondre les « Européens » avec les Indo-Européens. Tous les Européens ne sont pas des Indo-Européens. La Finlande, l’Estonie et la Hongrie parlent des langues finno-ougriennes et de nombreuses autres langues ouraliennes sont représentées en « Europe » ; hormis le lapon, on ne les trouve qu’en Russie, où elles sont nombreuses : komi, mari, mordve… Au sud de la Russie, dans les montagnes du Caucase, on compte en outre de nombreuses ethnies dites « caucasiennes » au sens strict parce qu’elles parlent des langues caucasiennes, ni indo-européennes ni ouralo-altaïques, notamment les Tchétchènes, les Ingouches, les Tcherkesses, les Avars (aucun rapport avec le peuple turc homonyme qui a disparu au IXe siècle). Les Basques d’Espagne et de France parlent une langue particulière qui n’est pas non plus indo-européenne et qui doit être un vestige de celle des chasseurs ouest-européens arrivés vers -30000. Surtout, tous les Indo-Européens ne sont pas européens, loin de là. Les locuteurs des langues indo-européennes sont plus nombreux en Asie qu’en Europe. Comme le nom conventionnel d’Indo-Européen l’indique, on les trouve également dans le sous-continent indien, où ils sont largement majoritaires, mais ils ne sont pas seulement là en Asie. Ils sont aussi en Iran, au Tadjikistan et en Afghanistan. Les Kurdes de Turquie, d’Irak et de Syrie, ainsi que les Ossètes du nord de la Géorgie, sont aussi des Iraniens, donc des Indo-Européens. Les Arméniens, qui ne sont pas iraniens, n’en sont pas moins d’origine indo-européenne.
Lorsque les Proto-Indo-Européens, qui vivaient au nord de la mer Noire et formaient la culture dite de Yamnaya, sont partis il y a 5.000 ans, au début de l’âge du bronze, à la conquête du monde, ils sont allés dans toutes les directions, autant en Asie qu’en Europe. Ils ont été à l’origine de quatre des six civilisations du monde contemporain : les Indo-Aryas, du monde indien ; les Perses, de l’Orient ; les Francs, de l’Occident ; les Russes, du monde russe. Il n’y a pas une civilisation indo-européenne, il y en a quatre, et l’Europe est partagée entre trois d’entre elles : l’Occident, l’Orient et le monde russe.
Ajoutons que le monde indo-européen est divisé en deux selon des critères à la fois linguistiques et biologiques. Le malheur, pour les tenants de la thèse d’une « Europe » qui trouverait une unité et une identité dans ses origines indo-européennes, c’est que, dans cette bipartition, la Russie est classée avec l’Inde et l’Iran, donc en Asie ! En effet, l’évolution phonétique à partir du proto-indo-européen nous fait distinguer, à l’est, les langues satem : balto-slaves, indo-iraniennes, arménienne ; et, à l’ouest, les langues centum (prononcer kêntoum) : germaniques, celtiques, romanes, grecque, catégories dénommées respectivement d’après le nombre « cent » en avestique (langue iranienne) et en latin (langue italique, origine des langues romanes, dont le français). Or, la division satem/centum coïncide avec la diffusion différentielle des haplogroupes paternels (relatifs au chromosome Y) caractéristiques des Indo-Européens : R1a à l’est, chez les Indo-Iraniens, les Baltes et les Slaves : R1b à l’ouest chez les autres peuples indo-européens, avec un certain mélange en Europe centrale. Les Arméniens sont une exception, qui sont satem et plutôt R1b, mais il est probable que leur langue était centum à l’origine, comme celles des « Peuples de la mer » qui ont ravagé le Proche-Orient au XIIe siècle av. J.-C. et dont leurs ancêtres faisaient partie, et qu’elle a évolué sous l’influence du substrat ourartéen, ainsi que du voisinage iranien. Les Albanais sont un autre cas particulier. Leur langue, seul vestige du groupe thraco-illyrien, est plutôt satem, mais les haplogroupes indo-européens R1a et R1b sont peu représentés parmi eux.
Afin de compléter la démonstration, nous mentionnerons pour mémoire les Hittites et les Tokhariens, branches disparues de la famille indo-européenne, qui occupaient respectivement l’Asie mineure et l’actuelle province du Sin-Kiang, à l’ouest de la Chine, et qui étaient à la fois centum et R1b.

9. Idéologie de la « construction européenne »

Le projet d’États-Unis d’Europe conçu au XVIIIe siècle par l’abbé de Saint-Pierre, repris au XIXe par Victor Hugo, a été relancé au XXe siècle par le métis austro-japonais Richard de Coudenhove-Kalergi et c’est un agent américain, Jean Monnet, « l’inspirateur », disait de Gaulle, qui l’a mis en œuvre avec la création de la CECA, Communauté européenne du charbon et de l’acier, en 1951. L’échec de cette dernière n’a pas empêché le projet de prospérer, une fois mis sur les rails, pour devenir la Communauté économique européenne, puis l’Union européenne. Dans la vision cosmopolite de Monnet, cette Europe unie ne devait être qu’une étape vers l’État mondial. Mais pour beaucoup de ses partisans, elle est un but en soi.
C’est un projet ambivalent. Dans un premier sens, l’Europe existerait déjà depuis des siècles et il ne s’agirait que de réunir ce qui n’aurait jamais dû être séparé, en effaçant les nations, ou, au mieux, en les réduisant au niveau de simples provinces d’un État supranational. Dans un second sens, c’est la construction européenne qui créerait l’Europe et celle-ci serait l’aboutissement merveilleux d’un processus d’unification qui ferait la synthèse des meilleurs éléments culturels et spirituels des nations disparues.
Dans un cas comme dans l’autre, on nage dans l’utopie et on nie l’identité. L’Europe n’étant qu’une expression géographique, la « construction européenne » est artificielle. Même si elle s’était limitée aux nations occidentales et donc si l’Union européenne ne comprenait pas la Grèce, Chypre, la Bulgarie et la Roumanie, elle ne pourrait constituer qu’un empire au dessus des nations et celui-là dévitaliserait- celles-ci. La « construction européenne » relève du « constructivisme » dénoncé par Hayek. Elle est contraire à la réalité sociale, qui est fondée sur les traditions.
Il pourrait y avoir un empire européen, mais il ne peut y avoir de « nation européenne ». Qu’est-ce que la nation, en effet ? C’est une communauté de destin historique fondée sur les liens du sang et constituée autour d’une ethnie prépondérante sur un territoire continu. Ce qui manque ici, c’est en particulier l’ethnie prépondérante. Hitler a bien essayé de créer un IIIe Reich, qui aurait été plutôt du reste un empire qu’une nation, autour de l’ethnie allemande, mais son coup a raté et l’on ne voit pas aujourd’hui quelle nation ou quelle ethnie pourrait tenter à nouveau l’entreprise.
Après la seconde guerre mondiale, cependant, de nombreux responsables ou militants hitlériens se sont reconvertis sans encombre dans la « construction européenne » derrière Walter Hallstein, qui avait été membre de l’Association des juristes socialistes-nationaux et qui fut le premier président de la Commission de la Communauté économique européenne, de 1958 à 1967 (on l’appelait la Commission Hallstein). Hallstein est considéré comme l’un des « pères de l’Europe »… et l’Union européenne est parfois qualifiée de Quatrième Reich !
On nous dit : « Le nationalisme, c’est la guerre » (Mitterrand). Ou encore : « Le patriotisme, c’est l’amour des siens ; le nationalisme, c’est la haine des autres » (mots prêtés à de Gaulle par Romain Gary). Ce sont des fariboles. Les hommes ont toujours fait la guerre et les guerres civiles, les guerres de succession et les guerres de religion n’ont pas été moins cruelles, bien au contraire, que les guerres entre les nations. Du reste, au XXe siècle, avec la seconde guerre mondiale et après celle-ci, ce sont des idéologies, fascisme, communisme, libéralisme, démocratisme, qui se sont combattues, plutôt que des nations. Napoléon avait déjà mis l’Europe à feu et à sang au nom des idées révolutionnaires et il a été vaincu à Waterloo en 1815 par les royaumes coalisés contre lui pour défendre les traditions. Guerre idéologique donc, et non affrontement de nationalismes.
La guerre qui a commencé le 24 février 2022 lorsque la Russie a envahi l’Ukraine pourrait paraître à première vue comme un simple affrontement entre deux nations. Il n’en est rien. Si le président Poutine a préféré la qualifier d’« opération militaire spéciale », c’est parce qu’il considérait qu’il n’y avait pas de peuple ukrainien, mais que les Ukrainiens faisaient partie du peuple russe. Il affirme à cor et à cri vouloir la « dénazification » de l’Ukraine, ce qui, au-delà de la propagande, est bel et bien un objectif idéologique. Et c’est à cause de leur idéologie cosmopolite que les pays de l’OTAN, du moins la plupart d’entre eux, se sont mobilisés contre la Russie. Ce n’est pas à la nation russe qu’ils en avaient, mais au nationalisme de ses dirigeants, accusés mensongèrement des pires atteintes aux libertés. Le président Poutine, pour sa part, n’a cessé de dénoncer la décadence morale de l’Occident, qui marie les homosexuels et qui remplace les mots « père » et « mère » par « parent 1 » et « parent 2 ». C’est donc une guerre idéologique.
L’idéal de la nation inculque aux hommes un sentiment communautaire qui apaise les tensions entre les classes et les groupes. La nation, c’est la paix ! Les diverses nations du monde peuvent cohabiter pacifiquement à l’abri des frontières qui les séparent et qui les protègent. En revanche, les empires, qui nient par définition le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », sont déchirés par des luttes intestines et entretiennent des antagonismes latents qui peuvent déboucher sur les pires violences. On l’a bien vu à la fin de l’empire des Indes, en 1947, qui a abouti à la création du Pakistan, après une terrible guerre civile, et à la fin de la Yougoslavie, ce mini-empire qui a explosé en 1991, et dont l’éclatement s’est traduit par le cortège des horreurs du nettoyage ethnique. Il est donc plus juste de déclarer : « L’empire, c’est la guerre ! »
Il n’est pas plus sensé d’opposer patriotisme et nationalisme. Question de définition, sans doute, mais, ce faisant, on aboutit inévitablement à saper l’idéal de la nation en le frappant d’un soupçon d’illégitimité. Il peut y avoir de petites patries, locales ou provinciales, mais la grande patrie, c’est nécessairement la nation et il ne peut y en avoir une autre au-dessus d’elle.
La « construction européenne » est un idéal fallacieux dont le contenu objectif est purement négatif. Elle est dirigée contre les nations, leur identité et leur souveraineté. L’européisme est une manifestation et un instrument du cosmopolitisme.

10. Hostilité à l’Amérique

Une partie des européistes, bien que ce ne fût certes pas le cas de Jean Monnet, qui était un agent américain, veut que l’Europe s’unisse pour faire pièce aux États-Unis d’Amérique. Il est vrai qu’il y a de bonnes raisons de s’opposer à l’impérialisme yanqui, sur le plan politique, et à l’américanisation de nos sociétés, sur le plan culturel. Mais ce n’est pas une raison, comme le fait absurdement la PND, prétendue nouvelle droite, pour nier que les États-Unis appartiennent à l’Occident tout autant que l’Angleterre qui les a enfantés. Dans un livre intitulé Qui sommes-nous ? (2004), le politiste américain Samuel Huntington (1927-2008) a rappelé cette évidence : l’identité nationale des États-Unis d’Amérique est fondée sur le noyau des WASPS, White Anglo-Saxons Protestants, protestants anglo-saxons de race caucasoïde – tout en évitant soigneusement la moindre référence à la race ! (Il avait été rendu célèbre par Le choc des civilisations, paru en 1996, où il démontrait pourtant qu’il ne savait pas ce qu’était une civilisation…). De là, la langue anglaise, la religion protestante, le puritanisme, le rule of law (règne du droit), l’individualisme, le sens aigu de la liberté, toutes ces traditions d’origine anglo-saxonne qui caractérisent ce pays et en font, qu’on l’aime ou non, un membre éminent de l’Occident, civilisation de la personne. Il est fort possible que, dans une génération ou deux, la poussée démographique des Hispaniques submerge cette identité, mais c’est une autre affaire et elle ne ferait pas sortir ce pays de l’Occident étant donné que la masse des immigrés sont venus du sud, sont de langue espagnole et de religion chrétienne, et, quoique presque toujours métis de mongoloïdes, sont de culture occidentale.
La thèse aberrante selon laquelle nous ne ferions pas partie de la même civilisation occidentale que les États-Unis témoigne d’une confusion des genres entre la politique et la culture. Une civilisation est une réalité culturelle, nullement une entité politique. François Ier, roi de France de 1515 à 1547, pouvait s’allier au Grand Turc contre Charles Quint, empereur d’Allemagne, dans l’intérêt de la nation française, sans renier pour autant sa civilisation. De même, on peut soutenir que la France doit s’allier à la Russie contre l’Amérique sans nier que celle-ci soit occidentale et sans prétendre que celle-là le soit.
L’hostilité à l’impérialisme américain peut aussi conduire à souhaiter une « Europe des nations », non pas une fédération, évidemment, ni même une confédération, mais une alliance économique, politique et militaire entre États souverains. À la vérité, bien que nous soyons à l’origine de cette expression d’Europe des nations (que de Gaulle n’employait pas), laquelle a ensuite été popularisée par Philippe de Villiers lors de la campagne des élections européennes de 1994 et dans un livre de 1999 écrit avec Georges Berthu (vice-président du Carrefour de l’Horloge), elle ne nous paraît pas idéale. D’une part, elle fait référence à une Europe qui n’existe pas et elle suppose à tort que tous les États concernés formeraient des nations, ce qui n’est le cas ni de la Belgique ni de l’Autriche. D’autre part, elle est trop vague pour écarter l’idée d’une fédération. On pourrait penser à ressusciter le nom de l’UEO, Union des États d’Europe occidentale, aujourd’hui disparue, mais le terme d’Union est encore ambigu. Celui d’État l’est aussi, d’ailleurs. Il peut désigner le membre d’une fédération, à l’instar des États-Unis d’Amérique, que bien des européistes prennent comme modèle quand ils ne sont pas hostiles à l’impérialisme yanqui. Il faut donc préciser « États souverains ». C’est le concept d’alliance qui convient. Quoiqu’il présuppose en principe la souveraineté des États qui s’allient, on stipulera quand même que ceux-ci sont souverains pour éviter toute incertitude et prévenir toute manipulation. Envisageons donc la création d’une « Alliance des États souverains d’Europe occidentale », AEO. Puisque l’Europe n’existe pas, il vaudrait mieux parler d’Eurasie, laquelle ne va pas de l’Atlantique à l’Oural, mais d’un océan à l’autre, jusqu’au Pacifique, et de Brest à Vladivostok… Cela risquerait cependant de paraître étrange, tant c’est contraire à l’usage.
L’assujettissement des États à une Europe supranationale ne ferait que les affaiblir tous. Le pouvoir technocratique qui s’est déjà formé avec la Commission de Bruxelles est par nature incapable de mener une grande politique. Jamais l’Europe n’avait été aussi supranationale et jamais elle n’avait été aussi soumise à l’impérialisme yanqui qu’elle ne l’est aujourd’hui, comme la guerre en Ukraine l’a prouvé depuis 2022.
Contre l’impérialisme américain, il nous faut plus de nation et moins d’Europe.

Conclusion : le mythe européen contre l’identité nationale

Toutes les raisons invoquées en faveur de l’unité de l’Europe ou de la « construction européenne » sont fallacieuses. L’Europe est une utopie, la nation est une réalité. Le mythe européen est essentiellement antinational et donc cosmopolite. Consciemment ou non, ses promoteurs et ses partisans sont des ennemis des nations, dont ils cherchent à détruire l’identité et la souveraineté. Il n’y a pas d’identité européenne. Les jeunes Français soi-disant identitaires qui, en janvier 2021, proclamaient en anglais – dans la langue de l’impérialisme et du cosmopolitisme – « Defend Europe ! » (« Défendez l’Europe ! »… et non l’Occident, la nation ou la France) pour combattre l’immigration extra-européenne – ce qui était en soi une œuvre pie –, et qui se réclamaient absurdement d’une identité européenne imaginaire sous l’influence de la funeste PND, prétendue nouvelle droite, étaient en pratique des anti-identitaires, ennemis de l’identité réelle, qui est nationale, et ils étaient donc objectivement cosmopolites.
On ne pouvait qu’approuver les militants qui ont commémoré en mai 2023 la mort d’un martyr de la cause nationale (Sébastien Deyzieu). Mais ces jeunes gens ont cru intelligent de clamer : « Jeunesse, Europe, révolution ! »… Or, la révolution est intrinsèquement perverse, l’Europe est un mythe antinational, la jeunesse est un moment à passer et le « jeunisme » est une subversion de la tradition et de l’identité… Il aurait mieux valu scander, par exemple : « Race, nation, réémigration ! »
L’Europe supranationale ne peut être qu’un magma technocratique, dépourvu de toute légitimité démocratique et inféodé à l’Amérique. Ce projet utopique est heureusement voué à l’échec. Son effondrement est certain tant il va contre les réalités. Mais le plus tôt sera le mieux. L’Angleterre nous a montré l’exemple avec le Brexit, le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, décidé par référendum en 2016 et accompli en 2020. Les cosmopolites de tout poil s’acharnent à nous faire accroire que le Brexit serait une catastrophe pour ce pays, que les Anglais regretteraient leur vote de 2016, mais cela ne rime à rien. Les pays les plus riches du monde, en dehors du petit Luxembourg, sont la Suisse et la Norvège, pays européens qui ne font justement pas partie de l’Union européenne et qui s’en trouvent fort bien. Que le Royaume-Uni soit mal gouverné, qu’il ait géré l’épidémie de covid de 2020 et 2021 en dépit du bon sens, c’est un fait, mais cela n’a rien à voir avec le Brexit.
Nous devons militer pour le Frexit, pour que la France sorte aussi de l’Union européenne, ce qui marquera sans aucun doute le début de la fin pour cette dernière. Il est de notre devoir de patriotes et de nationalistes de défendre l’identité et la souveraineté de la nation. Caton l’Ancien répétait inlassablement : « Carthago delenda est », il faut détruire Carthage. Nous dirons de même : « Europa delenda est », il faut détruire l’Europe, c’est-à-dire l’Union européenne.

Vive la nation ! Vive la France !

Références

Remarque : une vidéo tirée de cet article a été mise en ligne le 20 décembre 2022 sur la chaîne YouTube « Henry de Lesquen » et reprise sur la chaîne Odysee du même nom.

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