Les dix raisons du mythe européen

L’enlèvement d’Europe, Rembrandt (1632)

L’Europe n’est qu’une expression géographique. Il n’y a ni civilisation européenne ni race européenne ni ethnie européenne ni peuple européen. Il y a une civilisation occidentale, dont ne font partie ni la Russie ni l’Ukraine ni la majorité des pays des Balkans, une race caucasoïde, qui inclut beaucoup de peuples non européens, une ethnie française, un peuple français.
Nous dirons, pour paraphraser Joseph de Maistre : « J’ai déjà rencontré un Français, un Italien, un Russe… mais l’“Européen”, s’il existe, c’est à mon insu. »
Et pourtant, force est de constater que le mythe européen fait florès, et depuis longtemps. Il y a à cela dix raisons, qui sont autant de contresens.

1. L’illusion géographique

Les anciens Grecs ont appelé « Europe » (Eurôpê) les pays qui étaient à l’ouest de la mer Égée, comme l’Attique, et « Asie » (Asia) ceux qui étaient à l’Est, comme l’Ionie. Mais, par la suite, Hérodote a découpé le monde en trois parties, la troisième étant la Libye (Libyê), devenue pour nous l’Afrique, et il a étendu les notions d’Europe et d’Asie respectivement vers les extrémités occidentales et orientales de l’Ancien Monde, et cela, de manière fort artificielle, du point de vue de la géographie physique. Il suffit en effet de regarder une mappemonde pour comprendre que l’Europe et l’Asie ne font qu’un. On doit même ajouter que l’isthme de Suez n’a pas plus de raison de séparer deux continents, l’Asie et l’Afrique, que ne le fait l’isthme de Panama, et que de la Floride au Vénézuéla il y a plus de distance qu’entre l’Espagne et le Maroc, qui ne sont séparés que par le détroit de Gibraltar. La mer des Caraïbes est plus large que la Méditerranée. L’Amérique du nord et du centre se détache bien davantage de l’Amérique du sud que l’Eurasie ne le fait de l’Afrique. Il vaudrait mieux parler d’un seul continent, l’Eurasafrique, au lieu de trois… L’Ancien Monde ne fait qu’un et le continent européen n’existe tout simplement pas.
Les géographes sont donc coupables d’avoir paresseusement conservé des notions anciennes qui n’avaient pas de fondement scientifique. De surcroît, à la demande de l’empereur de Russie Pierre Le Grand (mort en 1725), qui voulait occidentaliser son pays, qu’on mettait avant lui en Asie, un géographe aux ordres a repoussé la frontière de l’Europe, que l’on fixait auparavant au Dniepr, fleuve qui coule à l’est de l’Ukraine actuelle et qui se jette dans la Mer Noire, jusqu’à l’Oural, bien que les collines qui sont au centre de cette chaîne de montagnes n’aient que 500 mètres de haut et qu’on les franchisse aisément ; par conséquent, celle-ci ne constitue en aucune façon une frontière naturelle entre deux espaces.
Le penchant des hommes à confondre les catégories, à s’imaginer que les mots sont des choses et à s’abandonner à des vues simplistes a fait ensuite que l’on a prêté à chacun de ces deux continents conventionnels, l’Europe et l’Asie, une unité culturelle propre qu’ils n’avaient en rien, ni l’un ni l’autre. Aujourd’hui, un Libanais, maronite ou non, qui est un Asiatique, est bien plus proche d’un Grec, pourtant qualifié d’Européen, que d’un Chinois.
La géopolitique s’en est aussi mêlée. On se souvient de Charles de Gaulle évoquant une mythique Europe « de l’Atlantique à l’Oural » et qui semblait par là prêter à cette Europe une unité historique et culturelle imaginaire.
Il faut se délivrer de l’illusion géographique. L’Europe est mal définie au regard de la géographie physique et, même si elle l’était, cela ne lui donnerait aucun titre à figurer dans la géographie humaine. Pourquoi cette prétendue Europe aurait-elle plus d’unité culturelle que l’Asie ou l’Afrique, qui n’en ont aucune ?

2. Le prestige de la Grèce

Lorsqu’il fut question de l’adhésion de la Grèce à la Communauté économique européenne, future Union européenne, ce qui n’avait rien d’évident, eu égard à la corruption et à la gabegie typiquement orientales qui sévissaient dans le pays, le président français Valéry Giscard d’Estaing a déclaré que l’on ne pouvait pas fermer la porte de l’Europe à Platon… C’était une belle ineptie. La Grèce actuelle a beau parler un sabir lointainement dérivé de la langue de Platon, elle a très peu à voir avec la Grèce antique, dont le territoire a connu plusieurs grands remplacements, sous chacun des quatre empires successifs dont elle a fait partie : brassage de populations sous l’empire macédonien fondé par Alexandre ; populicide perpétré par les Romains et repeuplement du pays par des immigrés venus d’Asie ; invasion des Slaves venus du nord sous l’empire byzantin ; massacres et déportations massives sous l’empire turc ottoman. Autant dire qu’il ne reste plus grand-chose aujourd’hui dans ce territoire de ce qu’il y avait jadis, à l’origine de la Grèce. Rastapopoulos ne ressemble guère à Périclès, ni physiquement ni moralement. En outre, si l’héritage de la Grèce antique a irradié la civilisation occidentale, il n’en demeure pas moins que la civilisation gréco-romaine aujourd’hui disparue était très différente de la nôtre.
C’est le prestige de la Grèce antique qui nous a fait accroire que l’Europe existait, comme s’il y avait une essence de l’Europe, c’est lui qui fait encore adhérer à l’idée frauduleuse d’une unité européenne, parce que c’est elle qui a inventé le mythe européen au temps d’Hérodote. Il est amusant de penser que, dans la mythologie grecque, Eurôpê, notre Europe, était une princesse de Phénicie, le Liban actuel, et qu’elle était donc asiatique et sémitique. Le dieu Zeus, transformé en taureau, l’a enlevée avant de recouvrer une forme humaine pour s’unir à elle et lui donner trois enfants. Ceux-ci auraient fondé des villes qui auraient formé une province, laquelle aurait reçu le nom le leur mère, avant que celui-ci fût étendu par Hérodote aux terres qui étaient au nord et à l’ouest.
En outre, le pays qui a conservé le nom de Grèce, et qui n’a pratiquement que cela en commun avec celle de l’Anitquité, a recueilli bien à tort une part du prestige de cette dernière et elle est tenue de ce fait, contre toute vérité, pour un élément incontournable de notre civilisation.

3. La confusion entre Europe et chrétienté

Il est de fait que la chrétienté, c’est-à-dire l’ensemble des peuples chrétiens, a coïncidé à peu près avec le pseudo-continent européen jusqu’à la colonisation qui a suivi les grandes découvertes à partir du XVIe siècle et qui l’a étendue à toute l’Amérique, ainsi qu’en Afrique noire et en Océanie, sans oublier, en Asie, les Philippines. Il ne s’ensuit pas que tous les peuples d’Europe ni que tous les peuples chrétiens aient jamais partagé la même civilisation.
Le christianisme est né en Palestine, donc en Orient, parmi les Juifs, avant de se répandre dans le monde entier suivant le précepte du Christ : « Allez donc et instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit… » (Matthieu, XXVIII 19). Cette religion universaliste, qui s’adresse à tous les hommes, s’est émancipée grâce au Christ Jésus du fonds sémitique et ne saurait être identifiée à une civilisation particulière, pas même à l’Occident, bien que l’Église catholique et apostolique soit aussi romaine et que le pape, évêque de Rome, soit appelé « souverain pontife », ayant repris ce titre aux anciens Romains.
Jusqu’aux conquêtes arabes qui ont suivi la mort de Mahomet en 632, la chrétienté incluait le Proche-Orient et l’Afrique du nord, et elle était donc autant asiatique et africaine qu’européenne. De plus, si l’islam a éradiqué le christianisme en Afrique du nord, de la Libye au Maroc, celui-ci est resté vivace en Égypte et dans tout le Proche-Orient pendant longtemps et il y a survécu jusqu’à nos jours. La lointaine Éthiopie est aussi demeurée chrétienne.
Il n’y a donc eu de coïncidence entre l’Europe et la chrétienté que du VIIe au XVe siècle et celle-ci n’a jamais été parfaite, d’autant que les Turcs ottomans, qui ont dominé les Balkans, lesquels portent un nom turc, pendant quatre cents ans, du XVe au XIXe siècle, ont introduit l’islam en Europe, en convertissant les Albanais, les Bosniaques et les Pomaques de Bulgarie, sans compter ce qui reste de la Turquie en Europe autour d’Istamboul. D’autres Turcs sont venus de l’est, ce furent notamment les Tatars de Russie, résidu de la Horde d’or.
L’essentiel, cependant, n’est pas là. La proximité religieuse de tous ceux qui partagent la foi dans le Christ n’implique aucune forme d’unité culturelle ou politique, ni même religieuse. Il est légitime, il est salutaire, que les chrétiens d’Occident se passionnent pour la cause des chrétiens d’Orient, qui sont persécutés par les musulmans, faisant passer au second plan un passé chahuté et les controverses doctrinales qui les ont séparés jadis. Il n’empêche que celles-ci ont brisé l’unité religieuse.
Les chrétiens du Proche-Orient adhéraient soit au nestorianisme, hérésie condamnée au concile d’Éphèse en 431, soir au monophysisme, hérésie condamnée au concile de Chalcédoine en 451.
Pour ce qui est des chrétiens d’Europe orientale, l’œcuménisme mis à la mode par le concile Vatican II (1965) ne doit pas nous faire oublier l’histoire, qui a creusé un fossé entre les deux ou plutôt les trois parties de l’Europe – Occident, Orient, monde russe. La rupture de 1054 était plus qu’un simple schisme, puisque le légat du pape, évêque de Rome, a déposé sur l’autel de la cathédrale Sainte Sophie, à Constantinople, une bulle d’excommunication. Celle-ci condamnait le patriarche parce qu’il refusait d’ajouter dans le Credo la précision essentielle du Filioque (« Je crois au Saint Esprit, qui procède du Père et du Fils »). En ce sens, il est abusif de qualifier les chrétiens byzantins d’« orthodoxes », comme s’ils partageaient intégralement la foi des catholiques romains et alors qu’ils sont en réalité hérétiques.
En fait, la division de l’Europe entre l’Orient et l’Occident remontait plus haut. Elle datait de celle de l’empire romain effectuée en 394 par l’empereur Théodose, qui le partagea entre ses deux fils, attribuant l’Occident, qui parlait latin, à Honorius et l’Orient, qui parlait grec, à Arcadius. D’où la frontière des alphabets : latin à l’Ouest, grec et, surtout, cyrillique, adapté du précédent pour les Slaves, à l’est.
La chrétienté est une notion religieuse et humaine qui ne définit pas une civilisation. Même pendant les huit cents ans où elle a coïncidé peu ou prou avec l’Europe, elle n’a conféré à celle-ci aucune unité culturelle.

4. La confusion entre Europe et Occident

La France appartient à la civilisation occidentale, mais celle-ci n’englobe pas toute l’Europe et elle s’étend aujourd’hui hors d’Europe, en Amérique et jusqu’aux antipodes, en Australie et Nouvelle-Zélande. Comme nous le rappelle la phrase ressassée de Paul Valéry (« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »), la plupart des civilisations que les hommes ont créées ont aujourd’hui disparu. Il en reste six dans le monde contemporain : l’Occident, l’Orient, le monde russe, le monde indien, le monde chinois et l’Afrique noire. En Europe, l’Occident s’arrête à l’est à la frontière des alphabets (étant précisé que le roumain s’écrivait en cyrillique jusqu’au XIXe siècle), frontière qui est aussi celle des religions : christianisme romain à l’ouest, christianisme byzantin à l’est. La prétendue réforme de l’Allemand Martin Luther et du Français Jean Calvin au XVIe siècle, qui a donné naissance au protestantisme, n’a pas brisé l’unité culturelle de l’Occident. Les catholiques s’imaginent souvent que leur foi est plus proche de celle des « orthodoxes » que de celle des protestants. C’est une erreur, notamment parce que catholiques et protestants continuent à professer le même Credo, et non les « orthodoxes ».
Il y a en fait trois Europe et non deux. Bien que les Russes aient adopté le christianisme byzantin, ils ont formé une civilisation propre, qui résulte de l’interpénétration des éléments slaves et turcs, avec un forte infusion de sang mongoloïde. Les pays dits « orthodoxes » des Balkans appartiennent à la civilisation orientale, tout autant que l’Arménie et l’Éthiopie, pays qui ont adopté le christianisme monophysite, et tout autant que les pays musulmans du Proche-Orient et d’Afrique du nord. L’islam n’a pas fait apparaître une nouvelle civilisation, il a confisqué celle qui était née avec Cyrus, fondateur de l’empire perse achéménide en 550 av. J.-C., et qui fut successivement zoroastrienne et chrétienne avant les conquêtes musulmanes.
La civilisation occidentale s’est formée en Europe sur les ruines de la civilisation gréco-romaine, mais elle n’a jamais été que celle de l’ouest de l’Europe, avant de s’étendre hors d’Europe.
Comme l’a écrit Henri de La Bastide, l’Occident est la « civilisation de la personne », en ce sens qu’elle met la liberté individuelle au cœur de sa conception de l’homme. Les chrétiens d’Occident, s’ils sont appelés à l’obéissance envers Dieu, ne sont pas ses esclaves, à la différence des Orientaux, qui peuvent s’appeler Théodule, s’ils sont chrétiens, ou Abdallah, s’ils sont musulmans, prénoms qui signifient « esclave de Dieu » respectivement en grec et en arabe. L’Occidental s’agenouille devant Dieu comme un sujet devant son seigneur, l’Oriental se prosterne, comme un esclave devant son maître. Avec le principe du libre examen, le protestantisme résulte au fond d’une radicalisation de l’individualisme qui est inhérent à la civilisation de la personne. Le mariage se fait en Occident par l’échange de consentements entre l’homme et la femme. Rien de tel en Orient dans la cérémonie du mariage, où la femme n’a pas son mot à dire.
On peut affirmer aussi bien que l’Occident est la civilisation de l’Incarnation, avec un « I » majuscule, en référence au dogme chrétien de l’Incarnation du Christ, vrai Dieu et vrai homme. Seul le christianisme occidental l’a vraiment compris. Les grandes hérésies qui sont nées en Orient ont toutes été fondées sur le refus de recevoir le mystère de l’Incarnation dans toute sa profondeur. Les « ariens », disciples d’Arius, soutenaient que le Christ avait été créé par le Père. Les nestoriens ne voulaient pas que la Vierge Marie fût dite Theotokos, Mère de Dieu. Les monophysites n’acceptaient pas que le Christ eût une nature humaine qui s’ajoutât à sa nature divine, qu’il fût à la fois vrai Dieu et vrai homme. Les monothélites ne voulaient pas admettre qu’il eût une volonté humaine. Les byzantins eux-mêmes, qui se sont dégagés non sans mal de ces quatre hérésies précédentes, ont rejeté le dogme du Filioque, selon lequel le Saint-Esprit procède non seulement du Père, mais aussi du Fils. Or, si le Saint-Esprit, qui sauve les hommes en leur donnant la grâce, ne procédait pas du Fils, la mission de celui-ci pour le salut des hommes se serait achevée avec le sacrifice de la Croix, alors que, selon la foi catholique, elle se poursuit par le Saint-Esprit jusqu’à la fin des temps. Les fidèles dont l’âme est pénétrée par la grâce sont habités ainsi par la manifestation conjointe des trois Personnes divines. Si l’on nous pardonne cet oxymore, nous dirons que l’infusion de la grâce dans l’âme réalise une « incarnation spirituelle » qui prolonge l’effet salvifique du sacrifice du Christ Rédempteur jusqu’à son retour glorieux à la fin des temps. Le chrétien d’Occident sait qu’il a en lui une part de divin qui lui donne vocation à la liberté.
On peut aussi écrire « civilisation de l’incarnation » avec un « i » minuscule, en prenant le mot dans un sens plus faible par analogie avec celle du Christ. Le fait que Dieu ait choisi de s’incarner en prenant la nature humaine confère à celle-ci, que tout homme partage, la grandeur et la dignité. Telle est la conception de l’homme qui prévaut en Occident et qui n’est ni celle de l’Orient ni celle du monde russe. La jonction de l’âme, principe spirituel, et du corps, réalité matérielle, est une première forme d’incarnation, mais celle-ci prend toute sa majesté en Occident parce que l’on y croit que le Christ, modèle du chrétien, est à la fois vrai Dieu et vrai homme.

5. La proximité de l’Occident et du monde russe

Pierre le grand a tout fait pour occidentaliser la Russie, notamment en déplaçant la capitale de Moscou à Saint-Pétersbourg. Le mouvement s’est poursuivi après lui et l’empire a subi une profonde influence de l’Allemagne et de la France, d’autant que de nombreux Allemands s’y sont installés et ont constitué une bonne partie de ses élites. Et c’est une idéologie venue d’Occident, le marxisme, que les communistes ont imposé aux Russes, de la révolution bolchévique de 1917 à l’effondrement de l’URSS en 1991. Si le monde russe est resté une civilisation distincte, il n’en demeure pas moins que celle-ci est la plus proche de la nôtre. C’est pourquoi certains, fermant les yeux sur ses particularités manifestes, voudraient inclure la Russie dans l’Occident. C’est une erreur. Les différences culturelles restent très profondes. Il faudrait priver la Russie de ses traditions et de sa religion pour qu’elle pût vraiment s’identifier à l’Occident.
Non, la Russie ne fait pas partie de l’Occident. Ainsi, l’Europe n’est pas une.

6. La confusion entre caucasoïde et « Européen »

Dans le langage courant des Français, lorsqu’il n’est pas cosmopolitiquement correct, on oppose volontiers les « blancs » aux immigrés extra-européens, comme si la race « blanche » était réservée à l’Europe. Cette façon de parler a beau relever d’une salutaire conscience de race et s’inscrire dans une longue tradition, elle est erronée et crée la confusion.
Au moyen âge, on ne connaissait pas l’Afrique noire et l’on confondait les Berbères d’Afrique du nord, arabisés ou non, qui étaient plus ou moins métissés de congoïdes et avaient donc souvent la peau foncée, avec ceux-ci. « Maure » ou « Sarrasin » était synonyme de « noir » et c’est de là que l’ingrédient des excellentes galettes bretonnes, qu’on appelle aussi « blé noir », tire son nom. Mais les Nord-Africains ou Maghrébins n’ont pas plus de 10% ou 15% de sang congoïde en moyenne. À la base, ce sont des caucasoïdes.
La race est un fait d’observation élémentaire que la science confirme et précise. Il y a cinq races humaines : caucasoïdes ou « blancs », mongoloïdes ou « jaunes », congoïdes, capoïdes et australoïdes, les trois dernières races étant qualifiées collectivement de « noirs ». Or, la race caucasoïde ne se limite nullement à l’Europe. Elle inclut les Arabes et les Berbères, nettement métissés en Afrique du nord, surtout en Égypte et au Maroc, et aussi les Indo-Européens d’Asie, Arméniens et Indo-Iraniens, ces derniers étant métissés d’australoïdes dans le sous-continent indien. Un Libanais est tout aussi « blanc » qu’un Grec. De surcroît, l’Europe n’est pas parfaitement caucasoïde. Les Russes sont fortement métissés de mongoloïdes.
Le langage courant, quand il parle des « blancs » par opposition aux non-Européens, confond la race, catégorie biologique, et l’ethnie, catégorie culturelle. Les ethnies d’Afrique ou d’Asie relèvent certes d’une autre civilisation que la nôtre, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elles soient toutes d’une autre race. En outre, si les Russes (Grands-Russes, Biélorusses, Ukrainiens), les Roumains (y compris les Moldaves), les Bulgares (y compris les Macédoniens), les Serbes (y compris les Monténégrins), les Bosniaques, les Albanais et les Grecs sont des caucasoïdes, sous la réserve que nous avons faite pour les Russes, cela ne signifie pas que leurs ethnies fassent partie de notre civilisation.
Il vaut donc mieux parler de Français, de Fançais de sang ou d’Occidentaux que de « blancs » ou d’« Européens ». Quant aux allogènes venus d’Afrique ou d’Asie, on peut les caractériser par leur religion, comme musulmans ou bouddhistes par exemple, ou par leur race, comme congoïdes ou mongoloïdes.

7. La confusion entre nordique et « Européen »

Les races se subdivisent elles- mêmes en sous-races (terme de taxinomie qui n’a rien de péjoratif). Par exemple, les Français sont un mélange intime de trois sous-races de la race caucasoïde : alpine, méditerranéenne et nordique. La première est peu répandue hors de France, la deuxième l’est au contraire sur tout le pourtour de la Méditerranée, au Proche-Orient comme en Afrique du nord. La troisième, qu’on appelait naguère « race aryenne », jouit d’un grand prestige depuis Gobineau et, si elle existe hors d’Europe dans les peuples indo-européens, elle y est presque toujours très diluée. Comme on sait, les nordiques sont de grands dolichocéphales aux cheveux blonds ou roux, aux yeux bleus, à la peau claire. Un certain courant de pensée, qui semble avoir des accointances inavouées avec l’idéologie hitlérienne, affirme que c’est le sang nordique qui définit l’Europe. L’ennui de cette théorie, c’est que la proportion de celui-ci varie considérablement selon les pays et surtout que l’on ne peut pas réduire la culture à la race ou à la sous-race. La forte prévalence de la sous-race nordique dans le monde russe explique sans doute en grande partie la proximité de cette civilisation avec la nôtre, mais elle ne suffit pas à les confondre.

8. La confusion entre Indo-Européens et « Européens »

Il est encore plus absurde de confondre les « Européens » avec les Indo-Européens. Tous les Européens ne sont pas des Indo-Européens : la Finlande, l’Estonie et la Hongrie parlent des langues finno-ougriennes et les Basques d’Espagne ou de France parlent une langue particulière qui n’est pas indo-européenne. Tous les Indo-Européens ne sont pas européens : comme le nom conventionnel d’Indo-Européen l’indique, on les trouve également en Inde, mais ils ne sont pas seulement là en Asie, ils sont aussi en Iran et en Arménie.
Lorsque les Proto-Indo-Européens qui vivaient au nord de la Mer Noire sont partis il y a 5.000 ans à la conquête du monde, au début de l’âge du bronze, ils sont allés dans toutes les directions, autant en Asie qu’en Europe. Et ils ont été à l’origine de quatre des six civilisations du monde contemporain : les Indo-Aryas, du monde indien ; les Perses, de l’Orient ; les Francs, de l’Occident ; les Russes, du monde russe. Il n’y a pas une civilisation indo-européenne, il y en a quatre, et l’Europe est partagée entre trois d’entre elles : l’Occident, l’Orient et le monde russe.
Ajoutons que le monde indo-européen est divisé en deux selon des critères à la fois linguistiques et biologiques. Le malheur, pour les tenants de la thèse d’une « Europe » qui trouverait une unité et une identité dans ses origines indo-européennes, c’est que, dans cette bipartition, la Russie se trouve classée avec l’Inde et l’Iran, donc en Asie ! En effet, l’évolution phonétique à partir du proto-indo-européen nous fait distinguer, à l’est, les langues satem : balto-slaves, indo-iraniennes, arménienne, et, à l’ouest, les langues centum (prononcer kêntoum) : germaniques, celtiques, romanes, albanaise, grecque, catégories dénommées respectivement d’après le nombre « cent » en avestique (langue iranienne) et en latin (langue italique, origine des langues romanes, dont le français). Or, la division satem/centum coïncide avec la diffusion différentielle des haplogroupes paternels (relatifs au chromosome Y) caractéristiques des Indo-Européens : R1a à l’est, chez les Indo-Iraniens, les Baltes et les Slaves : R1b à l’ouest chez les autres peuples indo-européens, avec un certain mélange en Europe centrale. Les Arméniens sont la seule exception, qui sont satem et plutôt R1b, mais il est probable que leur langue était centum à l’origine, comme celles des « Peuples de la mer » qui ont ravagé le Proche-Orient au XIIe siècle av. J.-C. et dont ils faisaient partie, et qu’elle a évolué sous l’influence du substrat ourartéen, ainsi que du voisinage iranien.
Pour compléter la démonstration, nous mentionnerons pour mémoire les Hittites et les Tokhariens, branches disparues de la famille indo-européenne, qui occupaient respectivement l’Asie mineure et l’actuel Sin-Kiang, et qui étaient à la fois centum et R1b.

9. L’idéologie de la « construction européenne »

Le projet d’États-Unis d’Europe conçu au XVIIIe siècle par l’abbé de Saint-Pierre, repris au XIXe par Victor Hugo, a été relancé au XXe siècle par le métis austro-japonais Richard de Coudenhove-Kalergi et c’est un agent américain, Jean Monnet, « l’inspirateur », disait de Gaulle, qui l’a mis en œuvre avec la création de la CECA, Communauté européenne du charbon et de l’acier, en 1951. L’échec de cette dernière n’a pas empêché le projet de prospérer, une fois mis sur les rails, pour devenir la Communauté économique européenne, puis l’Union européenne. Dans la vision cosmopolite de Monnet, cette Europe unie ne devait être qu’une étape vers l’État mondial. Mais pour beaucoup de ses partisans, elle est un but en soi.
C’est un projet ambivalent. Dans un premier sens, l’Europe existerait déjà depuis des siècles et il ne s’agirait que de réunir ce qui n’aurait jamais dû être séparé, en effaçant les nations, ou, au mieux, en les réduisant au niveau de simples provinces d’un État fédéral. Dans un second sens, c’est la construction européenne qui créera l’Europe et celle-ci sera l’aboutissement merveilleux d’un processus d’unification qui fera la synthèse des meilleurs éléments culturels et spirituels des nations disparues.
Dans un cas comme dans l’autre, on nage dans l’utopie et on nie l’identité. L’Europe n’étant qu’une expression géographique, la « construction européenne » est artificielle. Et même si elle s’était limitée aux nations occidentales, et donc si l’Union européenne ne comprenait pas la Grèce, Chypre, la Bulgarie et la Roumanie, elle ne pourrait construire qu’un empire au dessus des nations et celui-là dévitaliserait celles-ci. La « construction européenne » relève du « constructivisme » dénoncé par Hayek, elle est contraire à la réalité sociale, qui est fondée sur les traditions.
Il pourrait y avoir un empire européen, mais il ne peut y avoir de « nation européenne ». Qu’est-ce que la nation, en effet ? C’est une communauté de destin historique fondée sur les liens du sang et constituée autour d’une ethnie prépondérante sur un territoire continu. Ce qui manque, ici, c’est l’ethnie prépondérante. Hitler a bien essayé de créer un IIIe Reich, qui aurait été plutôt du reste un empire qu’une nation, autour de l’ethnie allemande, mais son coup a raté, et on ne voit pas aujourd’hui quelle nation ou quelle ethnie pourrait tenter à nouveau l’entreprise.
Après la guerre, cependant, de nombreux responsables ou militants hitlériens se sont reconvertis sans encombre dans la « construction européenne » derrière Walter Hallstein, qui avait été membre de l’Association des juristes socialistes-nationaux et qui fut le premier président de la Commission de la Communauté économique européenne, de 1958 à 1967 (on l’appelait la Commission Hallstein). Hallstein est considéré comme l’un des « pères de l’Europe »… et l’Union européenne est parfois qualifiée de Quatrième Reich !
On nous dit : « Le nationalisme, c’est la guerre » (Mitterrand). Ou encore : « Le patriotisme, c’est l’amour des siens ; le nationalisme, c’est la haine des autres » (de Gaulle). Ce sont des fariboles. Les hommes ont toujours fait la guerre, et les guerres civiles ou les guerres de religion n’ont pas été moins cruelles, bien au contraire, que les guerres entre les nations. Du reste, au XXe siècle, avec la seconde guerre mondiale et après celle-ci, ce sont des idéologies, fascisme, communisme, libéralisme, qui se sont combattues, plutôt que des nations.
On peut même avancer que l’idéal de la nation inculque aux hommes un sentiment communautaire qui apaise les tensions entre les classes et les groupes. La nation, c’est la paix ! Et les diverses nations du monde peuvent cohabiter pacifiquement à l’abri des frontières qui les séparent. En revanche, les empires, qui nient par définition le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », sont déchirés par des luttes intestines et entretiennent des antagonismes latents qui peuvent déboucher sur les pires violences. On l’a bien vu à la fin de la Yougoslavie, ce mini-enpire qui a éclaté en 1991, et dont la fin s’est traduite par le cortège des horreurs du nettoyage ethnique. Il est donc plus juste de déclarer : l’empire, c’est la guerre !
Il n’est pas plus sensé d’opposer patriotisme et nationalisme. Question de définition, sans doute, mais, ce faisant, on aboutit inévitablement à saper l’idéal de la nation en le frappant d’un soupçon d’illégitimité. Il peut y avoir de petites patries locales ou provinciales, mais la grande patrie, c’est nécessairement la nation et il ne peut y en avoir une autre au dessus d’elle.
La « construction européenne » est un idéal fallacieux dont le contenu objectif est purement négatif. Elle est dirigée contre les nations, leur identité et leur souveraineté. L’européisme est une manifestation et un instrument du cosmopolitisme.

10. L’hostilité à l’Amérique

Une bonne partie des européistes, bien que ce ne fût certes pas le cas de Jean Monnet, veut que l’Europe s’unisse pour faire pièce aux États-Unis d’Amérique. Certes, il y a de bonnes raisons de s’opposer à l’impérialisme yanki, sur le plan poltique, et à l’américanisation de nos sociétés, sur le plan culturel. Mais ce n’est pas une raison, comme le fait absurdement la PND, prétendue nouvelle droite, pour nier que les États-Unis appartiennent à l’Occident, tout autant que l’Angleterre qui les a enfantés. Cette thèse aberrante témoigne d’une confusion des genres entre la politique et la culture. Une civilisation est une réalité culturelle, nullement une entité politique. François Ier, roi de France, pouvait s’allier au Grand Turc contre Charles Quint, empereur d’Allemagne, dans l’intérêt de la nation sans renier sa civilisation. De même, on peut soutenir que la France doit s’allier à la Russie contre l’Amérique sans nier que celle-ci soit occidentale et sans affirmer que celle-là l’est.
L’hostilité à l’impérialisme américain peut aussi conduire à souhaiter une Europe des nations, non pas une fédération, évidemment, ni même une confédération, mais une alliance économique, politique et militaire entre États souverains. La fusion de ceux-ci dans une Europe supranationale ne ferait que les affaiblir tous. Le pouvoir technocratique qui s’est déjà formé avec la Commission de Bruxelles est, par nature, incapable de mener une grande politique. N’oublions pas que Jean Monnet, l’inventeur de l’Europe, était un agent américain. Jamais l’Europe n’avait été aussi supranationale et jamais elle n’avait été aussi soumise à l’impérialisme yanki qu’elle ne l’est aujourd’hui, comme la guerre en Ukraine l’a prouvé depuis 2022.
Contre l’impérialisme américain, il nous faut plus de nation, et moins d’Europe.

Conclusion : le mythe européen contre l’identité nationale

Toutes les raisons invoquées en faveur de l’unité de l’Europe ou de la « construction européenne » sont fallacieuses. L’Europe est une utopie, la nation est une réalité. Le mythe européen est essentiellement antinational et donc cosmopolite. Consciemment ou non, ses promoteurs et ses partisans sont des ennemis des nations, dont ils cherchent à détruire l’identité et la souveraineté. Il n’y a pas d’identité européenne, en sorte que les jeunes Français soi-disant « identitaires » qui proclamaient en anglais – dans la langue de l’impérialisme et du cosmopolitisme –, « Defend Europe ! » (« Défendez l’Europe »… et non l’Occident, la nation ou la France) pour combattre l’immigration extra-européenne – ce qui était en soi une œuvre pie –, et qui se réclamaient absurdement d’une identité européenne imaginaire sous l’influence de la funeste PND, étaient en réalité des anti-identitaires, ennemis de l’identité réelle, qui est nationale, et ils étaient donc objectivement cosmopolites.
L’Europe supranationale ne peut être qu’un magma technocratique, dépourvu de toute légitimité démocratique, et inféodé à l’Amérique. Ce projet utopique est heureusement voué à l’échec. Son effondrement est certain, tant il va contre les réalités. Mais le plus tôt sera le mieux. L’Angleterre nous a montré l’exemple avec le Brexit décidé par référendum en 2016. Nous devons militer pour que la France sorte aussi de l’Union européenne et, évidemment, de la monnaie unique européenne, l’euro. Il est de notre devoir de patriotes et de nationalistes de défendre l’identité et la souveraineté de la nation. Et pour cela, il faut détruire l’Union européenne.
Vive la nation ! Vive la France !

Remarque : une vidéo tirée de cet article a été mise en ligne le 20 décembre 2022 sur la chaîne YouTube « Henry de Lesquen » et reprise sur la chaîne Odysee du même nom.

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