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Zoroastre et nous : Les origines zoroastriennes de l’Occident chrétien

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« Zoroastre, tout en se jetant passionnément dans l’évidence du monothéisme, n’a pas voulu laisser perdre la distinction des fonctions de souveraineté mystique, de puissance combattante et de fécondité. (…) Sacrifiant ses mythes, il en a gardé l’essentiel, l’armature philosophique, pour l’appliquer à l’analyse ardente de l’objet nouveau de sa foi : le dieu unique, créateur et maître universel. »

Georges Dumézil

Résumé

Du monothéisme à la résurrection des morts, les dogmes du zoroastrisme, religion des anciens Perses, se retrouvent dans le christianisme. Or, l’Avesta, le livre saint du zoroastrisme, est antérieur de plusieurs siècles à la rencontre des Juifs et des Perses, qui s’est produite en 539 avant Jésus-Christ, quand l’empereur Cyrus a pris Babylone, où les Juifs avaient été déportés. Il faut donc en conclure que le judaïsme de l’Ancien Testament a hérité des dogmes zoroastriens après cette date et qu’il les a transmis au christianisme.

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Les chrétiens savent bien ce qu’ils doivent au judaïsme de l’Ancien Testament, mais ils ignorent absolument, à de rares exceptions près, que ce dernier, à son tour, avait une dette considérable envers le zoroastrisme qui l’avait précédé. Le christianisme a donc des origines zoroastriennes. Or, cette vérité étrangement méconnue n’intéresse pas seulement les chrétiens eux-mêmes, mais tous les Occidentaux, chrétiens ou non, puisque la civilisation occidentale est d’essence chrétienne.

Concordance des dogmes

Le zoroastrisme ou mazdéisme était la religion des anciens Iraniens (Perses, Mèdes, Parthes), qui formaient avec les Indiens, ou plus précisément avec les Indo-Aryas, la branche orientale, dite indo-iranienne, de la famille des peuples indo-européens. Il est encore pratiqué par quelque 200.000 fidèles dans le monde, surtout en Iran (guèbres ou zarthoshtis) et en Inde (appelés parsis, c’est-à-dire Persans, parce qu’ils descendent d’immigrés venus d’Iran pour fuir les persécutions). Cette religion tire le premier de ses deux noms de son fondateur, le prophète Zoroastre, alias Zarathoustra, le second de son Dieu, Ahura Mazda. Au XVIIe siècle, lorsque les Occidentaux ont découvert le zoroastrisme, dont le souvenir s’était perdu depuis les Grecs de l’Antiquité et dont ceux-ci, du reste, n’avaient eux-mêmes qu’une vague notion, et surtout après la première traduction de son livre saint, l’Avesta, en 1771, ils ont été frappés des affinités qu’il avait avec le christianisme. La concordance des dogmes est en effet confondante.

Le zoroastrisme croit en un Dieu unique, Ahura Mazda, le Seigneur Sagesse, qui est infiniment bon et qui a créé le monde. Il est entouré d’un cortège d’archanges, les immortels bienfaisants, ameshas spentas, et de simples anges, yazatas. Ahura Mazda a créé l’Esprit Saint, Esprit du Bien, Spenta Manyu, et l’Esprit du Mal, Angra Manyu, qui a choisi en toute liberté, comme Satan, de s’opposer à Dieu, et qui est assisté par une foule de démons, daevas.

Le zoroastrisme est une religion de salut. Il croit à la vie éternelle, au jugement de l’âme après la mort, à la rétribution des bonnes et des mauvaises pensées, paroles et actions, à l’enfer et au paradis (mot d’origine perse) – eschatologie individuelle. Il croit aussi au Sauveur, Saushyant, qui reviendra à la fin du monde, à la résurrection des morts, au jugement dernier et à l’avènement du Royaume de Dieu – eschatologie collective.

On notera la même incongruité apparente que dans le christianisme, incongruité qui résulte de la superposition des deux eschatologies, le jugement dernier qui a lieu à la fin du monde paraissant faire double emploi avec le jugement particulier prononcé immédiatement après la mort.

(Le problème avait troublé le pape Jean XXII. Il est revenu à son successeur, Benoît XII, de lui apporter une solution définitive, ex cathedra, en 1336, dans la constitution Benedictus Deus. Cf. Gervais Dumeige, La Foi catholique, pp. 510-511.)

Le zoroastrisme est une religion universaliste, qui s’adresse à tous les hommes, et non à un peuple particulier (bien que les survivants, gardiens de la flamme, aient eu tendance à se replier sur eux-mêmes sous l’effet des persécutions après la conquête musulmane).

La concordance ne se limite pas aux dogmes, elle s’étend à la morale. Le zoroastrisme professe une morale universelle, la même pour tous les hommes, qui rompt avec les morales particulières de l’ancienne religion indo-iranienne (cf. la notion de dharma dans l’hindouisme). Il appelle ses fidèles à choisir le bien et la vérité, à combattre le mal et le mensonge. La morale sexuelle du zoroastrisme condamne l’onanisme et l’avortement. Elle interdit aussi l’homosexualité, à la différence de l’hindouisme et du bouddhisme, mais comme le christianisme, le judaïsme et l’islam.

Le zoroastrisme connaît deux façons d’effacer les péchés, qui sont les mêmes que dans le catholicisme : la confession à un prêtre des péchés que l’on a commis en pensée, en parole et par action, et la réversibilité des mérites, laquelle justifie la prière pour les défunts. L’administration du breuvage sacré, le haoma, aux mourants, comme viatique, aliment d’immortalité, fait irrésistiblement penser au sacrement de l’extrême-onction. A noter que les saints du zoroastrisme ont sur la tête une auréole. On voit que le catholicisme est plus zoroastrien que le protestantisme.

Cette similitude des deux religions, zoroastrisme et christianisme, ne peut être le fait du hasard. De nombreux auteurs en ont inféré que la première avait influencé la seconde. Le grand orientaliste belge Jacques Duchesne-Guillemin (1910-2012) en a dressé la liste en 1962 : “L’influence de l’Iran sur la religion juive d’après l’exil a été estimée décisive non seulement par des iranistes tels que L. Mills, qui en a traité dans plusieurs livres (1906, 1913)…, mais aussi par de nombreux théologiens comme Stave (1898), E. Böklen (1902), Bousset (1926)… La même opinion est aussi défendue par un savant qui semble chez lui aussi bien dans les études sémitiques qu’iraniennes, G. Widengren (1957, 1960)… L’historien E. Meyer (1921) partageait aussi ces vues… Von Gall (1926) donne un catalogue détaillé des points de ressemblance, concluant toujours à une dépendance du judaïsme par rapport à l’Iran… Beaucoup de savants acceptent encore cette hypothèse comme un fait établi” (La religion de l’Iran ancien, p. 258).

En 1977, Duchesne-Guillemin s’est rallié ouvertement à cette conclusion, quoique en termes prudents : “Il est vraisemblable que le zoroastrisme a influencé le développement du judaïsme et la naissance du christianisme… Après l’exil, le salut d’Israël devait advenir dans le cadre d’un renouveau général ; l’avènement d’un sauveur signifierait la fin de ce monde et la naissance d’une nouvelle création ; le jugement d’Israël deviendrait un jugement général divisant l’humanité entre le bien et le mal. Ce concept nouveau, à la fois universel et éthique, rappelle si fortement l’Iran que beaucoup de savants l’attribuent à l’influence de ce pays” (“Zoroastrianism and Parsiism”, pp. 1171-1172).

Geo Widengren (1907-1996), savant suédois non moins éminent, estimait que l’Ancien Testament avait reçu l’empreinte du zoroastrisme à la suite de l’exil des Juifs à Babylone. “Certains facteurs ont conféré à la religion iranienne une grande influence. Nous pensons avant tout à sa force spéculative, qui a visiblement impressionné les fidèles des religions voisines… Avec la religion iranienne, nous avons pour la première fois une conception théologique de l’histoire ; or, celle-ci jouera plus tard, dans l’Occident chrétien, un rôle de premier plan… C’est de l’Iran que procède toute eschatologie et toute apocalyptique. La doctrine des périodes et la résurrection des corps sont des dogmes spécifiquement iraniens et ils ont fait leur chemin depuis… Sous toutes ses formes, la religion iranienne est une religion du salut. Tout est centré sur le salut individuel et communautaire. On comprend dès lors que la personne du rédempteur, de celui que Dieu charge de la révélation, occupe une place centrale… Le divin rédempteur descend sur terre et accepte de naître ici-bas sous forme humaine afin de sauver l’humanité… Si l’on jette un regard d’ensemble sur l’histoire du judaïsme, du christianisme et de l’islam au Proche-Orient, on voit avec évidence que, depuis les Achéménides, la religion iranienne a exercé sur la vie religieuse de tout l’Orient une influence durable et décisive… L’influence spirituelle de l’Iran se fit sentir parce que ses échanges culturels étaient intenses et que, sa religion possédant une énergie intrinsèque, les valeurs principales en furent peu à peu connues et plus ou moins parfaitement assimilées” (Les religions de l’Iran, pp. 392-393).

Duchesne-Guillemin et Widengren étaient les deux plus grands spécialistes du zoroastrisme et de l’Iran ancien au XXe siècle. Leur opinion a donc du poids.

Robert Charles Zaehner (1913-1974), éminent orientaliste lui aussi, a abondé dans leur sens : « La doctrine de Zoroastre sur les récompenses et les peines, sur une éternité de béatitude et une éternité de malheur attribuées aux hommes bons et mauvais dans une autre vie au delà de la tombe est similaire de façon si frappante à l’enseignement chrétien que l’on ne peut manquer de se demander si une influence directe n’est pas ici à l’œuvre. Il faut répondre : “oui” sans aucun doute, car les similitudes sont si grandes et le contexte historique si nettement pertinent qu’il faudrait pousser le scepticisme bien trop loin pour refuser de tirer la conclusion évidente… La théorie d’une influence zoroastrienne directe sur le judaïsme post-exilique [après -539] explique l’abandon soudain de la part des Juifs de la vieille idée du shéol, existence vague et impersonnelle qui est le lot de tous les hommes, sans considération de ce qu’ils ont fait sur terre, et l’adoption soudaine, précisément à l’époque où les Juifs exilés entrent en contact avec les Mèdes et les Perses, de l’enseignement du prophète iranien concernant l’au-delà. Ainsi, c’est Daniel, prétendument ministre de “Darius le Mède”, qui parle pour la première fois clairement de l’immortalité et du châtiment éternel. “Beaucoup de ceux qui dorment sur cette terre de poussière”, écrit-il, “s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et l’opprobre éternelles” (Daniel, XII 2). Ainsi, dès le moment où les Juifs sont entrés pour la première fois en contact avec les Iraniens, ils ont adopté la doctrine typiquement zoroastrienne d’une vie individuelle dans l’au-delà où l’on jouit des récompenses et où l’on endure les châtiments. Cette espérance zoroastrienne n’a cessé de progresser en terrain sûr pendant la période intertestamentaire et, à l’époque du Christ, elle fut soutenue par les pharisiens, dont le nom lui-même a été interprété par certains savants comme signifiant “Perses”, autrement dit la secte la plus ouverte à l’influence perse. Ainsi l’idée de la résurrection des corps à la fin des temps fut-elle aussi probablement propre au zoroastrisme, bien qu’elle se fût manifestée chez les Juifs, car les germes de l’eschatologie ultérieure étaient déjà présents dans les Gâthâs » (Dawn and twilight of zoroastrianism, pp. 37-38). Il est à noter que Zaehner était catholique et donc peu suspect de mauvaises intentions.

Le cardinal Franz König (1905-2004), archevêque de Vienne, a prononcé le 24 octobre 1976, trois ans avant la révolution islamique, une conférence historique à l’université de Téhéran, capitale de l’Iran, sur “L’influence du zoroastrisme dans le monde”. C’était la première fois qu’un haut dignitaire de l’Eglise catholique s’exprimait officiellement sur le sujet, ès qualités, bien que le cardinal König eût publié antérieurement, en 1964, un livre personnel où il évoquait déjà cette problématique (Zarathustras Jenseitsvorstellungen und das Alte Testament, Herder, Fribourg-en-Brisgau, Allemagne). Il relève dans sa conférence que “la première rencontre de l’Iran avec la religion juive eut lieu à l’époque de Cyrus”. Puis il s’interroge : “La grande question est de savoir si, et dans quelle mesure, les concepts religieux du zoroastrisme ont influencé le christianisme par l’intermédiaire du judaïsme.” “La Bible a-t-elle une dette envers l’Iran ?” Il se réfère au “fameux iranologue suédois, G. Widengren”, dont il rapporte l’opinion avec respect et dont il fait une citation proche de celle qui figure ci-dessus, quoique “l’évidence” ne soit plus ici qu’une “très nette impression” : “Quand on considère l’histoire du judaïsme, du christianisme et de l’islam, on a la très nette impression que, spécialement depuis les Achéménides, la religion iranienne n’a pas cessé d’exercer une influence décisive sur la vie religieuse de l’Orient” (“Stand und Aufgaben der iranischen Religionsgeschichte”, Numen, 2, p. 131). Le cardinal souligne devant un public en grande partie musulman que, pour Widengren, l’influence spirituelle de l’Iran ne s’est pas seulement exercée sur le judaïsme et le christianisme, mais aussi sur l’islam.

Le cardinal König mentionne aussi plusieurs autres auteurs importants qui partageaient l’opinion de Widengren (et que Duchesne-Guillemin n’avait pas cités) : l’historien allemand Ernst Kornemann (1868-1946), le philologue danois Arthur Christensen (1875-1945). Il estime quand même prudemment “qu’un tel degré de dépendance des Saintes Ecritures chrétiennes envers la pensée de Zoroastre ne peut être prouvé”. Cependant, ajoute-t-il, “il est acquis aujourd’hui que Zoroastre n’a pas pu emprunter ses idées d’une quelconque révélation originale des prophètes de l’Ancien Testament, mais au contraire que le christianisme a assimilé certains éléments des idées de Zoroastre, à travers l’Ancien Testament”. Et il conclut : “Nous avons maintenant tendance, c’est sûr, à traiter des connexions historiques entre la Bible chrétienne et les écrits de Zoroastre avec davantage de prudence qu’aux débuts de l’histoire comparée des religions. Néanmoins, il demeure certain que l’influence de Zoroastre est largement admise dans l’espace et le temps, et que ses idées ont apporté d’importantes contributions à la formation de la pensée européenne.”

Si l’on fait la part de la prudence ecclésiastique fort compréhensible de la part d’un haut dignitaire de l’Eglise catholique, on voit bien que le cardinal König ne récusait pas la thèse de la filiation énoncée par Duchesne-Guillemin, Widengren, Zaehner et autres auteurs. Celle-ci n’a en effet rien de scandaleux pour un chrétien. Un Père de l’Eglise, Clément d’Alexandrie, qui vivait au IIe siècle, nous a enseigné qu’une inspiration divine avait été donnée à certains “païens” pour préparer l’accueil de l’Evangile, autrement dit que le don de la prophétie n’avait pas été réservé aux Israélites de l’Ancien Testament. Si le Saint-Esprit a parlé par les prophètes, comme nous le dit le Credo, il faut comprendre qu’il a parlé en premier lieu par Zoroastre, le prophète de l’Iran, en lui inspirant ces croyances sublimes qui ont été transmises par les Israélites et qui sont parvenues jusqu’à nous grâce à la Révélation chrétienne.

L’an 539 avant Jésus-Christ

La date cruciale, c’est -539 (539 avant J.-C.), quand Cyrus le grand acheva la construction de l’empire perse achéménide par la prise de Babylone, où les Juifs (appelés ici aussi bien et indifféremment Hébreux ou Israélites) avaient été déportés par Nabuchodonosor soixante ans plus tôt (en -597) et où ils étaient réduits en esclavage. Cyrus a libéré les Juifs, qui l’ont dès lors vénéré comme “l’Oint du Seigneur”, hébreu mashia’h, Messie (Isaïe, XLV 1). Le point essentiel est qu’il n’y avait jamais eu de contacts entre Juifs et Perses avant -539 et qu’au contraire ces contacts ont été des plus étroits après cette date, qu’ils n’ont pas cessé pendant toute la durée de l’empire achéménide, jusqu’à sa chute avec la victoire d’Alexandre le grand en -330, et qu’ils ont continué sous l’empire macédonien des Séleucides (de -305 à -64) et sous l’empire parthe des Arsacides (de -250 à 224), les Juifs n’ayant jamais quitté Babylone. On peut même parler de symbiose entre Juifs et Perses si l’on songe à Esdras et Néhémie, hauts fonctionnaires de l’Etat perse, et à Esther (dont le nom vient du vieux-perse stâra, étoile), qui a enjôlé Assuérus, soit Xerxès Ier, lequel régna sur l’empire perse de -486 à -465 et fut défait par les Grecs à Salamine en -480.

(Si les Juifs avaient déjà eu des relations avec des zoroastriens avant Cyrus, depuis la déportation à Babylone en -597, elles n’ont pu être que marginales et hostiles, donc négligeables. Voir Jérémie, XXXIX 3, 13, et Ezéchiel, VIII 16-17. On peut en dire autant de la déportation en Assyrie et en Médie qui a suivi la prise du royaume de Samarie par le roi d’Assyrie Sargon II en -721, puisque celle-ci n’a pas concerné le royaume de Juda et que les Samaritains n’étaient pas de vrais Juifs, étant observé de surcroît que les Mèdes ne se sont convertis au zoroastrisme qu’après la conquête de leur pays par les Perses de Cyrus en -549. Voir II Rois, XVII 24 et XVIII 11.)

Or, en -539, l’Avesta, le livre saint du zoroastrisme, était composé depuis plusieurs siècles. (Il était donc aussi largement antérieur à la déportation des habitants de la Samarie en -721 et à celle des habitants de la Judée en -597.) Le premier Avesta, dit “Avesta ancien”, qui contient les Gâthâs, chants attribués au prophète Zoroastre, peut être daté de -1200 environ. Le second Avesta, dit “récent” (tout est relatif), de -800 au plus tard.

L’archaïsme de l’Avesta est établi en premier lieu par son contenu. Celui-ci nous apprend qu’il a été écrit à l’âge du bronze, donc avant -800. “[Selon Wilhelm Geiger,] l’Avesta dans son ensemble révèle une culture matérielle très primitive, qui ignore le sel, le verre, la monnaie, les métaux autres que le bronze. Il émane d’un milieu radicalement étranger à la civilisation de l’empire achéménide. Il a donc été composé avant la constitution des empires mède [-678] et perse [-539]. La civilisation de l’Avesta est très vieille.” Et encore : “Les Gâthâs sont plus archaïques que le reste de l’Avesta, qui est lui-même remarquablement primitif et était entièrement constitué avant la fondation des empires occidentaux [mède et perse]” (Jean Kellens, La quatrième naissance de Zarathushtra, p. 33).

Duchesne-Guillemin remarque que Zoroastre ignorait la civilisation urbaine, alors que les fouilles archéologiques ont montré que celle-ci apparaissait en Chorasmie, le pays du prophète, dès la première moitié du Ier millénaire avant notre ère (La religion de l’Iran ancien, p. 140, et “L’Iran antique et Zoroastre”, pp. 625 et 656). “Il est certain que la prédication de Zarathustra s’est faite loin de tout contact avec l’Iran occidental et assez longtemps avant l’avènement des Achéménides” (Zoroastre, p. 124).

(L’Iran s’étendait jadis beaucoup plus au nord, en Asie centrale, dans ce qui est devenu le Turkestan, le pays des Turcs – lesquels ne sont pas des Indo-Européens, est-il besoin de le rappeler ? Les invasions turques l’ont fait reculer vers le sud jusqu’à ses frontières actuelles. L’ancienne Chorasmie, actuel Khwarezm, était selon l’Avesta l’Airyanem Vaejo, “le pays arya”, expression qui a donné son nom à l’Iran tout entier, sachant que “Aryas” était l’appellation que se donnaient les Indo-Iraniens indivis et que les deux branches, indienne et iranienne, l’ont conservée après la scission, laquelle s’est produite entre -1800 et -1600. La Chorasmie appartient aujourd’hui à l’Ouzbékistan, le pays des Ouzbeks, qui sont une variété de Turcs. Cette province est située à l’est de la mer Caspienne, au bord sud de la mer d’Aral, sur les rives de l’Amou-Daria, anciennement l’Oxus, et contient la ville turque historique de Khiva, fondée au VIe siècle après J.-C..)

L’archaïsme des Gâthâs est aussi prouvé par leur similarité avec les Védas, les livres saints de l’hindouisme. “Les Gâthâs sont des hymnes analogues aux hymnes védiques et les nombreux parallèles formulaires entre les deux corpus démontrent que l’un et l’autre sont l’aboutissement d’une même tradition littéraire hymnologique et le produit d’une même vision ritualiste du culte. Ce constat est un acquis définitif” (Jean Kellens, op. cit., pp. 124-125). Gâthâs et Védas ne peuvent donc avoir été composés trop longtemps après la séparation des Indiens et des Iraniens, qui s’est produite, on l’a vu, entre -1800 et -1600.

En second lieu, l’archaïsme de l’avestique, la langue de l’Avesta, sous ses deux formes, propres respectivement au premier et au second Avesta, confirme la datation haute, celle que nous avons donnée ci-dessus. Il n’y a plus de doute à cet égard depuis un article de Karl Hoffmann en 1958 et un autre de Michel de Vaan en 2003. “L’archaïsme linguistique des Gâthâs est justifié par la complexité du système des pronoms enclitiques, le système verbal opposant le présent à l’aoriste et la trace laissée sous forme d’hiatus par les laryngales intervocaliques” (ibidem, p. 74). Et encore : “Nous devons à l’école d’Erlangen et à quelques savants qui pratiquent le même comparatisme indo-iranien, comme Thomas Burrow, F.B.J. Kuiper et Paul Thieme, la découverte des indices linguistiques qui plaident définitivement pour la datation haute. Dès la fin des années 50, l’essentiel est acquis : des travaux de Hoffmann, de Humbach et de Kuiper soulignent impérieusement l’archaïsme généralisé de la langue des Gâthâs” (ibidem, p. 121). Voilà pourquoi le vocabulaire de l’Avesta est si semblable à celui des Védas ; de nombreux mots y sont identiques ou presque identiques, par exemple, gâtha, cantique, mithra/mitra, contrat, kshathra/kshatra, puissance, etc.

La langue des Gâthâs est antérieure de plusieurs siècles à celle du second Avesta, qui est elle-même archaïque par rapport au vieux-perse parlé dans l’empire achéménide, indépendamment des différences dialectales entre la Perse proprement dite et le Nord-Est de l’Iran, dont la Chorasmie faisait partie.

Le sens de la transmission ne fait donc aucun doute. Le christianisme a reçu les dogmes du zoroastrisme par l’intermédiaire du judaïsme de l’Ancien Testament, qui en avait pour sa part hérité après -539.

Les Juifs étaient un peuple marginal dans l’empire achéménide. Admirateurs de Cyrus, ils ont recueilli les dogmes de la religion des Perses, tandis que celle-ci ne leur a rien emprunté. On conçoit que les Juifs aient adopté le Dieu unique de Zoroastre en l’identifiant à leur dieu ethnique. On voit mal comment l’inverse aurait pu se produire. Le passage du Dieu ethnique au Dieu universel dans le christianisme résulte d’une évolution interne au judaïsme qui a marqué un retour aux origines zoroastriennes.

Les dogmes du zoroastrisme n’ont pas été acceptés d’un seul coup par les Israélites après -539. Le monothéisme a d’abord été hésitant. La résurrection des morts n’apparaît que dans un livre deutérocanonique, le deuxième livre des Maccabées, composé au IIe siècle avant J.-C., et elle était refusée par les sadducéens, puisqu’il était écrit en grec et ne faisait pas partie du canon de la Bible hébraïque. L’infusion du zoroastrisme dans le judaïsme a donc pris plusieurs siècles et c’est ce qui explique ce fait paradoxal que le christianisme soit plus proche du zoroastrisme que le judaïsme de l’Ancien Testament, bien que celui-ci ait servi d’intermédiaire.

Constitution du judaïsme

A. Le judaïsme s’est constitué par la transposition du Dieu universel en Dieu ethnique.

Cette transposition a été maladroite à plusieurs égards. En premier lieu, la Bible hésite sur le nom de Dieu, qu’elle appelle d’abord Elohim, pluriel de majesté, ce qui, à la lettre, voudrait dire “les dieux”, et qui désigne le Dieu universel, et ensuite, Yahvé, dieu de l’ethnie hébraïque. Pour réaliser l’amalgame, la Genèse juxtapose les deux noms, en écrivant : “Yahvé-Elohim” (Genèse, II 4). Ce procédé est occulté dans beaucoup de traductions, où le doublet est rendu par “Dieu” ou “le Seigneur Dieu”.

En deuxième lieu, la Bible n’évite pas l’anthropomorphisme. Dieu, qui a créé le monde en six jours, se repose le septième jour (Genèse, II 2-3 ; Exode, XX 11). Dans le récit de la Chute, Dieu se promène dans le Jardin d’Eden comme le ferait un homme et il ne sait même pas où sont cachés Adam et Eve (Genèse, III 8-9).

On y est tellement accoutumé que l’on ne mesure pas l’incongruité du concept d’alliance entre Dieu et l’homme, ou un groupe d’hommes, et la part d’anthropomorphisme qu’il comporte dans l’Ancien Testament. Pour la Nouvelle Alliance, l’incongruité ne porte que sur le mot, car l’alliance dont il s’agit n’a pas le sens ordinaire ; elle signifie que le fidèle porte Dieu dans son cœur et qu’il est uni à lui par le Christ (l’apôtre saint Paul, dans l’épître aux Hébreux [VIII, 10], cite le prophète Jérémie : “…le Seigneur dit : “Je mettrai mes lois dans leur pensée, je les graverai dans leur cœur…”). Il en va tout autrement de l’Ancienne Alliance, qui est une véritable alliance au sens habituel du mot. Elle implique une réciprocité de devoirs entre Yahvé et les Israélites. C’est un contrat synallagmatique. Les Israélites doivent obéir à la Loi qui leur a été révélée et s’abstenir de rendre un culte aux autres dieux. En contrepartie, Yahvé leur donnera la victoire et ils pourront conquérir la terre promise. Sans doute y a-t-il une grande inégalité entre les deux parties au contrat. Il n’empêche que Dieu est assimilé à un homme qui passe contrat avec un autre.

Si l’Ancienne Alliance rabaisse Dieu, elle exalte au contraire ceux avec qui Il passe ce contrat, les Hébreux, qui ne sont plus des hommes comme les autres, mais qui sont en vérité infiniment supérieurs aux autres hommes, puisqu’ils ont été choisis par Dieu et qu’ils ont conclu un contrat avec Lui.

En troisième lieu, l’Ancien Testament ne dit pas toujours clairement que les autres dieux n’existent pas, mais plutôt simplement que les Juifs ne doivent pas leur rendre un culte ; il hésite donc entre hénothéisme et monothéisme. D’ailleurs, lorsque Dieu chasse Adam et Eve du paradis terrestre, Il déclare étonnamment : “Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous, grâce à la science du bien et du mal” (Genèse, III 22). “Comme l’un de nous”, donc comme un dieu… Et si Yahvé est un Dieu “jaloux”, c’est bien parce qu’il a peur que son peuple le trompe avec d’autres dieux… L’Alliance elle-même n’est-elle pas une alliance contre les autres dieux, et solidairement contre les autres peuples, qui adorent ces autres dieux ?

Il faut attendre le Deutéronome, cinquième et dernier livre du Pentateuque, pour trouver une affirmation explicite de l’unicité de Dieu, qui achève l’identification d’Elohim à Yahvé : “C’est à toi qu’il a donné de voir tout cela, pour que tu saches que Yahvé est le vrai Dieu et qu’il n’y en a pas d’autres” (IV 35). Et encore : “Voyez maintenant que c’est moi qui suis Dieu et qu’il n’en est point d’autre à côté de moi” (XXXII 39). Isaïe le répète : « Ainsi parle Yahvé, roi d’Israël, Yahvé des armées, son rédempteur : “Je suis le premier et je suis le dernier, à part moi, il n’y a pas de dieu” (XLIV 6). “Je suis Yahvé, il n’y en pas d’autre, moi excepté, il n’y a pas de Dieu” (XLV 5). »

Signe de la dette du judaïsme envers le zoroastrisme, le paradis, concept essentiel dans l’économie du salut, est un mot d’origine perse. En revanche, il n’y pas trace d’hébraïsme dans l’Avesta ni dans la littérature religieuse postérieure de l’Iran. “Avant la conquête musulmane [651], il n’y avait presque pas de mots sémitiques dans les langues iraniennes, alors que le nombre des mots iraniens en hébreu, en araméen et en syriaque est réellement imposant” (Geo Widengren, Les religions de l’Iran, p. 394). Dans la forme, la Bible, qui raconte l’histoire, réelle ou légendaire, du peuple hébreu, n’a rien à voir avec l’Avesta, qui est un recueil d’hymnes, de prières, de prescriptions rituelles, de mythes cosmogoniques. C’est sur le fond que la transmission est manifeste, bien que les auteurs de l’Ancien Testament aient tu ce qu’ils devaient au zoroastrisme, dont ils avaient forcément conscience. Ils ont négligé un détail : le nom du paradis ! C’est là qu’un Sherlock Holmes de l’histoire religieuse pourrait découvrir le pot aux roses… En cherchant bien, car le texte établi par des érudits juifs, les Massorètes, au IXe siècle après J.-C. a été soigneusement épuré, en sorte que le mot hébreu “pardès”, issu de l’avestique “pairidaesa”, n’y figure que trois fois, et seulement dans le sens d’un parc ou d’un verger. Mais les Septante avaient vendu la mèche au IIIe siècle avant notre ère, mille ans plus tôt. Partant d’un original hébraïque aujourd’hui disparu qu’ils ont traduit en grec, ils ont employé une trentaine de fois le mot “paradeisos” pour désigner le séjour des bienheureux. De même, dans sa traduction latine de la Bible, la Vulgate, au IVe siècle de notre ère, saint Jérôme a écrit maintes fois le mot “paradisus” dans le même sens. Il est évident que le concept de paradis a été transmis aux Juifs par les Perses en même temps que le mot.

En cherchant bien, Sherlock pourrait découvrir quelques autres détails révélateurs, par exemple Asmodée, “le pire des démons”, qui n’est autre que le démon Aesma daeva du zoroastrisme (Tobie, III 8). Evidemment, on s’en doute, l’asymétrie est totale en la matière, rien dans l’Avesta ne vient de la Bible.

Si les auteurs de l’Ancien Testament ont dit leur vénération pour Cyrus, ils se sont bien gardés de mentionner son Dieu, Ahura Mazda. Ils se sont même autorisés à annexer Cyrus pour en faire un Juif comme eux, puisqu’on peut lire à la fin du second livre des Chroniques : « Ainsi a parlé Cyrus, roi de Perse : “Yahvé, Dieu des cieux, m’a donné tous les royaumes de la terre et il m’a chargé de lui rebâtir une Maison à Jérusalem qui est en Judée” » (XXXVI 23, repris en Esdras, I 2). On avait l’interpretatio romana, qui assimilait les dieux du panthéon grec aux dieux romains, Zeus à Jupiter, Athéna à Minerve, etc.. Interpretatio judaica, ici, le Dieu de Cyrus et des Perses étant assimilé à Yahvé, Dieu des Israélites. La grande différence, c’est qu’Ahura Mazda n’est pas nommé. L’auteur des Chroniques savait pertinemment que Cyrus adorait Ahura Mazda. En l’identifiant à Yahvé, il a révélé, à son corps défendant, que le judaïsme était tributaire de la religion des Perses pour la croyance en un Dieu unique. Le sens de la transmission est évident. L’idée ne serait jamais venue aux Perses de prendre Yahvé pour Ahura Mazda.

Il est cependant impropre de parler d’influences du zoroastrisme sur le judaïsme. En réalité, le judaïsme s’est constitué à partir du zoroastrisme. Avant -539, le judaïsme n’existait pas. Le judaïsme fut une nouvelle religion qui est née de la transposition du Dieu universel en Dieu ethnique, Yahvé, avec l’affirmation parallèle de la théorie du peuple élu. C’est Zoroastre qui a fondé le monothéisme, ce ne furent pas les prophètes d’Israël.

Ce ne fut pas non plus le pharaon Aménophis IV, ou Akhénaton, “serviteur d’Aton”, qui régna sur l’Egypte de -1379 à -1362. Bien que celui-ci rendît un culte exclusif au dieu-soleil Aton, il ne niait pas l’existence des autres dieux ; sa doctrine, qui affirmait la primauté d’un dieu sur les autres dieux, était donc un simple hénothéisme, et non un monothéisme. Contrairement à la légende entretenue par Sigmund Freud dans un livre délirant, Moïse et le monothéisme (1939), le judaïsme ne doit strictement rien à Akhénaton, dont la réforme fut au demeurant sans lendemain en Egypte.

B. Le judaïsme fut une régression par rapport au zoroastrisme.

Régression théologique, d’abord, puisque, héritier d’une religion universaliste, il était, quant à lui, une religion particulariste et raciste et qu’il a rabaissé Dieu en le ramenant aux limites d’une ethnie, définie par son ancêtre éponyme, Jacob-Israël. On ne mesure pas assez les terribles conséquences de cette appropriation ethnique de Dieu. Elle impliquait que les non-Juifs devenaient des sans-dieu. C’est le christianisme qui a tenu a posteriori les Hébreux pour le peuple élu de Dieu sous l’Ancienne Alliance, dans l’attente de la Nouvelle. Les Israélites se considéraient plutôt pour leur part comme le peuple de Dieu, entouré de peuples sans Dieu qui étaient exclus de l’humanité authentique. Il y avait à leurs yeux une différence plus grande entre un Juif et un non-Juif, un “Goy”, terme de mépris, qu’entre ce dernier et une bête. De plus, les Israélites étant, par définition, les descendants de Jacob-Israël, la conversion éventuelle d’un non-Juif au judaïsme faisait de lui un simple prosélyte, individu d’un rang inférieur, et non un Israélite.

Les peuples primitifs se désignent eux-mêmes par un mot qui signifie “homme”, considérant ainsi que les étrangers ne sont pas des hommes. Les Juifs ont conservé à la nouvelle religion qu’ils ont constituée après -539 le caractère primitif qu’ils tenaient de leurs ancêtres, en dépit de l’élévation spirituelle que le zoroastrisme leur avait insufflée. La circoncision masculine, excision du prépuce, rite barbare qui soulevait d’horreur Grecs et Romains, témoigne du caractère primitif du judaïsme. Le comble est que les anciens Israélites ont voulu faire de cette pratique dégoûtante, qui est une mutilation sexuelle, la marque de l’Alliance avec Yahvé (Genèse, XVII 9-14).

La Nouvelle Alliance des chrétiens n’a pas grand-chose à voir avec l’Ancienne des Juifs, malgré le nom. Cette dernière est une alliance au sens propre, une alliance contre. Ainsi, Yahvé, Dieu jaloux, inculque aux Israélites la haine des autres peuples, qui adorent d’autres dieux que lui, et il les leur “livre” (le mot revient souvent dans la Bible hébraïque) pour qu’ils les détruisent avec leurs dieux, c’est-à-dire pour qu’ils les exterminent, y compris les femmes et les enfants, en sorte que leurs dieux disparaissent avec eux.

Le judaïsme a fait du Dieu bon de Zoroastre un Dieu cruel, vindicatif – mauvais. Yahvé ordonne par exemple l’extermination des Amalécites, “y compris les enfants à la mamelle” (I Samuel, XV 3), et se déclare “le Dieu fort et jaloux qui venge l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération” (Décalogue : Exode, XX 5).

On pense que ce sont les prophètes et autres auteurs inspirés de l’Ancien Testament qui sont arrivés au monothéisme en faisant du dieu ethnique des Hébreux, Yahvé, le Dieu unique. En réalité, c’est l’inverse qui s’est produit. Les Juifs ont adopté le Dieu unique du zoroastrisme en l’assimilant à leur dieu ethnique, opération effrontée qui les a conduits en même temps à décréter qu’ils étaient le peuple de Dieu, alors qu’ils n’étaient qu’un peuple marginal, dépourvu de civilisation, que Max Weber a qualifié de “peuple paria”.

Selon André Caquot (1923-2004), professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’hébreu et d’araméen, le nom des Hébreux, ‘ibrîm dans la Bible, et l’adjectif ‘ibrî qui s’y rattache, ont été employés en premier lieu “pour qualifier un esclave” : “Les premiers Israélites auraient été appelés Hébreux en raison de leur déchéance sociale.” Ils n’auraient pas été à l’origine un groupe ethnique, mais une catégorie sociale “en marge de la société urbaine, étrangers errants ou brigands plus ou moins menaçants” (“La religion d’Israël”, Histoire des religions, tome 1, Gallimard, Encyclopédie de la Pléiade, 1982, pp. 378-379).

C’est le christianisme qui a donné rétrospectivement de l’importance et de l’intérêt à une peuplade obscure dont l’horizon intellectuel ne dépassait pas une étroite bande de terre comprise entre le Jourdain et la Méditerranée. Petit pays pour un petit peuple qui en a fait sa terre promise. La grandeur du christianisme a créé un effet d’optique qui nous empêche de voir la petitesse du judaïsme réduit à lui-même.

La Bible hébraïque a magnifié l’insignifiance des anciens Israélites en nous faisant accroire que c’étaient eux, et eux seuls, bénéficiant d’une inspiration divine qui leur aurait été réservée, qui avaient conçu les croyances sublimes qu’ils ont transmises aux chrétiens, alors qu’ils les avaient en réalité reçues des Perses.

Régression morale, ensuite, dès lors que le judaïsme a répudié la morale universelle du zoroastrisme pour définir une morale ethnique. Le Décalogue est clair à cet égard : “Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte” (XX 2). Les Dix Commandements ne s’appliquent donc qu’aux Juifs. Mieux encore, le dixième et dernier Commandement nous apprend que le Décalogue ne s’adresse en réalité qu’aux Juifs de sexe masculin et de condition libre, ni aux non-Juifs, donc, ni non plus aux femmes et aux esclaves : “Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son esclave, mâle ou femelle, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui lui appartient” (XX 17). Le fait que le christianisme ait réinterprété le Décalogue pour en faire un enseignement destiné à tous les hommes ne change rien au sens initial. Le “prochain”, dans la Bible hébraïque – l’Ancien Testament -, c’est nécessairement un autre Juif. Un non-Juif n’est pas un prochain. Le Lévitique ne laisse pas de doute sur ce point : “Tu ne garderas pas rancune envers les fils de ton peuple, mais tu aimeras ton prochain comme toi-même” (XIX 17). Le “prochain”, c’est un “fils de ton peuple”, un autre Juif donc.

Il faut accepter la vérité sans ambages : prise à la lettre, la Bible hébraïque est foncièrement immorale, étant traversée de part en part par une haine rabique envers les non-Juifs. On y trouve un tissu d’horreurs et d’atrocités qui n’ont pas rebuté les auteurs inspirés. Il y a eu dans l’histoire de nombreux populicides ou “génocides” (moins courant, le premier mot est plus français que le second), mais seuls les Hébreux se sont glorifiés de ceux qu’ils avaient perpétrés, réels ou imaginaires, et que l’Ancien Testament raconte parfois avec des détails sadiques. La liste en est longue – extermination des Madianites : Nombres, chapitre XXXI ; des Amorrhéens : Deutéronome, chapitre II ; des Basanites : Deutéronome, chapitre III ; des Chananéens : Deutéronome, chapitres VII et XX ; des habitants de la ville de Jéricho : Josué, chapitre VI ; des habitants de la Palestine : Josué, chapitre X ; des Amalécites : premier livre de Samuel, chapitre XV ; des Amnonites : second livre de Samuel, chapitre XII... C’est une kyrielle de “crimes contre l’humanité” qui n’ont pas eu leur procès de Nuremberg. Quand l’apôtre saint Paul, traitant de l’Ancienne Alliance, la qualifie de “ministère de la lettre” et de “ministère de la mort”, disant : “…la lettre tue” (II Corinthiens III 6-7), l’expression doit être prise… au pied de la lettre.

Par exemple, dans les Nombres, au chapitre XXXI, on lit que “Moïse s’est mis en colère contre les principaux officiers de l’armée… qui venaient du combat [contre les Madianites]” parce qu’ils n’avaient exterminé que les hommes et qu’il leur dit : “Pourquoi avez-vous sauvé les femmes ?… Tuez donc tous les mâles parmi les petits enfants, et faites mourir les femmes dont les hommes se sont approchés. Mais réservez pour vous toutes les petites filles, et toutes les autres qui sont vierges” (14-18). Les féministes apprécieront la conclusion de ce passage : “On trouva que le butin que l’armée avait pris était de six cent soixante-quinze mille brebis, de soixante-douze mille bœufs, de soixante et un mille ânes, et de trente-deux mille personnes du sexe féminin, c’est-à-dire de filles qui étaient demeurées vierges” (32-35). Où l’on voit que les femmes faisaient partie du bétail, mentionnées du reste, dans l’énumération des espèces, après les brebis, les bœufs et les ânes…

Les Amalécites n’ont pas été mieux traités : « Voici ce que dit Yahvé des armées : “…tuez tout, depuis l’homme jusqu’à la femme, jusqu’aux petits enfants, et ceux qui sont encore à la mamelle, jusqu’aux bœufs, aux brebis, aux chameaux et aux ânes” » (I Samuel, XV 2-3). On peut expliquer, à défaut de le justifier, le massacre des enfants, qui visait à anéantir un peuple tout entier et aussi, peut-être, à éviter que ceux-ci, devenus grands, n’aient la velléité de venger leurs pères. Mais pourquoi tuer les pauvres bêtes ? Les bœufs, les brebis, les chameaux, les ânes ? Cruauté gratuite qui témoignait d’une fureur sadique. Le pire est cependant à venir, car, si le roi Saül “fit passer tous les Amalécites au fil de l’épée”, il épargna “ce qu’il y avait de meilleur dans les troupeaux de brebis et de bœufs” (XV 8-9), alors que Yahvé lui avait donné l’ordre de tout tuer. Cette désobéissance, le simple fait d’avoir épargné une partie des troupeaux, a provoqué la colère de Yahvé, qui s’est repenti d’avoir fait de Saül un roi (XV 10-31)…

Le saint roi David a montré qu’il avait le sens du détail quand il s’est agi d’exterminer les Amnonites : “(Le roi) David assembla… tout le peuple, et marcha contre (la ville de) Rabbath ; et après quelques combats, il la prit… Et ayant fait sortir les habitants, il les coupa avec des scies, fit passer sur eux des chariots avec des roues de fer, les tailla en pièces avec des couteaux, et les jeta dans les fourneaux où l’on cuit la brique. C’est ainsi qu’il traita toutes les villes des Amnonites” (II Samuel, XII 29-31). On notera sans surprise que Yahvé, qui avait grondé David quelques versets plus haut pour avoir envoyé à la mort un général dont il convoitait la femme, ne trouva rien à redire au traitement qu’il avait infligé aux Amnonites.

Point de pitié ni de pardon pour les victimes des populicides : “Vous n’aurez pas pitié d’eux” (Deutéronome, VII 2, au sujet des Cananéens) ; “Vous ne leur pardonnerez pas” (I Samuel, XV 3, au sujet des Amalécites). Ce n’était pas très évangélique…

Les “oracles contre les nations”, c’est-à-dire contre les non-Juifs, proférés par Jérémie (XXV et XLVII à LI) et Ezéchiel (XXV à XXXII) appellent à l’anéantissement de dizaines de peuples : “Non, vous ne serez pas épargnés, car j’appelle moi-même l’épée contre tous les habitants de la terre, oracle de Yahvé des armées” (Jérémie, XXV 29). Ces cris de haine attribués à Dieu lui-même laissent pantois.

Les commentateurs ordinaires évoquent complaisamment “l’exclusivisme” des Juifs de l’Ancien Testament. Euphémisme dérisoire pour qualifier un immonde racisme qui les pousse à assassiner même “les enfants à la mamelle” et à s’en glorifier (I Samuel, XV 3).

N’oublions pas non plus que l’acte fondateur du peuple juif fut une escroquerie : celle commise, avec la complicité de sa mère Rébecca, par Jacob, qui a dupé son père Isaac pour spolier son frère Esaü (Genèse, XXVII 5-29). La captation du droit d’aînesse pour un plat de lentilles n’était déjà pas glorieuse (Genèse, XXV 29-34), mais, là, la malhonnêteté a été à son comble, puisqu’elle visait son propre père. Il faut appeler un chat un chat et Jacob un fripon.

Et que dire de l’étrange combat de Jacob contre Dieu, au XXXIIe chapitre de la Genèse, combat qui lui a valu de changer de nom pour s’appeler désormais Israël – Jacob-Israël étant l’ancêtre éponyme des Israélites ? Le nom “Israël” vient de “isra”, “il combat” en hébreu, et de “El”, “Dieu” ; il signifie : “Celui qui se bat contre Dieu”… Tout un programme, si l’on ose dire ! Ici, à notre humble avis, l’interprétation littérale s’impose, aussi désagréable qu’elle puisse paraître, d’autant qu’on n’a jamais avancé un sens figuré qui fût crédible. Force est donc d’admettre que, selon la Bible, Jacob-Israël et les Israélites sont “ceux qui se battent contre Dieu”. La bénédiction que Celui-ci a accepté de donner à Jacob et l’élection qu’Il a conférée aux Israélites dans l’attente de la venue du Christ furent la manifestation de sa miséricorde infinie. Dieu a voulu sauver même ceux qui se dressaient contre Lui.

Cette interprétation peut être précisée si l’on estime, comme Luther, que Dieu, qui avait pris ici forme humaine dans sa lutte contre Jacob, était déjà le Christ, avant son Incarnation. Dans cette hypothèse, le combat de Jacob-Israël contre Dieu prophétiserait celui des Israélites contre Jésus de Nazareth et le Déicide dont l’apôtre saint Paul les a accusés dans le deuxième chapitre de la première épître aux Thessaloniciens : “Les Juifs ont tué le Seigneur Jésus et ses prophètes… Ils ne plaisent point à Dieu. Ils sont les ennemis du genre humain… La colère de Dieu sera sur eux jusqu’à la fin des temps” (14-16). L’apôtre saint Pierre lui a fait écho au chapitre III des Actes des apôtres : “O Israélites… le Dieu d’Abraham… le Dieu de nos pères a glorifié son fils Jésus que vous avez livré et renié devant Pilate… Vous avez renié le Saint et le Juste ; vous avez demandé qu’on accordât la grâce d’un homme qui était un meurtrier ; et vous avez fait mourir l’auteur de la vie ; mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts…” (12-19).

Au chapitre II de l’Apocalypse de l’apôtre saint Jean, c’est le Christ lui-même qui s’adresse à l’Eglise de Smyrne : “…vous êtes noircis par les calomnies de ceux qui se disent juifs et ne le sont pas, mais qui sont la synagogue de Satan” (8-9). Le Christ avait déjà tonné contre les scribes et les pharisiens dans l’Evangile selon saint Matthieu : “Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous êtes semblables à des sépulcres blanchis, qui au dehors paraissent beaux aux yeux des hommes, mais au dedans sont pleins d’ossements, de morts et de toute sorte de pourriture… Serpents, races de vipères, comment pourrez-vous éviter d’être condamnés au feu de l’enfer ?” (XXIII, 27, 33).

Naissance d’archanges

Avant la réforme zoroastrienne, les Iraniens, qui étaient polythéistes, connaissaient à l’origine deux classes de dieux, tout comme les Indo-Aryas : ahuras/daevas en iranien, asuras/devas en sanscrit, langue des Védas. En Iran, on a fait des daevas des démons, alors qu’en Inde, bizarrement, ce sont à l’inverse les asuras qui le sont devenus. Zoroastre n’a pas eu de mal à achever cette évolution en Iran. Les daevas, démons, ont donc fait cortège à Angra Manyu, l’Esprit du Mal. Les daevas n’étaient pas seulement tenus comme mauvais, ils avaient aussi perdu les attributs qui définissaient un dieu, en ce sens qu’après leur rétrogradation ils ne pouvaient plus recevoir un culte d’adoration, même de la part des méchants.

Zoroastre devait encore réduire la liste des nombreux ahuras à un seul pour fonder le monothéisme en faisant d’Ahura Mazda le Dieu unique. Comme Georges Dumézil l’a montré dans Naissance d’archanges, le prophète a dévalué les autres dieux “ahuras” du panthéon indo-iranien, qui sont devenus des “entités”, des archanges, les immortels bienfaisants, ameshas spentas, auxquels se sont ajoutés de simples anges, yazatas. Ainsi, la croyance aux anges ou archanges est un corollaire du monothéisme. “Le système zoroastrien des Entités a été substitué au système indo-iranien des dieux fonctionnels” (Georges Dumézil, Naissance d’archanges, p. 130). C’est-à-dire à la hiérarchie des dieux conforme à l’idéologie tripartie des Indo-Européens ou modèle des trois fonctions (fonction souveraine, fonction guerrière, fonction productive). “Les Entités appelées à remplacer les vieux dieux fonctionnels se sont approprié une partie de la mythologie de ces dieux… La substitution des Entités aux dieux a été comprise, sentie, comme substitution, le mécanisme en a été clair dans l’esprit du peuple qui recevait la réforme comme dans l’esprit des docteurs qui la faisaient” (ibidem, p. 169). La conception des immortels bienfaisants, ameshas spentas, était “le dogme essentiel” des Gâthâs (ibidem, p 77). “Zoroastre, tout en se jetant passionnément dans l’évidence du monothéisme, n’a pas voulu laisser perdre la distinction des fonctions de souveraineté mystique, de puissance combattante et de fécondité… Pour sauver toute cette science sans compromettre l’unité divine, il a substitué aux dieux individuels qui patronnaient les diverses nuances des trois fonctions, des Entités abstraites qui définissent ces nuances et en maintiennent le plus précieux : les rapports” (ibidem, p. 186). “Sacrifiant ses mythes, Zoroastre en a gardé l’essentiel, l’armature philosophique, pour l’appliquer à l’analyse ardente de l’objet nouveau de sa foi : le dieu unique, créateur et maître universel” (ibidem, p. 188).

Les archanges et autres anges du zoroastrisme sont en quelque sorte des OVNI de la pensée religieuse… Ces entités, qui ne sont pas des dieux, ni des génies ou des fées, qui sont des instruments et des messagers de Dieu, sont une catégorie sans précédent dont l’existence est commandée par la foi dans le Dieu unique, Ahura Mazda, ainsi que par la nécessité de préserver la structure trifonctionnelle des anciens dieux. A la fois homologues et postérieurs à ceux de l’Avesta, les anges et archanges de la Bible en sont incontestablement la réplique. Leur réapparition dans la Bible, et cela, dès son premier livre, la Genèse (XVI 7, XXIV 7), résulte sans conteste d’un emprunt au zoroastrisme. Et, bien sûr, les archanges de la Bible sont au nombre de sept, comme les immortels bienfaisants. Si Dumézil a appelé “archanges” les entités zoroastriennes, c’est qu’il avait une claire conscience de l’homologie, bien qu’il n’ait pas voulu sortir de son domaine pour analyser cette filiation évidente.

Il y a dans le zoroastrisme un lien organique entre les archanges (et accessoirement les simples anges), d’une part, et le monothéisme, d’autre part, puisque ceux-ci sont la trace des dieux disparus. Or, les anges et archanges de l’Ancien Testament n’ont aucun rapport avec d’anciens dieux et ne sont donc nullement nécessaires à la foi dans le Dieu unique. Ils ont encore moins de rapport avec les trois fonctions, que la Bible hébraïque ignore. Ce simple fait suffirait à montrer dans quel sens s’est réalisée la transmission. En outre, il prouve que la Bible n’a pas été composée avant -539, puisque ses anges proviennent du zoroastrisme, bien qu’elle ait pu reprendre des matériaux plus anciens, récits historiques ou légendaires.

De fait, les plus anciens livres de la Bible semblent avoir été écrits du temps d’Esdras, “scribe de la Loi du Dieu des cieux”, sous Artaxerxès Ier, qui régna sur l’empire perse de -465 à -425 (Esdras, VII 11-12). La Bible de Jérusalem doit le reconnaître : “Esdras est vraiment le père du Judaïsme” (p. 442). C’est lui qui a composé le canon de la Bible hébraïque, s’agissant du moins des livres les plus anciens. Il n’en fut pas l’auteur à proprement parler, car il a très probablement utilisé des matériaux antérieurs, mais il les a sélectionnés, corrigés, modifiés, dans la perspective qui était la sienne, selon son inspiration divine, sans doute, mais aussi selon les instructions que lui avait données son maître Artaxerxès. En effet, Esdras avait reçu de celui-ci une lettre de mission, qu’il cite, d’où il ressort qu’il était chargé non seulement “d’inspecter Juda et Jérusalem”, mais aussi, surtout, d’instaurer “la Loi de (son) Dieu, qui est la loi du roi” (VII 12-26). Il est permis de penser que c’est alors que s’est produite la première transfusion de la religion iranienne, le zoroastrisme ou une variante de celui-ci, dans ce qui allait devenir le judaïsme.

Il est peu vraisemblable que les Israélites n’aient adoré précédemment que Yahvé. L’habileté d’Esdras a été de tabler sur “l’exclusivisme” exacerbé des Israélites en faisant des concurrents de Yahvé des divinités étrangères. Et il a bien pris garde de révéler que ce Dieu unique nouvellement proclamé était l’homologue ou la transposition d’Ahura Mazda, Dieu de son maître Artaxerxès, et qu’Il était donc un héritage de l’Iran. Esdras a prétendu au contraire que cette croyance au Dieu unique était l’aboutissement d’une longue histoire nationale remontant à Abraham et à Moïse et il a donc fallu à cette occasion qu’il transformât le Dieu universel en Dieu ethnique. Cet artifice a si bien réussi qu’aujourd’hui encore on croit à la véracité historique de son récit mythique conçu pour occulter la translation du zoroastrisme au judaïsme.

Sept, nombre sacré

Esdras arriva à Jérusalem la septième année du règne d’Artaxerxès, envoyé par celui-ci et ses sept conseillers. Il est amusant de relever que la valeur sacrée attachée dans la Bible au nombre sept, comme le montre notamment la création du monde en sept jours, paraît provenir elle aussi du zoroastrisme. En effet, les immortels bienfaisants sont au nombre de sept, y compris Ahura Mazda lui-même, qui figure en tête de liste. Dans les deux cas, le nombre sept s’analyse comme 6+1, puisque le septième jour de la création Dieu se repose, comme les hommes le septième jour de la semaine, et que, de même, Ahura Mazda est d’une autre nature que les six entités qui suivent. On l’a vu, les archanges de la Bible sont sept, comme les immortels bienfaisants.

Le premier Avesta comprend, en plus des Gâthâs, le Yasna Haptahâti, autrement dit, le Yasna-aux-sept-chapitres (yasna signifiant sacrifice). Un hymne du second Avesta qui exalte la nativité du prophète annonce que “désormais, la bonne religion mazdéenne va se répandre sur les sept continents”… ce qui ne veut pas dire que les anciens Perses avaient découvert l’Amérique. Zoroastre a commencé sa vie en faisant sept miracles, puis il a eu sept entretiens avec Ahura Mazda, et il est mort à 77 ans, soit sept plus dix fois sept.

La sacralisation du nombre sept faisait partie du fonds commun des Indo-Iraniens. L’Inde a ses Saptarishis, ses sept Sages, et la liste des adityas, ou dieux souverains, dans le Rig Véda est aussi une heptade. (Il est vrai que Dumézil ne comptait que six adityas, omettant le dernier, Surya, – voir “L’idéologie tripartie des Indo-Européens”, p. 163 – et que les Brahmanas ont porté leur nombre à douze…)

On nous objectera que les Israélites ont pu s’inspirer des Chaldéens ou des Babyloniens, qui avaient eux aussi sacralisé le nombre sept, d’autant qu’Abraham est censé être originaire d’Ur en Chaldée. Ce pourrait être une innovation indépendante, mais ce fut plus probablement un emprunt aux Indo-Iraniens, présents en Mésopotamie au moins depuis la création de l’empire de Mitanni vers -1460, donc bien avant les premières mentions des Chaldéens au Xe siècle avant J.-C. ou la fondation de l’empire néo-babylonien au VIIe siècle. Du reste, puisque la Bible ne date pas d’avant la prise de Babylone par Cyrus en -539, elle a pu subir sur ce point une double influence des Indo-Iraniens, directe par les Perses et indirecte par les Babyloniens.

La Ménorah, chandelier ou candélabre à sept branches, est l’emblème du judaïsme (Exode, XXV 31-40). Là encore, 7 s’analyse comme 6+1, puisque la Bible dit que “six branches sortiront de ses côtés, trois branches du candélabre d’un côté, et trois branches du candélabre du deuxième côté”, en sus de la branche centrale. La Bible raconte que le démon Asmodée a tué l’un après l’autre les sept maris de Sarra (au bord du suicide, celle-ci a été sauvée par l’archange Raphaël, qui l’a donnée à Tobie) (Tobie, III 7-17).

La sacralisation de sept tourne à l’obsession dans le récit du siège de Jéricho au chapitre VI de Josué. Au septième jour, sept prêtres sonnent les sept trompettes qui vont faire tomber les murailles en faisant sept fois le tour de la ville, avant, bien sûr, que d’exterminer “tout ce qui se trouvait dans la ville, hommes et femmes, jeunes et vieux, jusqu’aux taureaux, aux moutons et aux ânes, les passant au fil de l’épée”. Sept, nombre magique… Au chapitre VII du Deutéronome, ce sont “sept nations plus nombreuses et plus puissantes” que le peuple israélite, dont les Cananéens, qui sont “dévouées par anathème”, autrement dit vouées à l’extermination ou plus précisément à l’immolation, ces tueries étant tenues pour un sacrifice rendu à Yahvé à sa demande (dévouer a ici le sens d’immoler).

Le judaïsme actuel – qui est celui des pharisiens dont parle l’Evangile – réserve aux Juifs le Décalogue et les 613 commandements ou mitzvot dénombrés par Maïmonide ; les rabbins ne proposent aux non-Juifs (Goyim) pour se conformer à la Bible, sans qu’ils puissent pour autant devenir juifs, que “les sept lois des enfants de Noé”. Ils sont trop bons…

Le Nouveau Testament n’est pas en reste, puisqu’on lit dans l’Apocalypse de saint Jean : “…il y avait devant le trône sept lampes allumées, qui sont les sept Esprits de Dieu” (IV 5). Et encore : “Je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône un livre scellé de sept sceaux” (V 1). “Je vis les sept anges qui sont devant la face de Dieu, et on leur donna sept trompettes” (VIII 2). “Je vis dans le ciel un autre prodige grand et admirable. C’étaient sept anges qui avaient les sept dernières plaies par lesquelles la colère de Dieu est consommée… Les sept anges qui portaient les sept plaies sortirent du temple… Alors, l’un des quatre animaux donna aux sept anges sept coupes d’or pleines de la colère de Dieu” (XV 1, 6-7).

La sacralisation du nombre sept peut venir du nombre de planètes que l’on voit à l’œil nu, sans compter la Terre : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, auxquelles on ajoutait le soleil et la lune. Les anciens astrologues ou astronomes ont supposé qu’il y avait donc sept cieux, chaque planète étant posée sur le sien ; dans une variante, on ajoutait la voûte céleste qui portait les étoiles, ce qui obligeait à négliger Mercure, proche du soleil, pour rester à sept cieux… Et les alchimistes ont établi une correspondance avec les sept métaux connus dans l’Antiquité : or, cuivre, argent, plomb, étain, fer, mercure.

Le mithriacisme, hérésie zoroastrienne qui sévissait dans l’empire romain, où elle a longtemps concurrencé le christianisme, avait ses “mystères”, lesquels connaissaient sept grades d’initiation, le premier étant ouvert aux enfants à l’âge de sept ans.

On notera encore avec amusement l’embarras de Georges Dumézil au sujet d’Armaiti, quatrième des six immortels bienfaisants (Ahura Mazda mis à part), “qui altère la correspondance entre la liste des dieux fonctionnels de Mitani [première attestation écrite de la trifonctionnalité, en -1380] et la liste des Archanges mazdéens” (op. cit., p. 170). “Pourquoi, comme représentants de la troisième fonction, le réformateur ne s’est-il pas contenté des deux figures jumelles [Haurvatât-Ameretât] qu’il substituait aux Nàsatya ?” (p. 173). Dumézil avance deux hypothèses improbables. (1) “Zoroastre s’est peut-être trouvé devant deux listes équivalentes, interchangeables” (p. 174), ayant au troisième échelon, soit les Nàsatya, soit la Terre, qui sera représentée par Armaiti. (2) Ou encore : “Le groupement des dieux scandinaves de la fécondité et de l’abondance [troisième fonction], Njördhr, Freyr, Freya, peut éclairer, et engager à considérer comme ancien, le groupement des trois dernières Entités zoroastriennes, Armaiti, Haurvatât, Ameretât” (p. 180).

Ultérieurement, Dumézil a imaginé une autre solution, qui lui a semblé la meilleure : (3) Armaiti serait l’équivalente de Sarasvati, la déesse trivalente des Védas, qui est associée aux trois fonctions, mais qui est classée dans la troisième (“L’idéologie tripartie des Indo-Européens”, p. 152).

En fait, aucune des trois hypothèses ne démontre qu’il fût nécessaire d’ajouter Armaiti à la structure trifonctionnelle, celle-ci étant déjà complète sans elle. Dumézil n’a pas pensé à une explication beaucoup plus simple… Le réformateur a peut-être simplement voulu que la liste des immortels bienfaisants contînt sept entités, ou plutôt 6+1, puisque sept avait une valeur sacrée ! Encore fallait-il ajouter Ahura Mazda en tête de liste. Dans une variante, c’est Spenta Manyu, l’Esprit Saint, qui est à la première place, l’essentiel étant toujours d’arriver à sept. Comme l’a remarqué plaisamment Jean Kellens, c’est le contraire des trois Mousquetaires, qui sont quatre : les sept immortels bienfaisants ne sont que six…

Comme l’Iran et l’Inde, la Grèce antique donnait une valeur sacrée ou symbolique au nombre sept. Elle avait ses sept Sages, et elle connaissait également les sept Merveilles du monde, les Sept contre Thèbes, ainsi, plus tardivement, que les sept arts libéraux… Il faut croire qu’elle avait subi l’influence de l’Iran, à moins que ce ne fût un legs du fonds commun indo-européen, puisque les Grecs étaient eux aussi des Indo-Européens. De même, la Rome antique s’est donnée sept rois dans l’histoire fabuleuse de ses origines, de Romulus à Tarquin le superbe.

Nous voyons sept couleurs dans l’arc-en-ciel et c’est à sept ans que l’enfant atteint l’âge de raison. Jusqu’en 2002, le mandat du président de la république était un septennat. Le cinéma est le septième art (qui nous a donné notamment Le septième sceau d’Ingmar Bergman et Les sept samouraïs d’Akira Kurosawa). Nous avons gardé les sept jours de la semaine, tout en repoussant le jour de repos du samedi, le sabbat des Juifs, au dimanche, jour de la Résurrection. Les catholiques ont multiplié les heptades sans se douter le moins du monde que la valeur sacrée du nombre sept était d’origine zoroastrienne. Ils se souviennent des sept dernières paroles du Christ en Croix, ils fêtent Notre-Dame des sept douleurs le 15 septembre, ils disent sept prières pour les sept douleurs et les sept allégresses de saint Joseph. Ils ont ouï-dire de la légende orientale des sept dormants. Ils ont sept sacrements et les enfants peuvent faire leur première communion à l’âge de sept ans. Ils connaissent les sept dons du Saint-Esprit, les sept vertus principales (trois théologales et quatre cardinales), les sept péchés capitaux…

On ne s’étonnera donc pas que le présent article soit divisé en sept paragraphes, celui-ci étant un intermède qui joue le rôle d’Armaiti parmi les immortels bienfaisants…

Etrange méconnaissance

Ce fait indubitable que les dogmes et la morale du zoroastrisme ont été transmis d’abord au judaïsme antique, après -539, puis, par son intermédiaire, au christianisme, au judaïsme postérieur et à l’islam, est étrangement méconnu. On peut en donner quatre raisons.

La première est évidente : l’Ancien Testament ne souffle mot de Zoroastre ni du zoroastrisme. On a cru que la vénération des Juifs pour Cyrus tenait simplement au fait qu’il les avait libérés et qu’il leur avait permis de construire ou de reconstruire un temple à Jérusalem. On n’a pas su voir qu’elle était aussi sans doute la reconnaissance implicite qu’il leur avait inculqué des idées religieuses nouvelles.

La deuxième raison, c’est la difficulté du sujet, qui vient de l’obscurité des textes et de l’incertitude de la traduction. La démonstration définitive de l’archaïsme de la langue des Gâthâs n’a été faite qu’en 1958. Auparavant, les savants avaient échafaudé diverses hypothèses aujourd’hui irrecevables, notamment sur la datation de l’Avesta. On a même eu droit à des thèses ébouriffantes. Par exemple, en 1938, Henrik Samuel Nyberg avait fait de Zoroastre un sorcier ou un chaman. Tout au contraire, en 1947, Ernst Emil Herzfeld avait fait de celui-ci un homme politique qui aurait vécu à l’époque de Cyrus et Darius… En 1951, Walter Bruno Henning a fait justice de ces deux théories aussi arbitraires et absurdes l’une que l’autre (“Zoroaster, politician or witch-doctor ?”, repris dans Robert Charles Zaehner, op. cit., pp. 349-359). S’agissant de Zoroastre, la bonne interprétation avait pourtant été donnée pour l’essentiel dès 1862 par Martin Haug, qui fut le premier savant à avoir soutenu la datation haute. Selon Haug, Zoroastre fut un prophète qui a professé un monothéisme intransigeant. Comme celui-ci parle à la première personne du singulier dans les Gâthâs, il n’y a aucune raison sérieuse de douter de sa réalité historique, bien qu’il ait vécu il y a fort longtemps, aux environs de -1400.

La troisième raison, c’est le caractère multiforme de l’Avesta, qui contient trois religions en une : monothéisme, dualisme, polythéisme, sans parler de l’évolution ultérieure du mazdéisme. Nous n’avons parlé jusqu’à présent que du zoroastrisme pur, lequel était strictement monothéiste à l’origine. Mais il a ultérieurement muté vers le dualisme lorsque les disciples de Zoroastre, hantés par la présence du Mal dans le monde, ont trouvé insuffisante la justification qu’en avait donnée le prophète. Si Ahura Mazda est infiniment bon, pourquoi a-t-il créé Angra Manyu, l’Esprit du Mal ? C‘était en vérité un faux procès, car Angra Manyu n’a pas été créé mauvais, il a décidé de le devenir. « Puisque Angra Mainyu a librement choisi son mode d’être et sa vocation maléfique, le Seigneur Sage ne peut pas être considéré comme responsable de l’apparition du Mal” (Mircea Eliade, Histoire des croyances et des idée religieuses, tome 1, p. 325). En opposant Spenta Manyu à Angra Manyu, Zoroastre avait défini un dualisme moral et philosophique qui ne remettait pas en cause l’unicité de Dieu. Le Videvdat, qui fait partie du second Avesta, altère profondément la doctrine de Zoroastre pour établir un dualisme absolu. Il fait d’Angra Manyu un Dieu à part entière, situé au même niveau qu’Ahura Mazda, le Dieu du Bien, ce dernier absorbant alors l’Esprit Saint, Esprit du Bien, Spenta Manyu. Dans l’empire perse sassanide (226-651), qui tomba lors de la conquête arabe, Ahura Mazda s’appelait Ohrmazd en moyen-perse et Angra Manyu était devenu Ahriman. La religion zoroastrienne était alors un dualisme fondé sur l’opposition Ohrmazd-Ahriman.

Le second Avesta révèle une autre transformation, qui est une réaction polythéiste. Les disciples infidèles de Zoroastre ont ressuscité les dieux défunts, notamment Mithra, tout en reconnaissant la suprématie d’Ahura Mazda. Les anges, yazatas, sont redevenus des dieux. Pourtant, cette nouvelle version du zoroastrisme a conservé la plupart des dogmes transmis au christianisme. Duchesne-Guillemin nous apprend que l’homologie avec celui-ci s’est poursuivie jusque dans le culte :

“Le sacrifice de Haoma est celui d’un dieu mourant offert à un dieu. De plus, celui-ci est son père : Haoma parle en effet d’Ahura Mazda, dans un passage de l’Avesta, comme du Père. Si l’on considère, en outre, qu’après l’oblation le prêtre et les fidèles consomment la victime sous des espèces non sanglantes et, ce faisant, participent à l’immortalité du dieu, en gage de vie éternelle et de résurrection, on reconnaîtra, à la suite de Zaehner, que cette conception rappelle de façon frappante la messe catholique.”

Cependant :

“Ce qui est au centre même de la liturgie chrétienne est à peine entrevu dans le rituel mazdéen – qui ne peut se référer à un fait historique comme la crucifixion” (“L’Iran antique et Zoroastre”, p. 688).

On voit bien que le christianisme ne saurait se réduire au zoroastrisme, malgré la concordance des dogmes ou même des pratiques, parce qu’il ajoute à ce dernier.

Le mythe du zervanisme, selon lequel Ahura Mazda (Ohrmazd) aurait été surplombé par un Dieu suprême nommé Zervan ou Zurvan, maître du temps, qui serait son père, ainsi que celui d’Angra Manyu (Ahriman), a accru la confusion. D’après Jean Kellens, “le zervanisme n’est documenté que par des auteurs non iraniens d’époque postsassanide”, et c’est une “illusion” qui a été maintenant “réfutée” (op. cit., pp. 91 et 164). Sans contester la théorie d’une hérésie zervanite, Jean Varenne semble du même avis pour l’essentiel : « Zurvân, le “Temps”: puissance divine… les Grecs ont cru, à tort, que les mazdéens le plaçaient au dessus du Seigneur Sage. Il n’est en fait que l’une des manifestations de sa toute-puissance » (Zoroastre, le prophète de l’Iran, p. 249). Peut-être aussi les auteurs étrangers à l’Iran ont-ils fait une confusion avec le manichéisme, religion fondée par Mani (216-277) et qui opposait le Dieu du bien et de la lumière, Zurvan, Dieu suprême, au Prince des Ténèbres, Ahrmen, équivalent d’Ahriman. Il n’y aurait donc pas lieu de tenir compte de ce zervanisme imaginaire, les Iraniens n’ayant jamais entendu parler d’un dieu nommé Zervan, du moins avant l’éclosion du manichéisme.

La quatrième raison de cette étrange méconnaissance, c’est la répugnance de beaucoup d’auteurs à accepter qu’il pût y avoir avant la Bible une religion à laquelle celle-ci aurait emprunté ses dogmes. Ce n’est pas vrai seulement d’auteurs chrétiens ou juifs, mais aussi d’incroyants qui témoignent un respect paradoxal pour la thèse de l’originalité absolue du judaïsme. Jean Kellens, spécialiste de l’Avesta, est un exemple caricatural de ce déni de réalité. Lui qui se dit marxiste et athée (on se serait passé de cette confidence déplacée dans un ouvrage d’érudition), mais qui est mieux que quiconque au fait de la question, comme le montrent les citations que nous avons faites de son livre, paraît surtout préoccupé de ne pas “faire concurrencer un prophète juif par un prophète indo-européen” (op. cit., p. 38, voir aussi pp. 66-67) – sachant, bien sûr, que Zoroastre, en tant qu’Iranien, était indo-européen ! Et de céder aux démons de l’hypercritique, qui tend à dissoudre dans le doute les vérités les mieux établies. Cela pour occulter ou retarder la conclusion imparable qu’il refuse alors qu’elle découle nécessairement de ses propres données, ne lui en déplaise : c’est bel et bien un prophète indo-européen, Zoroastre, qui fut le premier, et non les auteurs ou prophètes juifs de l’Ancien Testament, qui ne furent que ses successeurs et ses héritiers.

Les spécialistes de la Bible se contentent le plus souvent de relever comme un fait anecdotique que “paradis” est un mot d’origine perse, sans aller plus loin dans leurs réflexions. Ils ignorent le zoroastrisme, tout autant que les conclusions des spécialistes de l’Iran ancien, comme Duchesne Guillemin, Widengren ou Zaehner, et passent sous silence la concordance des dogmes, alors que ce fait capital saute aux yeux. Widengren s’en est offusqué : “Ces faits ne sont pas universellement reconnus. Je suppose que c’est uniquement pour des raisons scientifiques – en tout cas, je ne discuterai pas des autres ici” (Les religions de l’Iran, p. 393). Et l’auteur de se battre les flancs pour trouver des “raisons scientifiques” qui pourraient expliquer ce déni de réalité. Il est clair qu’il n’y en a pas. Si l’on n’a répondu à Widengren que par la conspiration du silence, c’est que l’on n’avait aucun argument sérieux à lui opposer.

André Dupont-Sommer (1900-1983), qui fut professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’hébreu et araméen, membre de l’Institut, secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, a fait exception, puisqu’il l’a quand même reconnu, en termes excessivement prudents : “C’est après Zoroastre que se rencontrent les premières formulations explicites du monothéisme juif” (cité par Paul du Breuil, Le zoroastrisme, PUF, collection “Que sais-je ?”, 1982, p. 68).

Cet aveuglement volontaire a trop duré. Aujourd’hui, en 2021, cela fait plus de soixante ans que l’on sait à quoi s’en tenir. On ne peut ignorer la concordance des dogmes entre zoroastrisme et christianisme. On sait qu’il n’y a pas eu de contacts entre Juifs et Perses avant -539, et qu’il y en a eu revanche d’étroits après cette date, et pendant des siècles. On a appris, enfin, et cela ne fait plus aucun doute, que l’Avesta avait été composé plusieurs siècles avant -539. La conclusion s’impose : le judaïsme de l’Ancien Testament et, par son intermédiaire, le christianisme, le judaïsme actuel et l’islam ont hérité à des degrés divers des dogmes du zoroastrisme, le christianisme en étant l’héritier le plus fidèle. Il est temps que les études bibliques prennent acte de la révolution copernicienne que leur impose le progrès des études avestiques, qu’elles admettent qu’avant la Bible il y avait l’Avesta, et que celui-ci fut la source de celle-là.

Le christianisme, accomplissement du zoroastrisme

Le christianisme a conservé ou recouvré tous les dogmes du zoroastrisme que nous avons mentionnés, ainsi que sa morale universelle, mais il est allé plus loin et plus haut, en sorte que l’on peut le qualifier de zoroastrisme accompli.

En premier lieu, les chrétiens croient que Dieu est infiniment bon, comme l’est Ahura Mazda, alors que Yahvé est un Dieu cruel et que l’Ancien Testament égrène les horreurs qui sont perpétrées en son nom ou selon ses ordres. Autant il n’est pas difficile de voir dans Ahura Mazda une préfiguration du Dieu du Nouveau Testament, autant il faut faire un effort pour admettre que le Dieu des chrétiens est le même que celui des Juifs. C’est une difficulté théologique majeure. L’hérésiarque Marcion, pour qui la Bible hébraïque était l’œuvre de Satan, avait des circonstances atténuantes. Il paraît que l’abbé Pierre a été bouleversé quand il a découvert les abominations de l’Ancien Testament, dont on ne lui avait pas parlé au cours de ses études au séminaire… Nous l’avons dit, l’apôtre saint Paul a pu qualifier l’Ancienne Alliance de “ministère de la mort”, de “ministère de la condamnation”, tout en ajoutant que celui-ci était “accompagné de gloire” (II Corinthiens, III 7, 9).

On comprend que les chrétiens soient tentés de refuser l’interprétation littérale de l’Ancien Testament, suivant en cela Saint Augustin. “Tout ce qui ne va point à la charité est figure”, a déclaré Pascal. On ne peut croire, par exemple, que le Dieu d’amour ait vraiment ordonné aux Juifs l’extermination des Amalécites, “y compris les enfants à la mamelle”, comme nous l’avons vu (I Samuel, XV 3). On est tenu d’en déduire que c’est un mensonge qui illustre la perversité et l’hypocrisie des auteurs de ce populicide. Ici, comme dans de nombreux passages de la Bible hébraïque, les Juifs ont osé prétendre que leur crime leur avait été ordonné par Dieu, odieux blasphème qui mettait un comble à leur faute. Selon Saint Augustin, Dieu n’a pas choisi les Hébreux parce qu’ils auraient été meilleurs que les autres peuples…

Les voies du Seigneur sont impénétrables, mais on peut se demander si le combat de Jacob-Israël contre Dieu rapporté dans le chapitre XXXII de la Genèse (24-30) n’est pas la clé d’interprétation de ce paradoxe, que Dieu ait accepté de bénir Jacob et qu’il ait élu le peuple d’Israël. Dans sa miséricorde infinie, Dieu aurait voulu donner à un peuple infâme, celui là-même qui, comme son nom l’indiquait, se battait contre Lui, une planche de salut en la Personne de Jésus de Nazareth, le Christ, qui allait naître en son sein, révélant par là-même que tous les hommes avaient vocation à être sauvés.

Dans la deuxième épître aux Corinthiens, au chapitre III, déjà cité, opposant “la Nouvelle Alliance”, qui est le “ministère de l’esprit”, à l’Ancienne, qui est le “ministère de la lettre”, et qu’il qualifie de “ministère de la mort”, de “ministère de la condamnation”, car “la lettre tue, et l’esprit donne la vie”, l’apôtre saint Paul n’hésite pas à discréditer Moïse lui-même, et les Israélites avec lui : “Nous ne faisons pas comme Moïse, qui se mettait un voile sur le visage, marquant par là que les enfants d’Israël ne pourraient souffrir la lumière… Et ainsi leurs esprits sont demeurés endurcis et aveuglés. Car jusqu’aujourd’hui même, lorsqu’ils lisent le vieux Testament, ce voile demeure toujours sur leur cœur…” (5-14).

 Le christianisme a répudié la notion raciste de peuple élu, étant une religion universaliste qui s’adresse à tous les hommes, au même titre que le zoroastrisme. L’attachement des chrétiens à “l’histoire sainte”, récit des tribulations du peuple juif – récit au demeurant dépourvu de valeur historique -, ne doit pas faire illusion, puisque l’Ancien Testament prend un sens nouveau avec le Christ : la foi chrétienne est revenue aux principes du zoroastrisme en s’affranchissant du judaïsme. Elle enseigne à nouveau une morale universelle et, ce faisant, elle a rompu avec la morale particulariste des Juifs. Elle appelle les fidèles, comme le faisait Zoroastre, à prendre le parti du bien contre le mal. La morale zoroastrienne était une éthique de la vérité, opposée au mensonge. Jean Haudry parle même d’une “religion de la vérité” propre au monde indo-iranien (“Mithra, adversaire ou précurseur du christianisme ?”, pp. 153-4). Ahura Mazda était l’homologue du dieu védique Varuna, dont le nom signifie “Parole vraie”.

La triade pensée, parole, action était au cœur de la morale zoroastrienne. Pour être sauvé, il fallait avoir de bonnes pensées, prononcer de bonnes paroles, faire de bonnes actions. Le Confiteor porte témoignage de cette filiation morale qui nous unit au prophète de l’Iran, par delà les siècles. “Je confesse à Dieu… que j’ai beaucoup péché par pensée, par parole et par action…” (“Confíteor Deo… quia peccavi nimis cogitatione, verbo et opere…”, dans la forme traditionnelle, dite extraordinaire, du rite romain ; dans la forme ordinaire, on ajoute : “omissione”, “par omission”). Marc Philolenko, dans son étude des origines du Confiteor, a conclu que la formule était issue de l’Iran mazdéen : “La formule ternaire pensée-parole-action remonte aux Gatha, peut-être même est-elle plus ancienne” (cité par Jean Haudry, La triade pensée, parole, action dans la tradition indo-européenne, p. 8). C’est Damase Ier, pape de 366 à 384, qui l’a introduite dans l’ordinaire de la messe en l’empruntant aux chrétiens d’Alexandrie, en Egypte. Il semble ainsi que le zoroastrisme a exercé une influence bienfaisante sur l’Eglise à ses débuts en favorisant le développement de son enseignement moral.

La foi chrétienne contient aussi une éthique de la vérité : “Que ton oui soit oui, que ton non soit non, tout le reste vient du démon”, a dit le Christ (Matthieu, V 37). Elle est exaltée dans le dialogue avec Pilate : “Je ne suis né et je ne suis venu dans le monde que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix” (Jean, XVII 17). Cependant, le christianisme a perfectionné le zoroastrisme également dans le domaine moral, car il contient plus encore une éthique du pardon et de la charité, opposée à la cruauté de la Bible hébraïque, et qui n’était pas présente dans le zoroastrisme, sinon à l’état de traces. “La prédication du prophète Zarathustra est tout axée sur le châtiment des méchants et la récompense des justes. Son dieu est un dieu de justice, non de miséricorde” (Jacques Duchesne-Guillemin, Zoroastre, p. 77).

Le christianisme est à la fois un dépassement du judaïsme et un accomplissement du zoroastrisme. Le judaïsme de l’Ancien Testament a été un détour entre Zoroastre et Jésus.

En second lieu, le christianisme a ajouté aux dogmes zoroastriens la création ex nihilo, le péché originel, l’Incarnation, la Rédemption par le Sacrifice de la Croix et la Sainte Trinité.

La création ex nihilo traduit toute la puissance et toute la grandeur de Dieu, car la création dont Il est l’auteur n’est plus la mise en ordre d’une réalité préexistante. Ahura Mazda, quant à lui, n’était que l’agent de la mise en place des éléments constitutifs de l’univers, l’ordonnateur du chaos.

Le péché originel est la vraie solution au problème du mal, à la théodicée. Unde malum, d’où vient le mal ? s’interrogeait Tertullien. Pourquoi le mal, alors que Dieu est à la fois tout-puissant et infiniment bon ? La réponse est que la liberté donnée aux créatures, qui est un bien, leur permet de commettre le mal. Le grand philosophe Leibniz avait donc raison de conclure que le monde était le meilleur possible, nonobstant les railleries dérisoires de Voltaire.

Le récit de la Chute, dans la Genèse, ne provient pas du zoroastrisme, il est un emprunt à la religion accadienne et les Accadiens étaient des Sémites. On ne voit rien d’autre, dans la foi chrétienne, qui soit d’origine sémitique. Mais seul le christianisme en a déduit le dogme du péché originel, qui est ignoré tant du judaïsme sacerdotal de l’Ancien Testament – celui des sadducéens à l’époque du Christ – que du judaïsme actuel – qui est (on a trop tendance à l’ignorer) celui des pharisiens dont parle l’Evangile – et de l’islam. Marqué par le péché originel, le fidèle chrétien est libre de choisir le bien et de refuser le mal avec l’aide de la grâce pour gagner le salut. Dans l’Ancienne Alliance, l’Israélite devait être l’esclave de Dieu : la plupart des traductions de la Bible hébraïque sont édulcorées sur ce point et écrivent pudiquement “serviteur” pour esclave. Le lecteur moderne a tendance à y voir un domestique ou un employé de maison, alors que, par exemple, le dixième commandement de Dieu indique clairement que le “serviteur” appartient à son maître, donc qu’il est un esclave, en bon français. Ici, aussi, la rupture est nette dans la Nouvelle Alliance : le fidèle le plus saint reste libre. L’amour de Dieu ne commande pas l’esclavage. “Le Seigneur, c’est l’Esprit, et où est l’esprit du Seigneur, là est la liberté” (II Corinthiens, III 17).

Le zoroastrisme enseigne que le prophète, ou son fils, reviendra pour chasser les démons et ressusciter les morts. La foi chrétienne dit que Jésus-Christ, le Sauveur, reviendra à la fin des temps, mais aussi qu’Il a d’abord donné sa vie sur la Croix pour sauver les hommes. La Rédemption par le Sacrifice du Christ confère une tout autre dimension à l’économie du salut. Et Zoroastre n’est qu’un homme, en dépit du destin fabuleux que l’Avesta lui prête, tandis que le Christ est l’Incarnation de Dieu, Dieu fait homme.

La Sainte Trinité est ébauchée dans le zoroastrisme, où sont présents, aux côtés d’Ahura Mazda, d’une part, Zoroastre, prophète et Sauveur, d’autre part, Spenta Manyu, l’Esprit Saint. Mais Zoroastre n’est qu’un homme, et Spenta Manyu n’est pas un dieu. Au contraire, dans le mystère de la Sainte Trinité, Dieu est à la fois Un et constitué de trois Personnes divines, le Père, le Fils, que le Père a engendré, et le Saint-Esprit, qui procède du Père et du Fils.

Le christianisme n’a pas seulement hérité du zoroastrisme, il en est l’accomplissement sublime.

Les Pères de l’Eglise se sont réclamés des philosophes grecs qui étaient arrivés, par l’usage de la seule raison, à la croyance en un Dieu unique et en l’immortalité de l’âme. De même, Saint Justin martyr, au IIe siècle, ayant observé le parallélisme du mazdéisme avec le christianisme, en avait conclu que Zoroastre était un témoin de l’Evangile parmi les païens. « La prédication passionnée, exclamatoire, de Zarathustra est tout animée par la présence qu’il sollicite et adjure sans cesse, et qui se révèle. Elle nous rappelle le ton des prophètes d’Israël. Zarathustra sait que Dieu parle par sa bouche. Il a reconnu en lui, en une série de visions, le Seigneur Saint… Tel Isaïe entonnant “Saint, saint, saint est le Seigneur…”, il s’écrie : “Je te reconnais saint, ô Seigneur Sage…” » (Jacques Duchesne-Guillemin, “L’Iran antique et Zoroastre”, pp. 658 et 661). Le Saint-Esprit, qui a parlé par les prophètes, a parlé en premier lieu par Zoroastre, le prophète de l’Iran, qui vécut 1.200 ans avant le Christ, 700 ans avant la Bible, à l’aube de la Révélation ; en second lieu seulement et beaucoup plus tard par les prophètes de l’Ancien Testament, qui ont poursuivi l’enseignement du fondateur du mazdéisme. Zoroastre fut le prophète primordial.

N’est-ce pas la signification profonde de l’hommage que “des mages venus d’Orient” ont rendu à l’enfant Jésus dans sa crèche de Bethléem (Matthieu, II 1-12) ? Bien que l’Avesta ignorât les mages, c’était le nom que l’on donnait aux prêtres zoroastriens à l’époque du Christ. “L’étoile qu’ils avaient vue en Orient” – en Orient, c’est-à-dire en Iran – les conduisit jusqu’à Jésus. Ainsi, les prêtres de Zoroastre apparaissent au tout début du Nouveau Testament, au deuxième chapitre du premier Evangile, juste après la naissance de Jésus et sa généalogie, qui, par saint Joseph, le rattache à Abraham, ce qui marque le double héritage du christianisme, direct pour le judaïsme, indirect pour le zoroastrisme.

Saint Matthieu savait fort bien qui étaient les mages et, après lui, les auteurs chrétiens des premiers siècles, comme saint Justin martyr, ne l’ignoraient pas non plus. Ils ont donc vénéré Zoroastre, maître des mages venus adorer l’enfant Jésus. Le progrès des connaissances montre qu’ils ont eu tout à fait raison, bien qu’ils fussent en dessous de la réalité, ne mesurant pas l’étendue de la concordance des dogmes ni l’antériorité de Zoroastre sur la Bible.

A partir du IIIe siècle, avec Tertullien, qui de ces prêtres a fait des rois, le souvenir des mages a été noyé dans la lumière de l’Epiphanie et on a perdu de vue le lien avec Zoroastre. Aujourd’hui, des commentateurs tendancieux présentent les mages de l’Evangile comme de vagues “astrologues”, venus d’un “Orient” fabuleux. C’est de la désinformation scripturaire. Il faut rétablir la vérité. Les mages venus adorer l’enfant Jésus à Bethléem étaient des prêtres de Zoroastre.

Ex Oriente lux, la lumière apparut d’abord là-bas, en Iran, à l’est de la Palestine. Les présents que les mages firent à Jésus étaient le symbole de l’héritage religieux qu’ils léguaient au christianisme. En se prosternant devant Lui pour l’adorer, ils ont célébré par là-même la translation du zoroastrisme au christianisme.

Post-scriptum

On pourrait être tenté de nous taxer de semi-marcionisme, vu les critiques sévères, parfois acerbes, que nous nous sommes cru autorisé à faire à l’Ancien Testament, pris du moins dans son sens littéral. Osera-t-on en dire autant de l’apôtre saint Paul – s’il nous est permis de nous comparer à lui -, qui a défini l’Ancienne Alliance, on ne le répétera jamais assez, comme “le ministère de la mort”, “le ministère de la condamnation” (II Corinthiens, III 7, 9) ? Aussi inattendues, voire provocantes ou irrévérencieuses, que puissent paraître parfois nos analyses, elles sont fondées sur des données avérées ou sur des hypothèses vraisemblables et s’appuient sur l’autorité des savants considérables que nous avons cités… tout en bénéficiant du sauf-conduit délivré par deux Pères de l’Eglise, saint Justin martyr et Clément d’Alexandrie. Nous croyons qu’elles ne sont en rien contraires au Magistère de l’Eglise catholique, qui s’impose à nous comme à tout autre fidèle. A notre humble avis, on tombe plutôt dans l’hérésie, et même dans le blasphème, en faisant une lecture littérale des passages de l’Ancien Testament qui imputent à Dieu la responsabilité de crimes commis par les Juifs, oubliant ce principe cardinal : “La lettre tue et l’esprit donne la vie” (ibidem, 6).

L’exigence de vérité à laquelle le Christ nous a appelés nous paraît justifier l’acte de réinformation religieuse, historique et théologique que nous avons voulu faire dans le présent article sur les origines zoroastriennes de l’Occident chrétien.

Sources et références

– Duchesne-Guillemin (Jacques), “La religion iranienne”, Les religions de l’Orient ancien (Librairie Arthème Fayard, 1957) ; La religion de l’Iran ancien (Presses universitaires de France, 1962) ; “Zoroastrianism and Parsiism”, The new Encyclopædia Britannica, Macropædia, tome 19 (Encyclopædia Britannica, Inc., Chicago, Etats-Unis, 1977) ; Zoroastre – étude critique avec une traduction commentée des Gâthâ (Robert Laffont, 1981) ; “L’Iran antique et Zoroastre”, Histoire des religions, tome 1 (Gallimard, Encyclopédie de la Pléiade, 1982) ; “L’Eglise sassanide et le mazdéisme”, Histoire des religions, tome 2 (Gallimard, Encyclopédie de la Pléiade, 1983).

– Dumeige (Gervais), Textes doctrinaux du Magistère de l’Eglise sur la Foi catholique (éditions de l’Orante, 1984).

– Dumézil (Georges), Naissance d’archanges (Jupiter, Mars, Quirinus III) – Essai sur la formation de la théologie zoroastrienne (Gallimard, 1945) ; Idées romaines (Gallimard, 1969), deuxième partie, chapitre IV, “Les rois romains de Cicéron” [intitulé “Les archanges de Zoroastre et les rois romains de Cicéron” dans le recueil de 1992, voir ci-dessous] ; Les dieux souverains des Indo-Européens (Gallimard, 1977), introduction, “Les dieux indo-iraniens des trois fonctions”, et chapitre III, “Réformes en Iran” ; “L’idéologie tripartie des Indo-Européens”, dans le recueil posthume Mythes et dieux des Indo-Européens présenté par Hervé Coutau-Bégarie (Flammarion, 1992). [Georges Dumézil (1898-1986), major au concours d’entrée de l’Ecole normale supérieure (rue d’Ulm), agrégé de lettres, fut directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire des “civilisations indo-européennes”, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et de l’Académie française. Il fut le maître des études indo-européennes. Ne soyons pas avare de notre admiration : Dumézil fut un génie de la science.]

– Eliade (Mircea), Histoire des croyances et des idées religieuses, tome 1, de l’âge de la pierre aux mystères d’Eleusis (Payot, 1984), chapitre XIII, “Zarathoustra et la religion iranienne” ; tome 2, de Gautama Bouddha au triomphe du christianisme (Payot, 1984), chapitre XXVII, “Nouvelles synthèses iraniennes”.

– Haudry (Jean), “Mithra, adversaire ou précurseur du christianisme ?”, Zarathoustra et renouveau chrétien de l’Europe (Guy Trédaniel, 1996) ; La triade pensée, parole, action dans la tradition indo-européenne (Archè, Milan, Italie, 2009).

– Kellens (Jean), La quatrième naissance de Zarathushtra (Seuil, 2006) ; Lecture sceptique et aventureuse de la Gâthâ ustauuaiti – études avestiques et mazdéennes, vol. 6 (éditions de Boccard, 2019). [Né en 1944, Jean Kellens, spécialiste de l’Avesta, a été professeur au Collège de France, titulaire de la chaire des “langues et religions indo-iraniennes”. Il est dommage que l’immense savoir acquis par Jean Kellens dans son domaine soit pollué par une idéologie nauséabonde inspirée du marxisme. Voir un passage de La quatrième naissance de Zarathushtra, pp. 81-82, où il se surpasse dans l’ineptie, affirmant notamment que tous les gènes sont “banals”… comme si les gènes d’un chimpanzé valaient ceux d’un professeur au Collège de France !]

– König (Franz, cardinal), “Zoroaster”, The new Encyclopædia Britannica, Macropædia, tome 19 (Encyclopædia Britannica, Inc., Chicago, Etats-Unis, 1977) ; Influence of Zarathustra in the World, conférence du 24 octobre 1976 à l’université de Téhéran, en ligne : http://www.zoroastrian.org.uk/vohuman/Article/ – 2018 (consulté le 26 juin 2021). [Conspiration du silence ? Le fait est que le texte de la conférence historique du cardinal König est quasiment introuvable. On peut comprendre que l’université de Téhéran l’ait mis sous le boisseau après la révolution islamique de 1979, mais il devrait être fameux en Occident. Peut-être son auteur a-t-il regretté l’audace dont il avait fait preuve dans l’expression de la vérité. Toujours est-il que nous ne l’avons déniché que sur des sites zoroastriens. Nous avons donné ici le lien de l’article en ligne sur le site English Zoroastrian (zoroastrien anglais), http://www.zoroastrian.org.uk . Il faut féliciter ses administrateurs pour la qualité de leur travail. Le Centre européen d’études zoroastriennes, sis à Bruxelles, a édité le texte de la conférence en format papier et l’on peut commander la brochure sur son site, http://www.gatha.org .]

– Varenne (Jean), Zarathustra et la Tradition mazdéenne (Seuil, 2006) ; Zoroastre, le prophète de l’Iran (Dervy, 2020).

– Widengren (Geo), “Stand und Aufgaben der iranischen Religionsgeschichte”, Numen – international Review for the History of Religions, Brill Publishers, Leyde, Pays-Bas, 1954 ; 2, 1955 [cité par le cardinal Franz König, Influence of Zarathustra in the World, op. cit.] ; Les religions de l’Iran (Payot, 1968) ; “Iranian Religions”, The new Encyclopædia Britannica, Macropædia, tome 9 (Encyclopædia Britannica, Inc., Chicago, Etats-Unis, 1977).

– Zaehner (Robert Charles), Dawn and twilight of zoroastrianism, 1961, G.P. Putnam’s sons, New York, Etats-Unis, s. d..

– Nous avons utilisé concurremment plusieurs traductions de la Bible en français : (1) Louis-Isaac Lemaître de Sacy (1700 ; Robert Laffont, coll. Bouquins, 1990), la plus élégante ; (2) Edouard Dhorme (Gallimard, “La Pléiade”, t. 1, 1971, t. 2, 1972), qui ne contient que l’Ancien Testament ; (3) Traduction œcuménique de la Bible (Librairie générale française, “Le livre de poche”, t. 1, 2018, t. 2, 2013, t. 3, 2016) ; (4) chanoine Augustin Crampon (1923, réimpression aux éditions D.F.T., 1989) ; (5) La Bible de Jérusalem (éditions du Cerf, 1984), trop souvent partiale et tendancieuse, tant dans le texte lui-même que dans les commentaires, et donc peu digne de foi.

– A noter que les articles en français de Wikipédia sur le sujet sont en général peu recommandables. Exception : l’article “Avestique” (consulté le 2 mai 2021).

Remarques

1. Eu égard aux conditions de la lecture en ligne, nous avons mis dans le corps du texte, en général entre parenthèses, les précisions qui auraient dues normalement être renvoyées en notes, en ne donnant que les titres des ouvrages figurant in fine dans la bibliographie (« Sources et références« ).

Les mots tirés du sanscrit ou de l’avestique ont été transcrits ici d’après Jean Kellens, sauf dans les citations d’autres auteurs. Les caractères spéciaux de la transcription ont cependant été remplacés par un équivalent. Les noms communs ont pris au besoin la marque du pluriel français. Nous avons renoncé à mettre le “ch” français en lieu et place du “sh” anglais parce que tous les auteurs ici mentionnés avaient gardé celui-ci.

2. Le personnage fabriqué par Frédéric Nietzsche dans son poème parodique Ainsi parlait Zarathoustra (1884) n’a rien à voir avec le prophète de l’Iran. Ses idées nihilistes et grandiloquentes sont aux antipodes du zoroastrisme. “C’est un nom seulement, et rien d’autre – à part peut-être certain ton de vaticination et certaine couleur orientale -, que Nietzsche a voulu emprunter au prophète iranien ; des véritables doctrines de celui-ci, on chercherait en vain la trace dans Ainsi parlait Zarthustra. (Et il ne viendra sans doute à l’idée de personne de les y chercher !)” (Jacques Duchesne-Guillemin, Zoroastre, pp. 10-11).

Henry de Lesquen

Article publié le 4 juillet 2021,
mis à jour au 10 août 2021.

Les trois classes fonctionnelles de la société indo-européenne

Les trois ordres de l’Ancien Régime en France – clergé, noblesse, tiers état -, les trois castes aryas de l’Inde – prêtres, guerriers, producteurs -, les trois classes sociales de la République de Platon – gardiens, auxiliaires, producteurs -, sont des systèmes équivalents qui proviennent d’une même source : la tradition indo-européenne, ou arya, fondée sur le modèle des trois fonctions. Selon celui-ci, les activités sociales relèvent de trois fonctions distinctes et hiérarchisées :

– la première fonction ou fonction souveraine ;

– la deuxième fonction ou fonction guerrière ;

– la troisième fonction ou fonction productive.

Ce modèle définit une conception de la société. Il a été conçu par nos ancêtres, les Aryas originels, avant qu’ils ne se divisassent en se lançant à la conquête du monde, donc au plus tard au quatrième millénaire avant l’ère chrétienne, il y a plus de 5.000 ans. Nous en sommes les héritiers, et nous devons prendre conscience de cet héritage pour sauvegarder notre identité, car l’identité d’un peuple est d’autant plus forte qu’il a gardé, ou recouvré, la mémoire de ses origines.

Le modèle des trois fonctions s’applique à première vue à toutes les sociétés humaines, où il faut se nourrir, se défendre, se gouverner… mais seuls les Aryas ont établi clairement cette séparation entre les trois fonctions et seuls ils ont affirmé la hiérarchie qui devait être établie entre elles, et donc entre les hommes qui les incarnaient, entre les trois classes fonctionnelles.

La fonction souveraine ne se réduit pas aux prêtres, contrairement à ce que l’énumération des ordres pourrait laisser penser. Elle a en réalité deux pôles complémentaires, l’un, fondateur, l’autre, régulateur, et ce dernier seul est celui des prêtres. Premièrement, le pôle royal : il représente la souveraineté politique ; il comprend tous les dirigeants de l’État. Ses valeurs spécifiques sont l’autorité, la puissance, la grandeur… Deuxièmement, le pôle sacerdotal : il est celui de la souveraineté religieuse ; il comprend tous ceux qui portent ou qui portaient la toge : prêtres, magistrats, professeurs… Ses valeurs spécifiques sont la sagesse, la justice, la vérité… La couleur symbolique de la première fonction est le blanc.

La fonction guerrière est celle de l’armée, des gens d’armes. Elle s’étend plus largement à tous ceux qui font usage de la force ou se mettent en danger, donc aux policiers ou agents de sécurité, sans oublier les pompiers, “soldats du feu”. Elle inclut aussi par extension les activités qui opposent des individus ou des équipes dans un combat ritualisé ou qui demandent du courage physique, donc le sport, l’athlétisme. Les valeurs spécifiques de la deuxième fonction sont l’honneur, la prouesse, le sacrifice… Sa couleur symbolique est le rouge.

La fonction productive comprend tout le reste et elle est donc multiforme. Elle inclut les activités économiques : agriculture, industrie, commerce, finance. Elle est aussi fonction reproductive et la femme, mère de famille, s’y rattache. Les valeurs spécifiques de la troisième fonction sont la prospérité, la fécondité, la volupté… L’art en fait partie, comme technique, tout autant que comme esthétique. Sa couleur symbolique est le noir ou le bleu.

Le drapeau français, bleu, blanc, rouge, le blanc étant au centre, est un emblème trifonctionnel.

La fusion des trois ordres qui a eu lieu en France en 1789 et qui a parfait l’unité nationale n’a pas fait disparaître ces trois classes fonctionnelles, bien qu’il n’y eût plus entre elles de limites infranchissables. Après comme avant, il y avait, au sommet de la sphère sociale, d’un côté, l’Etat, de l’autre, l’Eglise, les magistrats, les professeurs, consacrés dans leur éminent statut par la création de l’université. Ensuite, l’armée, muette, mais prestigieuse. Enfin, les entreprises, les familles, les associations, et toutes les autres organisations et activités qui ne relevaient pas des deux premières fonctions. Il n’est en effet nullement nécessaire que les individus soient assignés à jamais dans une classe fonctionnelle pour réaliser le modèle des trois fonctions. On peut ainsi affirmer qu’en France la hiérarchie des fonctions et des classes fonctionnelles a été à peu près respectée, malgré l’incertitude de leurs délimitations, jusqu’à la révolution cosmopolite de 1968.

Depuis lors, c’est la troisième fonction, la fonction productive, qui est passée au sommet de la hiérarchie et qui l’emporte sur les deux autres, indûment déclassées. Cette inversion des fonctions a entraîné l’inversion des valeurs qui caractérise l’idéologie cosmopolite. Nous vivons aujourd’hui dans une société marchande, dominée par le matérialisme et l’utilitarisme, pratiquement unifonctionnelle, et non plus trifonctionnelle, tant les valeurs souveraines et guerrières sont délaissées, méprisées et réduites à la portion congrue. Ce reniement du modèle des trois fonctions et de la hiérarchie des valeurs qu’il implique est lourd de conséquences. Le jugement de Pâris en est le symbole puisque celui-ci, en choisissant Aphrodite, déesse de la volupté et de la troisième fonction, plutôt qu’Héra, déesse de la souveraineté, ou Athéna, déesse de la guerre, a causé la destruction de la cité de Troie.

C’est donc une décadence terrible et dramatique, qui met aujourd’hui la nation en péril de mort. Il faut rétablir un ordre social fondé sur le modèle des trois fonctions.

Climat, corona, et cetera : mirages et ravages de la pseudo-science

Les vaticinations de Neil Ferguson

Neil Ferguson, chercheur à l’Imperial College de Londres, est le pape de l’épidémiologie dans le monde, ou plutôt le pape des modèles mathématiques qui sont censés prévoir l’évolution des épidémies. En mars 2020, il a pris son bâton de missus dominici pour faire le tour des capitales européennes. A Stockholm, il a dit aux Suédois qu’ils auraient 100.000 morts s’ils ne confinaient pas la population ; ils n’ont pas suivi ses conseils ; ils ont eu seulement 6.000 morts, au lieu de 100.000, pendant la première épidémie, de mars à mai 2020.

Emmanuel Macron a été moins intelligent que les Suédois et il est passé d’un extrême à l’autre. Dans un premier temps, il a traité l’épidémie à la légère. Souvenez-vous :

26 février 2020, partie de balle au pied à Lyon, qui a eu lieu normalement en présence de 3.000 soutiens de l’équipe de Turin, alors que l’épidémie battait son plein dans le nord de l’Italie.

6 mars 2020, Macron et sa femme au théâtre.

11 mars 2020, discours de Macron à Paris, au Trocadéro, pour la “journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme” : “Nous ne renoncerons pas aux terrasses, aux salles de concert, aux fêtes de soir d’été. Nous ne renoncerons pas à la liberté.”

Mais, le lendemain, 12 mars 2020, Macron reçoit son “conseil scientifique” constitué à la hâte, de bric et de broc, quelques jours avant, le 5 mars, et le président dudit conseil, Jean-François Delfraissy, lui présente les prévisions de Ferguson pour la France : 300.000 à 500.000 morts, selon celui-ci, si on ne confine pas. Simon Cauchemez, émule de Ferguson à l’Institut Pasteur et autre membre du conseil scientifique, n’est pas en reste et annonce lui aussi des centaines de milliers de morts. Macron s’affole et, le soir même, sans plus attendre, prononce une allocution solennelle : fermeture des écoles et interdiction de rendre visite aux personnes âgées. Quatre jours plus tard, une fois passé le premier tour des élections municipales, il annonce le confinement général de la population. Les Français n’ont plus le droit de sortir de chez eux sans Ausweis.

S’il avait été un chef d’Etat digne de ce nom, au lieu de perdre les pédales, Macron aurait dû demander quelles avaient été dans le passé la qualité des prévisions modélistiques de Ferguson. Il aurait été édifié.

En 1996, Ferguson avait prédit qu’il y aurait 136.000 morts dues à la maladie de la vache folle. En réalité, il y en a eu quelques dizaines, et encore, ce n’est pas sûr, parce qu’auparavant la maladie de Creuzfeldt-Jacob n’était pas diagnostiquée et que, par exemple, l’une des prétendues victimes de la vache folle était un végétarien (qui aurait commis l’erreur de faire une fois, une seule, un écart de régime en allant dans un McDonald’s… on veut bien croire que c’est la cuisine – si l’on peut dire – du McDonald’s qui l’a tué, mais on n’a pas besoin de mettre en cause les vaches folles…).

En 2001, les délires mathématiques de Ferguson ont conduit à l’extermination de 6 millions de têtes de bétail pour contenir une épidémie de fièvre aphteuse. Au total, on n’a pas recensé plus de 2.000 cas.

En 2004, Ferguson a prévu que la grippe aviaire ferait 200 millions de victimes humaines. En comptant large, elle en a fait seulement 200, soit un million de fois moins.

En 2009, plus prudent, il annonçait 65.000 morts pour la grippe H1N1, qui n’en a fait que 18.000, trois fois moins ; et 300 en France, déjouant les alarmes du ministre de la santé, Roselyne Bachelot.

Il suffisait de se pencher sur les exploits de Neil Ferguson pour mesurer la confiance que l’on pouvait accorder à ses prévisions, toujours absurdes. Mais Macron a gobé les vaticinations de Ferguson et il a confiné les Français à partir du 17 mars 2020.

Les morts attribuées au covid-19 au cours de la première épidémie, en mars, avril et mai 2020, ont été au nombre de 30.000 environ, loin des 500.000 annoncées par Ferguson en l’absence de confinement. Passons sur le fait que ces statistiques sont gonflées et fallacieuses, puisque 94% des gens qui meurent après avoir été contaminés par le covid-19 avaient déjà une autre pathologie lourde (maladie cardio-vasculaire, diabète, insuffisance rénale…). La différence est-elle due au confinement ? L’exemple de la Suède suffit à répondre par la négative. Les éminents spécialistes que sont en France les professeurs Didier Raoult et Jean-François Toussaint n’ont eu de cesse de l’affirmer : les mesures sociales, confinement, couvre-feu, n’ont eu aucun effet sur la propagation de la maladie.

C’est facile à comprendre. On sait que le confinement favorise la contamination au sein de l’espace confiné, comme l’a rappelé l’université John Hopkins, et c’est même une des explications avancées pour la saisonnalité de la grippe, parce que l’on se confine chez soi en hiver. Le confinement réduit la contamination à l’extérieur, mais il accroît celle qui se produit chez soi, au sein du foyer.

On reconnaît un imbécile à ce qu’il se laisse berner deux fois de suite de la même façon. Selon ce critère, Macron est le roi. Dans son discours du 28 octobre 2020 où il a annoncé un second confinement, il a parlé de 400.000 morts en l’absence de confinement et il a affirmé : “Quoi qu’il arrive, il y aura au moins 9.000 malades en réanimation à la mi-novembre.” En réalité, il y a eu 4.900 malades en réanimation le 15 novembre 2020, moitié moins, et comme ces chiffres sont délibérément gonflés parce que l’on bourre les services de réanimation de “cas légers”, c’est-à-dire de gens qui ont seulement besoin d’oxygène et qui ne devraient pas y être, on mesure l’ampleur des erreurs de prévision, et cela, seulement quinze jours à l’avance.

Quant aux 400.000 morts, scénario absurde, il résultait des calculs des disciples de Ferguson à l’Institut Pasteur, sous l’autorité de Simon Cauchemez, institut qui, décidément, depuis le début de l’épidémie, est en train de ruiner le prestige qui s’attachait à son nom.

Pour le professeur Didier Raoult, les prévisions des modèles épidémiologiques relèvent de l’astrologie. Et encore, il est trop aimable, car l’astrologie ne se trompe qu’une fois sur deux, alors que les modèles épidémiologiques se trompent toujours…

Mais pourquoi donc les modèles préfèrent-ils le confinement ? Le professeur Jean-François Toussaint nous a révélé le secret : les modélisateurs introduisent dans leurs hypothèses un paramètre R0 qui définit le taux de reproduction de la maladie, c’est-à-dire le nombre de personnes qui seront contaminées par un malade, et ils supposent que R0 est divisé par 3 si on confine, ce qui est absurde ; les exponentielles font la différence… Autrement dit, le résultat en faveur du confinement résulte simplement de l’hypothèse de départ. La mystification est parfaite.

On nous rebat les oreilles avec le paramètre R0 et la prétendue immunité collective. L’un et l’autre ne sont que des artefacts des modèles et n’ont pas de réalité objective. Evidemment, on peut calculer ex post le taux de contamination, mais on ne peut pas le connaître ex ante, tant il peut varier selon les circonstances. Et tout ce que l’on peut dire, c’est que l’épidémie ralentit nécessairement au fur à mesure qu’elle progresse, puisqu’elle rencontre un terrain de moins en moins favorable, notamment parce qu’une partie de la population a déjà été contaminée et se trouve en conséquence immunisée, mais aussi pour toutes sortes d’autres raisons, et tout simplement parce que les personnes les plus exposées ont été atteintes en premier. Cette loi des rendements décroissants de l’épidémie est analogue à celle que l’on connaît en économie. Et si l’épidémie finit par s’éteindre, c’est aussi parce que le virus mute et que, quand il mute sur place, les virus les moins dangereux se répandent plus vite et ont tendance à remplacer les plus dangereux. Loi de virulence décroissante de l’épidémie, qui est aussi d’une portée générale. Le rhume, qui est souvent provoqué par un des quatre autres coronavirus en circulation, a sans doute été jadis aussi dangereux que le sars-cov-2, et l’on peut donc parier que celui-ci finira de même par devenir endémique et assimilable au rhume actuel.

Non seulement on n’a pas encore trouvé de modèles épidémiologiques valides, mais on peut affirmer qu’il est impossible que l’on en trouve jamais un, parce que le modèle le plus complexe l’est toujours infiniment moins que le phénomène complexe qu’il prétend décrire, à savoir ici l’épidémie. Les données sont mal connues, qu’il s’agisse du nombre de cas ou de la contagiosité de l’épidémie, laquelle peut varier en fonction de multiples circonstances, sociales, économiques ou météorologiques. On a parlé abondamment des “clusters”, en français, des foyers de contamination, et en effet la formation desdits foyers conditionne la dynamique de l’épidémie, mais, justement, leur formation est aléatoire et imprévisible.

Epistémologie des modèles mathématiques

Ce que j’ai dit des modèles mathématiques des épidémies peut être généralisé à tous les phénomènes complexes. C’est un principe épistémologique : aucun modèle mathématique, aussi perfectionné soit-il, aussi convaincant qu’il paraisse a priori, ne peut être tenu pour valide ex ante, c’est-à-dire avant d’être soumis à l’expérience, qui pourrait éventuellement le valider ex post. Il faut qu’il ait fait ses preuves, c’est-à-dire qu’il ait fait des prévisions valides, autrement dit des prévisions justes et non banales.

Il ne faut pas inverser la charge de la preuve : ce sont les modélisateurs qui doivent démontrer la pertinence de leurs modèles, ce n’est pas aux esprits critiques de prouver qu’ils sont faux.

Selon le mathématicien Bernard Beauzamy, “aucun des modèles mathématiques ne donne satisfaction”. “N’importe qui peut concevoir un ensemble de formules décrivant plus ou moins bien un phénomène réel (comme la propagation d’une épidémie). Toute la difficulté est dans la validation d’un tel modèle, en particulier sur des données différentes de celles qui lui ont donné naissance. Notre expérience est que seuls les modèles grossiers (nécessairement probabilistes) donnent satisfaction, et encore pas toujours. Un modèle fin, cherchant à décrire les lois de la physique, échouera nécessairement en pratique, tant ces lois sont complexes et les données insuffisantes.” [1]

Le célèbre mathématicien John von Neumann avait dit de son côté : « Avec quatre paramètres, je peux dessiner un éléphant ; avec cinq, je peux lui faire bouger la trompe. » [2]

Autrement dit, le fait qu’un modèle réussisse à rendre compte du passé, pour les données sur lesquelles il a été calibré, ne saurait suffire à prouver sa pertinence. A condition d’introduire un nombre suffisant d’équations et de paramètres, un modélisateur confirmé y parviendra toujours. Mais la capacité d’un modèle à rendre apparemment compte du passé ne prouve absolument pas qu’il puisse faire des prévisions valides.

On peut affirmer au contraire qu’aucun phénomène naturel ou social très complexe ne peut donner lieu à une modélisation mathématique valide, au sens où elle ferait des prévisions justes et non banales. Cela peut être déduit de la théorie du chaos déterministe, qui remonte au mémoire d’Henri Poincaré sur le problème des trois corps (1888) et qui a atteint le grand public dans les années 1970 sous le nom d’“effet papillon[ 3]. Selon la formule d’Edward Lorenz, “le battement d’ailes d’un papillon au Brésil est susceptible de provoquer une tempête au Texas”.

Pour que l’on mesure la portée de la très forte sensibilité aux conditions initiales, le mathématicien David Ruelle explique que l’on a calculé l’effet que produirait sur la dynamique d’un volume gazeux quelconque le fait de supprimer l’attraction gravitationnelle d’un électron placé à la limite de l’univers connu : en une infime fraction de seconde, on obtient un changement qualitatif dans les chocs entre les molécules du gaz. Il faut ensuite une minute environ pour qu’il y ait des modifications macroscopiques dans le genre de turbulences qui se produit au dessus d’un radiateur chaud. Il faut un jour pour que des changements sur des distances d’un centimètre s’étendent sur dix kilomètres. On estime que la structure du temps qu’il fait sur la terre sera bouleversée en moins de quinze jours [4].

Ce genre de calcul met une borne aux ambitions des météorologistes, qui ne peuvent espérer prévoir le temps avec quelque précision au delà d’une semaine ou deux. A l’évidence, un système chaotique est imprévisible, parce qu’il est impossible de connaître les conditions initiales avec une parfaite précision. Or, le chaos déterministe est omniprésent dans la nature et il suffit qu’une partie du phénomène obéisse à ses lois pour que la prévision soit impossible. Du reste, dans l’hypothèse favorable où le phénomène étudié échapperait parfaitement au chaos, il suffirait que sa complexité dépassât infiniment celle du modèle mathématique pour qu’il fût très peu probable que celui-ci pût être valide. Et, répétons-le, la charge de la preuve incombe au modélisateur, qui, jusqu’à présent, n’a jamais pu l’apporter, dans quelque domaine que ce soit.

La très grande sensibilité aux conditions initiales détruit un préjugé illégitime qui sous-tend l’historicisme et le scientisme du XIXe siècle, selon lequel les causes seraient forcément du même ordre de grandeur que les conséquences. Ce postulat était nécessaire pour que l’avenir soit prévisible et que l’homme puisse caresser l’illusion de se rendre maître de son destin. Il s’effondre avec l’irruption du chaos.

La mystification des modèles climatologiques

Donc, les modèles sont des outils suffisamment flexibles pour qu’on puisse leur faire dire à peu près n’importe quoi. Avec un peu d’ingéniosité, ils parviennent toujours à simuler le passé. Cela ne prouve nullement qu’ils soient en mesure de prévoir l’avenir. La capacité qu’ont les quelque dizaines de modèles numériques dont se sert le GIEC de simuler le climat des dernières décennies ne signifie pas qu’ils soient valables pour calculer les évolutions futures. Ils ont été paramétrés pour rendre compte des températures observées pendant vingt-cinq ans, entre 1975 et 2000. Mais il a fallu les ajuster pour rendre compte de la baisse des températures entre 1950 et 1975, en introduisant une hypothèse ad hoc, ce qui n’est pas bon signe : le rafraîchissement de ces vingt-cinq années-là serait la conséquence des émissions de poussières et autres particules microscopiques en suspension dans l’air, les aérosols, produits par l’industrie.

L’ennui, c’est que les modèles prévoyaient que la température continuerait à augmenter après l’an 2000, parallèlement au taux de gaz carbonique dans l’atmosphère. Or, ce n’est pas ce qui s’est passé : ces prévisions ont été démenties. La température moyenne de la terre a stagné jusqu’en 2020 depuis le maximum atteint en 1998, en dépit des annonces sensationnelles sur les prétendus records de chaleur. Le moins que l’on puisse dire est que cela est susceptible d’ébranler la confiance que l’on peut avoir dans les modèles du GIEC.

Les réchauffistes, comme on peut les appeler, disent que leurs modèles s’appuient sur des lois physiques incontestables. Ils oublient de préciser deux choses essentielles. D’une part, que les calculs sont conduits sur de vastes “cellules” découpées sur la surface terrestre et dans l’épaisseur de l’atmosphère et que les détails de la réalité leur échappent nécessairement. D’autre part, qu’une partie des équations est fondée sur des paramètres statistiques, car la réalité est trop complexe ou mal connue pour que l’on puisse tenter de l’interpréter autrement, c’est-à-dire par l’application directe des lois de la physique. C’est notamment le cas pour les nuages, qui jouent un rôle essentiel dans le climat, mais dont on ne connaît pas les lois de formation.

Le fait que les modèles du GIEC aillent tous dans le même sens ne surprendra pas ceux qui connaissent un peu les modèles macro-économiques, lesquels partent presque tous de la théorie keynésienne et prévoient donc que le revenu national va s’accroître et le chômage diminuer quand on augmente les dépenses publiques. Lesdits modèles keynésiens n’avaient pas vu venir la crise de 2008, mais ils ont quand même été jugés assez pertinents par les gouvernements pour inciter ces derniers à ouvrir les vannes du budget. On en a vu le résultat. Et quand on sait que la relance keynésienne, budgétaire et monétaire, qui a été réalisée en 2020 sous prétexte de compenser les effets désastreux des mesures de confinement, est de trois fois à six fois supérieure selon les pays à ce qui a été fait après la crise de 2008, il est permis de s’inquiéter pour l’avenir.

Pour leur part, les modèles du GIEC partent tous du présupposé que les émissions de dioxyde de carbone et des autres gaz émissifs, dits “à effet de serre”, doivent expliquer l’évolution du climat au cours des dernières décennies. Postulat réducteur. Il n’est pas étonnant qu’ils y parviennent, tant bien que mal, eu égard à la plasticité propre aux modèles. Ce postulat “carbocentriste” est-il juste ? Nul ne nie que le CO2 et les autres gaz à effet de serre exercent un “effet de couverture” qui tend à réchauffer la planète. Mais quelle est l’importance de cet effet ?

Le climatologue Marcel Leroux affirmait, pour sa part : “Pour 95%, l’effet de serre est dû à la vapeur d’eau. Le dioxyde de carbone, ou CO2, ne représente, quant à lui, que 3,62% de l’effet de serre, soit 26 fois moins que la vapeur d’eau. (…) l’effet de serre est donc essentiellement un phénomène naturel. Seule une faible proportion (…) peut être attribuée aux activités humaines et cela pour une valeur totale de 0,28% de l’effet de serre total, dont 0,12% pour le seul CO2, c’est-à-dire une proportion insignifiante, voire tout à fait négligeable. (…) l’homme n’est en aucune façon responsable du changement climatique.[5]

Les nuages ! Ils sont l’impasse fondamentale de la théorie nébuleuse du GIEC. Ses modèles supposent que l’augmentation de la température qui résulte de celle de la teneur en CO2 est amplifiée par l’évaporation de l’eau, qui renforce l’effet de serre, puisque la vapeur d’eau est le plus important des gaz émissifs. C’est cette rétroaction positive qui aboutirait à des prévisions de hausse de température de plusieurs degrés. Mais, plus il y a de vapeur d’eau dans l’air, plus il y a de nuages. Or, ceux-ci ont un double effet ; d’une part, ils accentuent l’effet de serre, autrement dit l’“effet couverture”, en absorbant l’infrarouge ; d’autre part, ils réfléchissent les rayons du soleil, c’est l’“effet parasol”. On pense que les nuages hauts, situés à plus de 6.000 mètres, ont plutôt tendance à réchauffer l’atmosphère, parce qu’ils sont peu denses et laissent passer les rayons du soleil ; en revanche, les nuages bas nous refroidissent, comme chacun peut le constater. Toute la question est de savoir comment les masses nuageuses vont se développer et se répartir en conséquence de l’accélération de l’évaporation.

Au fond, les carbocentristes sont victimes de l’“effet réverbère” : c’est l’histoire de cet homme qui cherche son trousseau de clés, la nuit, sous un réverbère ; un passant lui demande s’il est bien sûr de l’avoir perdu là ; non, répond-il, mais c’est le seul endroit où l’on voit clair !

Les modèles numériques du GIEC reposent en outre sur une accumulation d’hypothèses qui leur ôte toute crédibilité. Le professeur Bernard Beauzamy a dit le peu de considération qu’il avait, en tant que mathématicien, pour les modèles du GIEC, dans une note établie pour le secrétariat général de la défense nationale en 2001, note qu’il a actualisée en 2006 : “Les modèles employés (et c’est précisément notre métier de mathématicien que de les juger) sont à ce point sommaires, grossiers, empiriques, fallacieux, que les conclusions qui en sont tirées sont dépourvues de toute valeur prédictive ; seraient-ils mille fois plus précis qu’ils ne le permettraient toujours pas.[6]

La plaidoirie en défense que l’on trouve dans les écrits d’Hervé Le Treut est de nature à inspirer les plus grands doutes : “L’analyse des données est effectuée de manière quotidienne pour permettre les prévisions météorologiques… La qualité des prévisions, vérifiable quelques jours plus tard, constitue le meilleur indice possible de qualité des analyses.[7] Donc, la qualité des prévisions à 3 jours assurerait la qualité des prévisions à 30 ans… Mais quid des prévisions à 30 jours et à 300 jours ? On peut au contraire retourner l’argument d’Hervé Le Treut : l’incapacité des modèles à prévoir la météo à 30 jours prouve a fortiori leur incapacité à la prévoir à 30 ans. Jacques Villain, membre de l’Académie des sciences, écrit à ce propos : « Aux travaux des climatologues, une objection inévitable est celle soulevée par Claude Allègre dans un des ses livres : “J’ai peine à croire qu’on puisse prédire avec précision le temps qu’il fera dans un siècle alors qu’on ne peut pas prévoir celui qu’il fera dans une semaine.” Le paradoxe n’est qu’apparent, puisque la météorologie cherche à prévoir le temps à tel endroit et tel moment, alors que la climatologie s’intéresse à des valeurs moyennes sur une longue durée et une vaste région. La coexistence du chaos météorologique et de la stabilité climatologique, hypothèse non démontrée, est toutefois fortement suggérée par les calculs basés sur les modèles. » [8] Cette réponse au “paradoxe d’Allègre” est savoureuse. La question n’est pas en effet de savoir si le chaos est dans les modèles, mais s’il est dans la nature. Or, ce sont fondamentalement les mêmes modèles qui servent pour les prévisions à court terme, dites météorologiques, et les prévisions à long terme, dites climatologiques.

Les modèles du GIEC ne font que nous dire in fine ce qui était déjà postulé ab initio, l’effet diabolique du gaz carbonique produit par l’homme. C’est ici que la science rejoint le vaudou.

De la pseudo-science en général

La superstition mathématique fait des ravages. Elle impressionne les gens comme le faisait autrefois l’astrologie et ses formules compliquées. Mais il n’y a pas plus de rapport entre la théorie et la réalité dans un cas que dans l’autre.

Le lyssenkisme, nommé ainsi par référence au biologiste soviétique Trophime Lyssenko et auquel le CDH a consacré un prix de dérision, c’est la désinformation scientifique qui répond à une intention idéologique. Il est le fait d’un scientifique particulier ou d’une école de scientifiques, mais il ne suffit pas à créer une discipline scientifique distincte. Avec la pseudo-science, il en va autrement. La modélisation mathématique autosuffisante, qui produit des prévisions sans jamais les confronter aux faits qui se sont réellement produits, est une pseudo-science, qu’on l’applique à la climatologie, à l’épidémiologie, à l’économétrie, ou encore à l’écologie ou à la génétique. On peut parler d’une pseudo-science quand c’est toute une discipline qui est pseudo-scientifique. Une pseudo-science se définit par le fait qu’elle peut être réfutée, et non parce qu’elle serait irréfutable, en franglais “non-falsifiable”, selon la théorie absurde de Karl Popper, dont la réputation est usurpée. Ainsi, le marxisme et la psychanalyse sont des pseudo-sciences parce que le premier prévoyait la paupérisation du prolétariat, et la seconde promettait la guérison des malades. On a vu le résultat : le marxisme, 100 millions de morts, la psychanalyse, 100 millions de fous. On peut ajouter le pédagogisme à la liste des pseudo-sciences : 100 millions d’illettrés. La pseudo-science conduit toujours à la catastrophe parce qu’elle emprunte les habits de la science pour tromper, pour impressionner et pour faire illusion.

Alors, gardons foi dans la science, et protégeons-la des mirages de la pseudo-science qui la dénaturent et qui ont fait d’épouvantables ravages dans le monde.

Je vous appelle au combat pour la vérité, qu’il faut mener avec courage et lucidité contre l’idéologie cosmopolite, qui s’impose aux masses grâce aux mensonges de la pseudo-science.

Henry de Lesquen


[1]              La Lettre de la SCM [Société de calcul mathématique], décembre 2020, “Débat Villani-Beauzamy”.

[2]              Cité dans Benoît Rittaud, Le mythe climatique, Seuil, 2010, p. 151.

[3]               Cf. James Gleick, La Théorie du chaos – Vers une nouvelle science, Flammarion, 2008.

[4]              David Ruelle, “Déterminisme et prédicibilité”, in Pierre-Gilles de Gennes et alii, L’Ordre du chaos, Pour la Science, 1992.

[5]              “Entretien avec Marcel Leroux. La fable du réchauffement climatique”, La Nouvelle Revue d’histoire, n° 31, juillet-août 2007.

[6]              Bernard Beauzamy, Le réchauffement climatique : mystifications et falsifications, Société de calcul mathématique, 2001, 2006 (http://scmsa.pagesperso-orange.fr/rechauff.pdf).

[7]              Libres points de vue d’académiciens sur l’environnement et le développement durable, Académie des sciences, 25 novembre 2009, p. 9.

[8]              Ibid., pp. 23-4.

Dix bonnes raisons d’en finir avec le fourbe Zemmour

Voici dix bonnes raisons d’en finir avec le fourbe Zemmour, c’est-à-dire de faire justice de sa réputation usurpée de champion du patriotisme français. Plus une conclusion.

1. Zemmour est un immigré algérien qui n’a pas une goutte de sang français.

2. Zemmour est un Israélite de stricte observance – qui a évidemment épousé une Juive. Or, le judaïsme (pharisaïque, talmudique, rabbinique) est une religion orientale – isomorphe de l’islam – qui est incompatible avec l’identité nationale de la France et avec la civilisation occidentale.

Pour autant, il ne fait pas de doute que de nombreux israélites français sont parfaitement assimilés, non seulement en apparence, mais dans la réalité. Un Français juif est un Français comme les autres, il est assimilé, pourvu qu’il rejette le Talmud, lequel tient les non-Juifs pour des bêtes, qu’il n’appartienne à aucune autre communauté que la communauté nationale française, enfin que la sympathie qu’il a tout à fait le droit d’avoir pour Israël ne l’entraîne pas à faire allégeance à un Etat étranger et à avoir une double nationalité.

3. Israélite de stricte observance, Zemmour ne rejette pas le Talmud, qui tient les non-Juifs pour des bêtes (Talmud, Keritot 6b, Yebamot 61a, “Vous êtes des hommes, tandis que les non-Juifs ne sont pas des hommes.”). Ni la Cabale, qui définit les Juifs comme des étincelles de la Divinité (Chekinah) dispersées au milieu du fumier des “Goyim” (pluriel de “Goy”, terme de mépris pour désigner les non-Juifs). Encore moins, évidemment, la théorie raciste du peuple élu, commune à la Bible hébraïque, au Talmud et à la Cabale. Zemmour n’a donc pas élevé la moindre critique contre les affirmations abjectes du grand-rabbin d’Israël Ovadia Yosef (1920-2013), pour qui les non-Juifs n’étaient nés que pour servir les Juifs (sic).

4. Il a beau se présenter comme un grand patriote, le fourbe Zemmour montre parfois le bout de l’oreille, si l’on ose dire. “Juif à la maison, Français dans la rue”, a-t-il déclaré. Telle est, selon lui, la définition de l’assimilation pour les Juifs… Autrement dit : “Juif en réalité, Français en apparence.” Français pour la galerie. Zemmour a un double discours, une double morale, un double visage.

Zemmour n’a pas craint de préciser : “Eric à l’état civil, Moïse à la synagogue.” Pourquoi se gêner ? Moïse Eric Zemmour part du principe que la crédulité des Gogoys est infinie. (“Gogoy”, contraction de “gogo” et de “Goy” : il n’y a pas de meilleur mot pour qualifier ses suiveurs.)

5. Etant constitutionnellement dépourvu du sens de la grandeur, Zemmour a la choutzpah (impudence) de mépriser la France. Dans Mélancolie française, il affirme effrontément que notre pauvre pays a toujours tout raté, qu’il voulait être un empire, mais qu’il n’a pu être qu’une misérable nation. On passera sur l’absurdité et la prétention de la thèse de cet historien de pacotille pour ne retenir que sa volonté d’abaisser la France et son incapacité congénitale à en comprendre la grandeur. Dans Destin français, il estime que la France n’aurait rien de mieux à faire pour sortir de sa prétendue nullité que de tenter de prendre pour modèle un petit Etat asiatique de création récente – j’ai nommé Israël.

Dans sa lettre ouverte à Zemmour au sujet de Suicide français, Raphaëlle Auclert s’adresse à lui en ces termes : « Non content de faire du peuple [français] l’artisan de son propre malheur, vous suggérez que ce malheur est mérité ; à maintes reprises, au détour d’une phrase rappelant un fait historique, vous ajoutez des jugements de valeur qui ne sont fondés sur rien et tendent systématiquement à dénigrer les Français. Pour ne citer que quelques exemples : de Gaulle “dirigea un peuple qui se voyait comme un ramassis de pleutres et de collabos” (p. 22) ; “l’avilissement des soldats dans la boucherie de la Première Guerre mondiale encouragea les hommes à jeter aux orties le fardeau qu’ils avaient entre les jambes” (p. 32) ; “cet élan vital qui n’existe plus chez [les] hommes en temps de paix” (p. 133) ; “les vieux peuples fatigués d’Europe” (p. 71). » Enfin, dans ce livre où il traîne les Français dans la boue, Zemmour conclut que la France est déjà morte, sans paraître s’en affliger outre mesure. Zemmour est un vautour qui tient la France pour une charogne. Comme défenseur de la nation, on pourrait rêver mieux…

6. Le fourbe Zemmour vend du patriotisme comme il vendrait des bretelles. C’est son fonds de commerce. Pour autant, il ne produit pas la moindre idée originale. Sa méthode est de piller et de plagier les idées des hommes de droite – et notamment celles du CDH – pour les recycler à son bénéfice. C’est ainsi qu’il fait illusion et qu’il parvient sans peine à duper la foule des Gogoys qui le suivent et l’admirent en répétant bêtement : “Enfin quelqu’un qui défend nos idées !

Chez Zemmour, le mensonge est une seconde nature et son sourire perpétuellement narquois manifeste la jubilation que lui inspire la naïveté de ses dupes, qu’il méprise intensément. Rien ne prouve qu’il soit honnête et sincère. Tout démontre le contraire, du moins quand il fait mine d’aimer la France. Ce qui prête à confusion, en outre, c’est que cet individu appartient à l’extrême droite sioniste et qu’il est effectivement sincère quand il clame sa haine des Arabes et des musulmans.

7. Zemmour est un ISP, un immigré super-patriote. C’est un rôle de composition qui relève d’une opération de subversion fort habile : faire accroire aux bons Français de droite ou d’extrême droite, hostiles à l’immigration, qu’ils ne seront jamais mieux défendus que par des immigrés ! Lesquels sont en quelque sorte “des chances pour la France”. C’est la pierre philosophale de l’antiracisme. Le méchant raciste anti-immigrés devient un farouche partisan des “bons immigrés”, sans même s’être rendu compte qu’on lui a retourné le cerveau, et il accepte désormais l’immigration : il veut même que la France soit dirigée par un immigré comme Zemmour !

Le simple fait d’accepter qu’un ISP, immigré super-patriote, comme Zemmour, devienne le champion de la France française est hénaurme, comme dirait Ubu, et démontre le degré d’aliénation où on est tombé.

J’entends parfois : « C’est fantastique ! Parce qu’il est juif, Zemmour peut dire des choses que nous, nous n’avons pas le droit de dire. » Incroyable acte de soumission à l’oligarchie cosmopolite qui fait des Français de sang des étrangers dans leur propre pays.

8. Comme chacun sait, le groupe juif est surreprésenté dans les media. 1% d’israélites dans la population, 50% sur les plateaux de télévision. (On ne s’étonnera pas que les invités de Zemmour dans son émission soient en majorité des Juifs comme lui : Attali, Lévy, Finkielkraut, etc.) Il y a un Juif pour tous les goûts et pour toutes les opinions. Êtes-vous cosmopolite ? Vous vous reconnaîtrez dans Attali, Cohn-Bendit, Lévy (Bernard-Henri)… Êtes-vous nationaliste ? Vous vous reconnaîtrez dans Zemmour, Finkielkraut, Lévy (Elisabeth)… Il faut donc être bien naïf pour croire que le succès médiatique du fourbe Zemmour n’est dû qu’à son talent et que son appartenance audit groupe n’y est pour rien.

9. Le fourbe Zemmour occupe le terrain médiatique pour en barrer l’accès aux Français qui représentent vraiment la droite. Mais les braves gens de droite n’y voient que du feu. “Enfin, pensent-ils, il y a à la télévision quelqu’un qui défend nos idées !” Zemmour, donc. Ils ne se rendent pas compte, dans leur naïveté, que Zemmour prend la place des nationalistes authentiques, des Français qui défendent les idées nationales avec la sincérité qu’il n’a pas, et avec au moins autant de talent que cet histrion.

10. S’il défend en général de bonnes idées, et cela va de soi, puisque c’est son fonds de commerce de se faire passer pour le champion des idées nationales, Zemmour s’emploie à les corrompre en distillant le poison de la subversion. Passons sur le fait qu’il défende l’euro et l’Union européenne. Il est déjà peu tolérable qu’il ait fait l’éloge de Robespierre et donc de ce qu’il y avait de pire dans l’horrible révolution (Le Figaro du 5 novembre 2015). On l’a vu, pour lui, la France est une nation ratée, qui ne mérite pas de survivre, et son peuple est méprisable. Elle ne pourrait faire mieux que d’imiter Israël, modèle incomparable. En fait, le fourbe Zemmour est un agent d’influence israélien. Il ne sert pas les intérêts de la France, mais ceux d’Israël. C’est pourquoi il incite ses suiveurs à combattre l’islam, et exclusivement l’islam, et à occulter la question raciale, qui est pourtant centrale. Selon lui, la France devrait se débarrasser des musulmans, comme Israël l’a fait avec les Palestiniens, mais elle pourrait sans inconvénient devenir une société multiraciale sous la pression de l’immigration congoïde. Ainsi, le suicide français serait réalisé si l’on écoutait Zemmour, la France ne serait plus la France, puisque, comme l’a dit fortement le général de Gaulle, “nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne”.

Conclusion

Zemmour est un imposteur… Il a beau se draper dans le manteau du patriote, ce pharisien est en réalité un Français de papier. Pire, un ennemi de la France, de sa religion, de ses traditions, de son identité.

Pour paraphraser Clemenceau, je dirai que la bêtise politique est ce qui donne le mieux le sentiment de l’infini. Les hommes de droite qui sont nationalistes, opposés à l’immigration, racistes (dans le bon sens du terme), accourent en masse pour célébrer le fourbe Zemmour, dont ils ont fait leur idole.

La stupidité des Gogoys qui adulent Zemmour laisse pantois.

Les dix crimes de Valéry Giscard d’Estaing, par Henry de Lesquen

Des morts il ne faut dire que du bien, paraît-il : “De mortuis nihil nisi bene.” C’est sans doute pour cela que Valéry Giscard d’Estaing (1926-2020) a été couvert de fleurs après sa mort le 2 décembre 2020. Mais l’adage ne devrait pas s’appliquer à un homme politique, et surtout pas à lui. On doit au contraire, pour rétablir la vérité, dénoncer sans plus attendre les crimes qu’il a commis contre la nation au cours de son mandat de président de la république, de 1974 à 1981, mais aussi avant, en 1973, en tant que ministre des finances, et encore après, en 2005, comme auteur du projet de constitution de l’Union européenne.

1. C’est à Giscard que nous devons le poids de la dette publique. Ministre des finances sous Pompidou, il a fait adopter la loi du 3 janvier 1973 qui disposait dans son article 19 que les conventions par lesquelles la Banque de France ferait des avances au Trésor seraient désormais soumises au parlement. La convention qu’il a signée le 17 septembre 1973, approuvée par la loi du 21 décembre 1973, a gelé à 20,5 milliards de francs le montant total de ces avances. Désormais, l’État n’a pu bénéficier des concours gratuits de la Banque de France, il a dû emprunter sur les marchés financiers pour le plus grand bénéfice des banques commerciales. Depuis lors, la charge des intérêts n’a cessé de gonfler l’endettement de l’État.

2. C’est à Giscard que nous devons la mise à mort des enfants à naître. Il a nommé l’horrible Simone Veil dans son gouvernement en 1974 pour qu’elle fît adopter la loi abominable du 17 janvier 1975 qui a légalisé l’avortement, autrement dit l’assassinat des enfants dans le ventre de leur mère. Il fut donc le premier responsable de la choah des enfants français, qui avait déjà fait, à sa mort, le 2 décembre 2020, dix millions de petites victimes innocentes.

3. C’est à Giscard que nous devons la pornographie. Dès son élection en 1974, il a aboli toute censure et toute répression de l’outrage aux bonnes mœurs. Autorisés dans tous les cas, aussi immondes fussent-ils, les films pornographiques ont été classés “X” par décret du 31 octobre 1975.

Dans le même esprit de renversement de la morale, Giscard a imposé la mixité au lycée et donné aux lycéennes le droit de prendre la pilule à l’insu de leurs parents (loi du 4 décembre 1974 relative à la régulation des naissances, article 2 : “Les centres de planification familiale sont autorisés à délivrer, à titre gratuit, des produits contraceptifs aux mineurs désireux de garder le secret.”).

Ainsi, au nom de la modernité, en réalité pour obéir aux injonctions de l’idéologie cosmopolite qui avait triomphé après Mai 68 et qu’il avait faite sienne, Giscard a mis en pièces la morale publique qui avait été depuis toujours le ciment de la société française.

4. C’est à Giscard que nous devons la dislocation de la famille. Il a autorisé le divorce par consentement mutuel (loi du 11 juillet 1975 portant réforme du divorce), ce qui a porté un coup fatal à l’institution familiale en instaurant un mariage à l’essai.

5. C’est à Giscard que nous devons le regroupement familial des immigrés en France. En donnant ce droit aux immigrés, le décret du 29 avril 1976 a transformé l’immigration de travail en immigration de peuplement et ouvert les vannes à l’invasion. Il a amorcé le grand remplacement du peuple français par les populations allogènes.

6. C’est à Giscard que nous devons le collège unique égalitaire. La loi Haby du 11 juillet 1975 relative à l’éducation a institué le collège unique en abolissant la diversité des filières. C’était l’aboutissement du plan Langevin-Wallon de 1947, d’inspiration marxiste, qui niait l’inégalité des talents et des aspirations. Cette réforme calamiteuse a profondément dégradé la qualité de l’enseignement au détriment des enfants, surtout des plus faibles.

7. C’est à Giscard que nous devons le poids des prélèvements obligatoires. Ce soi-disant libéral a fait passer le taux des impôts et autres prélèvements obligatoires de 34% à 40% du PIB durant son mandat. 6% d’augmentation en sept ans ! Aucun président n’a fait autant, ni avant ni après lui.

8. C’est à Giscard que nous devons l’effacement de la souveraineté nationale. Partisan fanatique des États-Unis d’Europe, donc d’un pouvoir supranational, Giscard a été l’initiateur du processus fatal qui a conduit à l’assujettissement des nations à l’Union européenne. C’est ainsi qu’il a fait donner officiellement à l’assemblée des communautés européennes le titre de “Parlement européen” et que, sur sa proposition, le Conseil européen a décidé le 20 septembre 1976 que les députés européens seraient élus désormais au suffrage universel.

9. C’est à Giscard que nous devons la monnaie unique européenne. Il en était partisan pour des raisons idéologiques, car ce devait être l’attribut d’un pouvoir supranational. Dans cette perspective, Valéry Giscard d’Estaing a obtenu le 13 mars 1979 la création du système monétaire européen, doté d’une unité de compte, l’ECU (European Currency Unit, unité monétaire européenne), et qui liait les monnaies nationales entre elles, étroitement et irrévocablement. Étape décisive qui a conduit à la monnaie unique : le 1er janvier 1999, l’euro a succédé à l’ECU et remplacé le franc en assujettissant notre économie à un carcan qui a étouffé la croissance.

10. C’est à Giscard que nous devons l’Union européenne supranationale. Vingt-quatre ans après avoir quitté l’Élysée, Valéry Giscard d’Estaing a été le principal auteur du projet de constitution de l’Union européenne. Ce traité scélérat, qui portait atteinte à la souveraineté nationale, a été rejeté par le peuple français lors du référendum du 29 mai 2005, mais ses dispositions ont été intégralement reprises par le traité de Lisbonne signé par Nicolas Sarkozy le 13 décembre 2007 et adopté par le parlement français le 8 février 2008.

Conclusion

C’est donc en premier lieu à Giscard que nous devons le déclassement de la France. Certes, il était dans la continuité de son prédécesseur, Georges Pompidou, qui avait déjà prohibé la préférence nationale et créé un délit d’opinion par la loi Pleven du 1er juillet 1972, mais, après 1974, l’État a imposé à la société française un changement radical et global qui devait entraîner une rupture de la chaîne des générations. Les réformes de Giscard étaient un tout qui faisait système. Au nom de la modernité, il a entrepris de faire table rase des traditions et de liquider l’héritage. Certes, ses successeurs ont poursuivi de plus belle dans la voie de la décadence, mais aucun d’entre eux ne fut plus efficacement que lui l’instrument de la révolution cosmopolite issue de Mai 68. Traître à la nation, ennemi de la civilisation, ce barbare ripoliné aux couleurs de la modernité restera dans l’histoire marqué du sceau de l’infamie.

Rétablir la vérité sur l’esclavage, par Henry de Lesquen

Voici une analyse de l’esclavage en 10 points, plus une conclusion, au titre de la réinformation.

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1. Le discours convenu est anachronique. On ne peut abolir l’esclavage qu’à un certain degré de développement économique.

 

2. Nul ne voudrait être réduit en servitude. Mais on a encore moins envie de mourir de faim. Cruelle alternative, jadis.

 

3. Je suis pour la liberté, donc contre l’esclavage. Mais je sais que l’on ne peut y mettre fin dans une société où règne la misère.

 

4. Selon George Stigler¹, prix Nobel, l’interdiction de l’esclavage est économiquement coûteuse, bien que moralement désirable.

 

5. Selon Robert Fogel², prix Nobel, l’esclavage était une solution efficace, bonne pour l’économie, bénéficiant à tous, dont les esclaves.

 

6. L’abolition de l’esclavage a eu des conséquences catastrophiques pour tous quand elle a été prématurée, comme en Haïti.

 

7. Les Pères de l’Eglise et les philosophes stoïciens ont admis l’esclavage au nom du droit naturel. Ils le tenaient comme un moindre mal.

 

8. Les noirs transportés en Amérique avaient été réduits en esclavage par d’autres noirs qui les avaient vendus aux blancs.

 

9. Les esclaves noirs emmenés en Amérique ont en général mieux vécu que s’ils étaient restés en Afrique.

 

10. Selon Fogel, les conditions de vie des esclaves noirs du Sud des Etats-Unis étaient meilleures que celles des ouvriers blancs du Nord.

 

Conclusion : l’esclavage s’est imposé jadis comme une nécessité³. Ce ne fut pas un crime. Nous n’avons pas à rougir de nos ancêtres.

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Voici 10 observations paradoxales sur l’esclavage pour compléter mon analyse

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1. Les descendants d’esclaves qui demandent réparation devraient s’adresser aux noirs d’Afrique, dont les ancêtres ont vendu les leurs.

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2. Les descendants d’esclaves qui demandent réparation sont en général des métis qui descendent aussi des esclavagistes.

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3. Les descendants d’esclaves qui demandent réparation ne seraient pas en vie s’il n’y avait pas eu l’esclavage.

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4. Il est clair que l’exportation des esclaves a rapporté aux Etats noirs et a bénéficié à l’économie africaine jusqu’à la colonisation.

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5. On nous jure que le christianisme condamne l’esclavage, mais Jésus n’a pas eu un mot contre cette institution.

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6. Les 4 grandes religions de l’humanité, hindouisme, bouddhisme, christianisme, islamisme, ont toutes approuvé l’esclavage.

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7. Le judaïsme talmudique (mitzvot n° 504 à 516), comme le judaïsme antique (10e Commandement), préconise l’esclavage.

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8. Les contempteurs de la traite des noirs sont muets sur la traite des blancs due aux Arabes barbaresques, qui a duré jusqu’en 1830.

Différence entre Arabes barbaresques et négriers occidentaux, les premiers capturaient les esclaves, les seconds les achetaient. Les Arabes ont capturé bien plus de noirs que les Occidentaux n’en ont acheté.

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9. Il n’y a pas de minorité noire dans les pays arabes, alors que la traite y a amené 15 millions d’esclaves noirs.

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10. Le sort du salarié importe peu à son employeur. Le sort de l’esclave compte beaucoup pour son maître.

Économie élémentaire. Le fait que le salarié puisse démissionner réduit l’investissement en capital humain.Capture d’écran 2015-11-07 à 20.11.25

Conclusion : le mythe du crime contre l’humanité appliqué uniquement à la traite transatlantique est une arme de la propagande cosmopolite.

Sans l’esclavage et la colonisation, la population congoïde mondiale serait 10 fois inférieure à ce qu’elle est. Ergo, les congoïdes qui râlent contre l’Occident lui doivent la vie 9 fois sur 10.

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Henry de Lesquen

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¹ George Stigler

² Time on the cross, Fogel, Robert William
Engerman, Stanley L.

³ Il s’agit de l’esclavage en général, autant celui des blancs que celui des noirs.

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Lecture complémentaire : 

Le bilan positif de la colonisation en Afrique

Pédophilie : comment Soral a soutenu Matzneff

Dans un article de sept pages daté du 16 janvier 2020, puis dans une émission d’une heure diffusée le 18 janvier 2020, opportunément dénommée “Pourquoi tant de haine ?” (comprendre ici : contre le pauvre Matzneff), Alain Bonnet dit Soral, feignant hypocritement de rester objectif, a volé au secours de l’ordure pédophile Gabriel Matzneff, que l’une de ses innocentes victimes, Vanessa Springora, venait de dénoncer dans un livre. Soral a utilisé pour cela tous les procédés de la mauvaise foi : diversion, minimisation, justification, victimisation.

Voir :

https://www.egaliteetreconciliation.fr/Pourquoi-tant-de-haine-16-Affaire-Matzneff-Alain-Soral-remet-les-pendules-a-l-heure-57817.html

Dans une vidéo de 2011, Soral avait déclaré :

Je défends Gabriel Matzneff. Je dis : je connais Gabriel Matzneff. Ce n’est pas une ordure. Voilà. Je le connais.

Voir :

Comme on le lui avait reproché à juste titre, il a prétendu le contraire en janvier 2020 : “Je ne connais pas Matzneff.” “Je ne soutiens pas Matzneff.” Mauvaise foi patente. Non seulement il est évident qu’il le connaît, puisqu’il l’avait avoué en 2011, mais il s’emploie en réalité à le soutenir par tous les moyens d’une rhétorique captieuse.

1. Diversion

Soral tente de “noyer le poisson”, comme on dit familièrement. Alors qu’il est censé parler du cas de Matzneff, et de lui seulement, il évoque beaucoup d’autres affaires, cite beaucoup d’autres noms, ce qui est hors sujet, mais lui permet au passage de relativiser les méfaits de Matzneff. Citons Soral :

Affaires Polanski, Woody Allen, Epstein… qui réveillent les vieilles affaires Cohn-Bendit, Polac… Les rumeurs sur Jack Lang, les aveux de Frédéric Mitterrand, de feu Me Thierry Lévy et autres sorties de Luc Ferry sur… Douste-Blazy ? (Pas beaucoup d’orthodoxes russes dans tout ça !) Sans oublier notre président dégénéré, dévoyé par sa vieille prof de femme !

Soral prétend que, si l’on attaque le pauvre Matzneff, c’est parce que, lui, il n’est pas juif… On ne voit pas en quoi cela pourrait changer quoi que ce soit à la culpabilité de Matzneff, d’autant que ce n’est même pas vrai : juste avant l’affaire Matzneff, qui faisait suite au livre de Vanessa Springora, “Le consentement”, publié en janvier 2020 et dont les “bonnes feuilles” l’avaient été en décembre 2019, on avait parlé abondamment de Roman Polanski, de Woody Allen ou encore de Jeffrey Epstein, tous trois israélites.

Soral se vante aussi d’avoir dénoncé les réseaux pédophiles, ce qu’il n’est pas le seul à avoir fait, d’autant qu’il n’a apporté pour sa part aucune preuve ni aucun élément nouveau, et qu’il s’est contenté de relayer les délires de ceux qui prétendent que le monde est dirigé en secret par un secte satano-pédophile… Ne pas confondre ragot et dénonciation. Encore une fois, il s’agit d’une diversion, qui ne diminue en rien l’ignominie du soutien apporté par Soral au pédophile Matzneff.

2. Minimisation

On sait que l’essentiel de l’activité pédophile de l’infâme Matzneff visait des petits garçons âgés de huit à douze ans, petits garçons français qu’il a sodomisés en France. Mais Soral n’évoque que le “tourisme sexuel” de Matzneff, qui s’est vanté d’être allé aux Philippines pour assouvir son vice. “Tourisme sexuel”, expression euphémistique pour désigner ces abominations pédophiles, et Soral ne le mentionne que négligemment, en deux lignes, en expliquant que Matzneff n’est qu’un parmi beaucoup d’autres :

Là, il a indubitablement un pied dans la pédocriminalité, mais un pied, là où beaucoup d’autres en ont deux, et qui l’attaquent aujourd’hui pour se défausser, sans jamais, eux, être inquiétés.

Ici, la mauvaise foi est palpable et l’inversion accusatoire, minable. D’abord, évidemment, si quelqu’un a « deux pieds dans la pédocriminalité« , c’est bien l’abominable Matzneff. De plus, en réalité, les pédophiles et les suspects de pédophilie ont accouru en rangs serrés pour soutenir Matzneff, et on ne peut pas citer un seul de ceux qui l’ont dénoncé à juste titre que l’on pourrait accuser de pédophilie.

Ayant ainsi évacué l’essentiel, qu’il ne pouvait ignorer en janvier 2020, à savoir les dizaines de petits garçons français souillés par Matzneff, Soral ne parle plus que de Vanessa Springora, laquelle avait quatorze ans quand Matzneff l’a séduite. Et, pour minimiser ce qui est moralement un crime, Soral feint de croire que ce n’était même pas interdit à l’époque. Bien sûr que si ! Le délit d’atteinte sexuelle sur mineur de quinze ans (entendez : de quinze ans ou moins) a toujours existé. Il était puni de cinq ans de prison, il l’est aujourd’hui de sept ans de prison (article 227-25 du code pénal). Les faits sont prescrits dans le cas de Vanessa, mais Matzneff n’a jamais cessé de continuer à commettre ses crimes et de s’en vanter, y compris dans le livre de 2013 qui a eu le prix Renaudot, “Séraphin, c’est la fin”.

Ensuite, Soral joue sur les mots, comme le font souvent les avocats de la pédophilie. A partir de douze ans, ce ne serait plus selon lui de la pédophilie, mais de “l’éphébophilie” (terme au demeurant incongru pour une petite jeune fille de quatorze ans, puisqu’un éphèbe est un jeune garçon)… On peut évidemment soutenir, ce qui n’est pas prouvé, que le traumatisme subi par l’enfant est plus grave quand il a huit ans que douze ou quinze ans, ou quand il n’est pas formé que quand il est pubère, mais on n’a pas le droit de minimiser la faute en la relativisant. C’est comme si on disait : “C’est moins grave, donc ce n’est pas grave”. Sophisme. Un crime est un crime, un délit est un délit.

Au fond, Matzneff n’aurait rien fait de très mal, d’après Soral. Tourisme sexuel ? Ce n’est pas un sujet. Quant à Vanessa, puisqu’elle avait quatorze ans, qu’elle était consentante, ce n’est pas une affaire. Donc, si l’on accable le pauvre Matzneff, ce serait à cause du féminisme et du “puritanisme anglo-saxon” dont il serait victime. Citons Soral à nouveau :

Soit, pour conclure : la double logique puritaine anglo-saxonne de la morale et du profit, portée par les idiotes utiles du féminisme, pour finir de liquider ce qui ressort aussi, sur le terrain gratuit du désir, de l’exception française…

La pédophilie, exception française, dit Soral ! Il faut le faire. Comme si les Français avaient jamais accepté la pédophilie ! Le scandale, c’est au contraire l’impunité dont Matzneff et ses pareils ont bénéficié après 1968 et jusqu’en fin 2019.

3. Justification

A qui la faute, demande Soral ? Evidemment, à Vanessa. A quatorze ans, elle voulait découvrir l’amour. Et elle a eu la chance de tomber sur Matzneff. De quoi se plaint-elle ?

Il vaut peut-être mieux à quatorze ans, quand on veut découvrir l’amour, être initiée par un écrivain raffiné” (sic).

Justification aussi, parce que c’était une belle histoire d’amour, nous dit Soral. Il a lu les superbes lettres d’amour que Matzneff avait adressées à une pauvre fille de quinze ans, une autre peut-être, que Soral a souillée à son tour (elle avait vingt ans quand il l’a connue, prétend-il, et il ne souvient même plus de son nom… on n’est pas forcé de le croire). Magnifique ! La pédophilie est un art.

D’ailleurs, on ne peut pas en vouloir à Matzneff. Plus un homme avance en âge, plus il est attiré par les femmes jeunes. Nous sommes obligés de citer les propos obscènes de Soral :

Pour qu’il y ait amour consommé, c’est-à-dire physique, puisque ça finit toujours par ça, l’homme doit bander. Pour ça, sauf déviance pathologique (gérontophilie, nécrophilie), la femme doit être excitante, donc plutôt jeune : visage sans rides, seins hauts, fesses fermes. Et, autre vérité concomitante : comme plus l’homme vieillit, plus il a du mal à bander, plus il vieillit, plus sa compagne doit être excitante, donc jeune.”

Et encore :

Et Greta Thunberg ? Si elle peut, à 16 ans, en remontrer sur la façon de gérer la planète aux leaders politiques adultes, elle peut aussi sucer des bites ?” (sic : ce type est à vomir).

D’ailleurs, de quoi se plaignent les femmes en général, et Vanessa Springora en particulier ?

Forcément traumatisant, l’homme, puisque se faire pénétrer, que ce soit par la bouche, le sexe ou le cul (en général avec les filles on procède dans cet ordre) recèle intrinsèquement une dimension de violence. Mais être pénétrées est le destin des femmes et leur plaisir passe aussi par là !

Mais le mieux est à venir :

De ce que je me suis laissé dire, ce petit monsieur délicat et précieux en a une petite (comme souvent ceux qui sodomisent facilement). Il n’est bien que dans du 14 ans, plus vieille, il ne touche plus les bords.

Plus sordide que Soral, on meurt !

4. Victimisation

Ne parlant ou presque, à propos de Matzneff, que de Vanessa Springora, Soral inverse la culpabilité. Vanessa aurait dû être reconnaissante, d’ailleurs elle était amoureuse. Toutes ces histoires d’emprise d’un homme de cinquante ans sur une fille de quatorze ans ne sont que des bobards psychanalytiques.

Qu’on se le dise ! Gabriel Matzneff est une victime. Il est vieux (quatre-vingt-trois ans en 2020), pauvre, passé de mode. Il est victime d’un “tribunal populaire” et d’un “lynchage”. On le pousse au suicide. Il est “envoyé au sacrifice”.

A aucun moment, Alain Soral n’a le moindre mot de compassion pour les nombreuses victimes du pédophile Matzneff. C’est ce dernier, et lui seul, qu’il présente comme une victime. L’inversion des valeurs est totale.

Pour être hypocrite et déguisé, le soutien qu’Alain Soral apporte au pédophile Gabriel Matzneff et à la pédophilie en général est incontestable. Cela doit suffire à le disqualifier auprès des honnêtes gens, au même titre que Matzneff lui-même.

De surcroît, on peut soupçonner les soutiens des pédophiles d’être eux-mêmes pédophiles et de faire un plaidoyer pro domo. Dans une conférence de février 2020 à Paris intitulée modestement “Sociologie profonde”, Alain Soral a déclaré publiquement : “Je m’identifie à Matzneff.” Merci de cet aveu, M. Soral. Vous êtes aussi abjects l’un que l’autre.

Henry de Lesquen

Uchronie : comment Louis XVIII aurait pu réussir la contre-révolution

Introduction

Le régime instauré en 1815 après Waterloo ne méritait pas le nom de Restauration puisqu’il n’était pas question de revenir à l’Ancien Régime, comme si l’épisode révolutionnaire, de 1789 à 1815, n’avait été qu’une parenthèse que l’on pouvait effacer. Le roi Louis XVIII l’avait compris, mais il a commis l’erreur cruciale de croire qu’il fallait composer avec les idées et le personnel de la révolution.  La révolution est intrinsèquement perverse puisqu’elle veut faire table rase du passé. On ne pactise pas avec le Diable.

Louis XVIII a, de surcroît, en adoptant le suffrage censitaire, fait dépendre le sort de la monarchie du bon vouloir d’une bourgeoisie voltairienne au lieu de s’appuyer sur le peuple. Son régime, qui n’a duré que quinze ans (1815-1830), était donc condamné d’avance. Voici, en dix points, ce que Louis XVIII aurait pu faire pour réussir la contre-révolution.

1. La chambre des députés aurait été élue au suffrage universel authentique, le chef de famille ayant autant de voix que de membres de la famille, épouse et enfants mineurs.

Le roi aurait pu consulter le peuple par voie de référendum.

2. Napoléon, que les Anglais étaient prêts à livrer à la justice française, et les autres criminels de la révolution, comme Fouché ou Turreau, auraient été jugés, condamnés à mort et exécutés.

La Révolution avait décapité Louis XVI. La Contre-Révolution devait décapiter Napoléon.

Les individus les plus compromis dans la collaboration avec les institutions révolutionnaires entre 1792 et 1815 auraient été déclarés inéligibles et privés des droits civiques, sauf si le roi avait levé ces sanctions.

3. La Franc-Maçonnerie aurait été interdite, à l’instar des autres sociétés secrètes telles que la Charbonnerie.

4. Le catholicisme aurait été bien entendu la religion officielle, mais le protestantisme aurait été intégré à la nation : le calvinisme et le luthéranisme auraient été reconnus par l’Etat et représentés à la chambre des pairs.

Les autres cultes, au demeurant très minoritaires, auraient été cantonnés dans la sphère privée. En conséquence, le consistoire israélite créé par Napoléon aurait été dissous.

La liberté religieuse aurait été totale. Pour autant, elle n’aurait pas autorisé les rites primitifs et barbares du judaïsme. En conséquence, la circoncision des garçons, qui est une mutilation, et l’égorgement rituel des bêtes, qui est un acte de cruauté, auraient été interdits.

5. Nul n’aurait pu immigrer en France s’il n’était de race blanche et de religion chrétienne.

6. Le code civil aurait été réformé, d’une part pour instituer la liberté de tester au lieu du partage égalitaire des héritages et pour légaliser la substitution héréditaire, d’autre part pour que les femmes cessassent d’être “d’éternelles mineures” et recouvrassent les droits qu’elles avaient sous l’Ancien Régime, notamment celui de disposer de leurs biens propres.

7. Réforme administrative : les départements auraient été supprimés et la France divisée en vingt-six provinces (voir carte ci-joint). La Corse aurait été une colonie jouissant d’une large autonomie.

8. Les Français revenus d’émigration n’auraient pas été indemnisés par l’Etat, mais ils auraient pu revendiquer en justice les biens dont ils avaient été spoliés sous la Révolution. La gauche n’aurait pas pu dénoncer “le milliard des émigrés”.

9. La liberté d’expression aurait été garantie. Elle n’aurait eu d’autres limites que l’injure, la diffamation, la provocation à un crime ou un délit, l’outrage aux bonnes mœurs, le blasphème contre la religion chrétienne, l’outrage au roi ou à la nation, la subversion des institutions. Il n’y aurait pas eu de délit d’opinion.

10. En cas d’émeutes parisiennes, si la situation était devenue critique, le roi aurait commandé à l’armée d’écraser la populace, comme le feront Eugène Cavaignac en juin 1848 et Adolphe Thiers en mai 1871. Le roi aurait ensuite fait appel au peuple par voie de référendum pour que celui-ci renouvelât sa confiance dans la constitution du royaume.

Conclusion

Ainsi, la réaction nationale aurait triomphé de la révolution en épargnant à la France et aux Français bien des épreuves et des changements de régime. Elle lui aurait maintenu une sage constitution qui aurait pu durer jusqu’aujourd’hui. Nous serions quand même en république, le régime étant au service du bien commun, de l’intérêt général, res publica en latin, et cette république aurait un roi. Le régime serait mixte, comme le voulait Aristote, monarchique, donc, mais aussi démocratique de par l’élection des députés et le vote au référendum, et aristocratique de par la composition de la chambre des pairs et la sélection des élites par la voie du concours.

Sacré candaule, ce Villiers !

Je retrouve dans mes archives des articles de 2011 qui racontaient comment Philippe de Villiers avait limogé Christophe Bentz, président du mouvement de jeunesse de son parti, le MPF (Mouvement pour la France). Le crime de ce jeune homme de vingt-trois ans était d’avoir publié un livre intitulé “Décrypter l’antiracisme en une heure”, où il avait osé “parler de races pour rétablir la liberté d’expression”. Villiers ne l’avait pas supporté, glapissant une de ces formules creuses et ciselées pour lesquelles il était orfèvre : “La France est une civilisation, pas une race”.

Comme tout ce qui est clinquant, la phrase pouvait faire illusion, mais elle était aussi vicieuse que spécieuse. La France n’est pas une civilisation, mais une nation qui appartient à la civilisation occidentale aux côtés d’autres nations. Et si la France n’est pas UNE race, elle est D’UNE race : de la race caucasoïde : “Nous sommes quand même avant tout un peuple de race blanche”, dixit de Gaulle.

Villiers s’est surpassé en 2018. Chaque année, pour célébrer la libération d’Orléans par Jeanne d’Arc en mai 1429, la ville organise une fête en l’honneur de la sainte héroïne et sélectionne la jeune fille qui soit la mieux à même de représenter celle-ci pendant la cérémonie. La moindre des choses est que ladite jeune fille soit à l’image du personnage historique dont elle joue le rôle, donc une Française de sang. La Pucelle d’Orléans avait donné sa vie pour bouter les étrangers hors de France : ces maudits Anglais, il faut le souligner, étaient pourtant de la même religion, un siècle avant la réforme, et de la même race qu’elle. Si le rôle de Jeanne ne doit pas être attribué à une étrangère ou à une immigrée, il ne doit pas l’être, à plus forte raison, à une non-catholique ou à une non-caucasoïde. Il en avait heureusement toujours été ainsi auparavant ; à vrai dire, il paraissait inconcevable qu’il en fût autrement.

Mais, en 2018, pour la première fois, on a désigné une immigrée, une certaine Mathilde Gamassou, de surcroît semi-congoïde, de père béninois et de mère polonaise… qui ne savait pas très bien au demeurant pourquoi diable on avait voulu faire du tort aux Anglais à l’époque. Provocation cosmopolite avérée.

En 2016, Macron s’était rendu à la fête de Jeanne à Orléans et avait déclaré: “Il ne faut pas laisser Jeanne d’Arc au Front national.” Ainsi, le choix de Gamassou ne devait rien au hasard. L’opération de subversion avait été montée par l’adjointe à la culture du maire d’Orléans, elle-même immigrée béninoise et adhérente du parti macronien. On avait voulu faire d’une immigrée, d’une non-blanche, le symbole de la France française… Effroyable imposture !

Philippe de Villiers se voulait le champion de Jeanne au XXIe siècle. Il avait signé (je ne dis pas “écrit”…) un livre sur elle, il avait fait racheter l’anneau de Jeanne par le Puy du fou… Il lui revenait donc, au premier chef, de dénoncer la scandaleuse mascarade de la Jeanne d’Arc congoïde. A l’inverse, il a applaudi des deux mains à ce choix contre-nature, révélant ainsi son inconséquence, sa médiocrité et sa duplicité. Le fou du Puy est l’archétype du candaule, c’est-à-dire de l’homme classé à droite qui se soumet par lâcheté au cosmopolitiquement correct. En un temps où la France et l’Occident font l’objet d’une invasion raciale, péril mortel auquel nous avons le devoir de faire face, Villiers a commis l’infamie de proclamer son antiracisme en interdisant de parler de race et en trouvant excellent que le plus beau personnage de l’histoire de France soit incarné par une immigrée congoïde.

L’année suivante, en 2019, l’agité du bocage a démontré à nouveau sa bassesse en léchant les babouches de Zemmour, qui avait été poursuivi pour injures envers les musulmans. Villiers s’est exclamé, sans craindre le ridicule : “Si Zemmour va en prison, je réclame l’honneur d’occuper la cellule voisine” (sic). Bien entendu, cet imposteur de Zemmour, immigré juif algérien qui n’avait pas une goutte de sang français et qui vendait du patriotisme comme il aurait vendu des bretelles, n’avait jamais couru le moindre risque d’être incarcéré et les petites condamnations à de petites amendes qu’il avait parfois obtenues lui avaient fait de la publicité en lui permettant de tromper encore mieux les braves Français qui avaient pris ce chouchou des media pour une victime. Villiers, n’étant pas assez sot ni assez naïf pour être dupe, a voulu faire publiquement acte de soumission à la coterie juive (CRIF).

On se souvient qu’en 2017 Villiers s’était employé à faire battre François Fillon pour faire élire Emmanuel Macron, fondé de pouvoirs de l’oligarchie cosmopolite. Villiers est un scélérat prêt à sacrifier l’intérêt national par opportunisme, un pharisien qui crie son amour de la patrie tout en agissant contre elle.

Pour être juste, j’ajouterai que la scélératesse de Philippe de Villiers n’ôte rien à son talent de metteur en scène et à la qualité de ses spectacles. La “cinéscénie” du Puy du Fou est une merveille qui fait honneur aux traditions nationales. On peut admirer l’artiste en méprisant le politicien.

P.-S. : on devrait juger les gens sur leur mine. Regardez la photo de Philippe de Villiers en majesté sur la couverture du “Figaro-Magazine” du 5 juin 2020 : il a le visage d’un traître. Il porte le masque du fourbe Scapin, ce valet de comédie. A l’occasion de la sortie de son nouveau livre, “Les Gaulois réfractaires demandent des comptes au Nouveau Monde”, il entonne à nouveau un péan à la gloire de la France, comme il sait si bien le faire. Mais dans quel but ? Notez que c’est au “Nouveau Monde” que Scapin-Villiers demande des comptes et non au personnage qu’il a contribué à porter à la tête de l’Etat en 2017, Emmanuel Macron.

Entre histrions, le courant passe. Villiers ne tarit pas d’éloges sur Macron, dont il se dit proche. Macron, selon Villiers, est, tenez-vous bien, “le premier visiteur politique qui ait compris la mystique portée par le Puy du fou, sa dimension spirituelle. Il y a donc chez lui une sensibilité potentielle à l’Ancien Monde que nous incarnons.” (sic) Ce sommet de flagornerie d’un valet à son maître ne peut que soulever le cœur des honnêtes gens, et l’on en voit bien la fonction, qui est de tromper les Français au bénéfice de l’hôte de l’Élysée. Dans sa dénonciation du “Nouveau Monde”, Villiers exonère Macron de ses méfaits en les mettant sur le compte de ses devanciers ou du système politique en général. C’est trop clair : Villiers entreprend de rabattre les électeurs de droite vers Macron en leur donnant bonne conscience de voter pour cet homme de gauche, pour ce fondé de pouvoirs de l’oligarchie cosmopolite. La trahison est ici à son zénith.

Quand on aime la France, on déteste Macron, ou du moins ce qu’il représente. Scapin-Villiers, qui ne déteste pas Macron, bien au contraire, ne saurait donc aimer la France, pas plus que celui dont il cire les bottes et dont il sert les intérêts. Il fait semblant. Villiers a le visage d’un traître ; il a l’âme d’un traître ; c’est un traître.

Un nationaliste français ne peut être ni judéophile ni sioniste

Dans un article intéressant, mais extrêmement contestable en raison de sa partialité judéo-centrique, article qui n’engage que lui-même, et en aucune façon le PNL, Grégoire Canlorbe s’efforce de nous montrer pourquoi “le nationalisme français devrait embrasser la judéophilie et le sionisme” (article en anglais publié sur son site le 3 avril 2019). Ce point de vue, aussi personnel que provocateur, ne saurait être retenu sérieusement, tant la formule est absurde.

1. En effet, un nationaliste défend sa propre nation, et non une nation étrangère. Un nationaliste français ne saurait donc “embrasser le sionisme”, c’est-à-dire le nationalisme israélien. Il ne pourrait le faire, à la rigueur, mais ce n’est sûrement pas l’opinion de Canlorbe, qu’en approuvant le projet sioniste de séparation des Juifs d’avec leur pays d’accueil, qui devrait les inciter à le quitter pour aller s’installer en Israël… En fait, pour un nationaliste français conséquent, un Français juif est un Français comme les autres, pourvu qu’il soit assimilé à la communauté nationale, Français juif et non Juif français, pourvu qu’il ne se considère pas comme membre d’une communauté particulière et qu’il rejette le Talmud, lequel tient les non-Juifs pour des bêtes (Canlorbe désinforme sur ce point), en même temps que la théorie raciste du peuple élu.

Juif ou non, il est permis à un Français d’avoir de la sympathie pour l’Etat d’Israël, c’est affaire d’opinion, mais la double allégeance est intolérable. Un Français ne doit jamais oublier qu’Israël est un Etat étranger.

Sans éprouver pour notre part une grande affection pour ce pays, nous avons quand même publié dans “La voix des Français” en janvier 2009 un article intitulé “L’exemple israélien” où, après avoir rappelé que les Juifs avaient volé la Palestine aux Arabes, nous avons salué notamment la manière dont les Israéliens luttaient contre le terrorisme, en concluant : “Le courage, l’énergie, la détermination et l’habileté dont font preuve les Juifs d’Israël face aux Arabes musulmans qui les entourent sont un exemple pour l’Europe chrétienne.” Au demeurant, la France peut s’inspirer de beaucoup de pays qui font une meilleure politique qu’elle (ce n’est pas difficile), comme la Pologne, la Hongrie, aujourd’hui l’Italie, sans oublier, à certains égards, la Russie ou les Etats-Unis. Nous n’avons aucune raison de nous focaliser sur Israël, petit Etat asiatique qui ne présente au fond pas grand intérêt.

Contrairement à ce qu’écrit Canlorbe, Israël n’appartient nullement à la civilisation occidentale, puisque c’est le judaïsme qui définit son ethnie et son identité, et que celui-ci est une religion orientale, isomorphe de l’islam. Culturellement, Israël appartient clairement à la civilisation orientale. La France a donc en réalité peu d’affinités avec ce pays. Il faut dire franchement que son sort ne nous soucie guère plus que celui de la Moldavie ou du Bhoutan… Quant aux lieux saints du christianisme, peu nous importe qu’ils soient sous la souveraineté israélienne ou sous une éventuelle souveraineté palestinienne.

2. Un nationaliste français ne saurait non plus être “judéophile”. Il ne peut être que francophile ! Cette amitié de principe s’étend à tous les vrais Français, y compris donc aux Français juifs, mais elle n’est en rien une “judéophilie” qui traduirait une dilection particulière pour les Juifs, comme si ceux-ci étaient d’une espèce supérieure ! Au contraire, les Juifs doivent faire un effort particulier pour s’assimiler à la communauté nationale, puisque le judaïsme actuel, qui est celui des pharisiens dont parle l’Evangile, est une religion orientale, nous l’avons dit, donc incompatible avec notre identité nationale.

Les arguties de Canlorbe sur l’Ancien Testament sont ridicules. Evidemment, la France chrétienne a vénéré les deux Testaments et il est donc arrivé à certains rois de France de s’identifier au roi David (bien à tort, à notre avis). Et alors ? Les mêmes rois de France mettaient les Juifs à l’écart de la société française, leur faisaient porter un signe distinctif (la rouelle), avant de finir par les expulser du royaume en 1394, en sorte qu’il n’y en avait quasiment plus en 1789 (quelques milliers en Alsace, annexée par Louis XIV bien après la loi d’expulsion, quelques centaines de marranes, Juifs faussement convertis, venus d’Espagne ou du Portugal, dans le Sud-Ouest, quelques centaines en Avignon, possession des papes jusqu’en 1791). Les Juifs, qui sont 600.000 en France aujourd’hui, sont donc des immigrés comme les autres.

Le fait que beaucoup d’entre eux aient occupé depuis la fin du XIXe siècle des positions éminentes dans la société, grâce à ce que Le Bon appelait leur “puissance d’association”, ne doit pas susciter l’admiration, mais plutôt l’inquiétude, car les coteries trop puissantes, comme celle qui s’est constituée autour du CRIF, sont un défi à la démocratie, tandis que la communautarisation des Juifs est contraire aux principes de la république et porte atteinte à l’unité de la nation.

Nous ne discuterons pas ici de la façon dont Canlorbe surestime grossièrement l’apport des Juifs à la civilisation. Mis à part le christianisme, religion fort peu sémitique malgré les apparences, comme Gustave Le Bon l’a souligné, les Juifs de l’Antiquité ne nous ont rien laissé. Et, jusqu’au XIXe siècle, les Juifs n’ont joué pour ainsi dire aucun rôle ni en France ni dans aucun pays au monde.

Les nationalistes français ne doivent être ni judéophiles ni judéophobes. Ils doivent être judéo-critiques et rejeter, en conséquence, la religion de la Choah, laquelle, instituée religion officielle de l’Etat cosmopolite, porte atteinte à la laïcité républicaine.

Henry de Lesquen

président du PNL

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